Al-Ahram H
ebdo : Le FMI a longtemps soutenu la conférence économique. Que pensez-vous de ses résultats ?
Christopher Jarvis : La conférence économique a réalisé un succès inattendu. Le nombre des participants, la valeur des transactions conclues et les nouveaux investissements annoncés en sont une bonne preuve. Tout cela transmet un message de confiance dans le futur de l’économie du pays. Ces fonds interviennent à un moment important pour l’Egypte. Ils permettront au gouvernement de poursuivre le processus de réforme. Mais le gouvernement doit commencer à oeuvrer. Il doit utiliser ces sommes pour relancer l’économie et la croissance. Sinon, il aura toujours besoin de dons.
— Le gouvernement égyptien a entrepris récemment quelques réformes économiques. Sont-elles suffisantes ?
— Le gouvernement égyptien a entrepris plusieurs étapes de réformes nécessaires. Entre autre : la réduction des subventions accordées à l’énergie, quelques restructurations du système fiscal et la libéralisation de la livre. Mais il doit poursuivre le parcours des réformes jusqu’à la fin. Il doit continuer la réduction des subventions accordées à l’énergie pour se procurer plus de ressources qui lui permettront de consacrer un budget plus important aux secteurs comme la santé et l’éducation. La souveraineté de la loi et la réalisation de la sécurité sont aussi des éléments primordiaux.
— Le gouvernement égyptien a annoncé à maintes reprises la réduction des subventions et la hausse des taxes pour aider les catégories les plus pauvres. Or, rien n’a été fait jusqu’à maintenant. Cela n’inquiète-t-il pas le FMI ?
— Ces réformes économiques doivent être accompagnées de mesures qui aident les classes pauvres et qui leur permettent de supporter la hausse du coût de vie qui en résulte. Le gouvernement doit consacrer une part des fonds qui résultent de ces mesures pour aider ces classes. Le FMI est certain que le gouvernement égyptien va entreprendre ces étapes au plus vite possible, car il est conscient de leur nécessité.
— Le gouvernement était obligé d’offrir certains privilèges aux investisseurs pour relancer le climat des affaires, ce qui ouvre la porte à certains actes de corruption … Une loi sur la lutte contre la corruption est-elle indispensable à vos yeux ?
— Améliorer le climat d’investissement est important et exige une transparence ainsi qu’une bonne gouvernance.
— Le gouvernement a décidé, un jour avant la conférence, d’unifier les taxes sur les revenus à 22,5 %. Que pensez-vous de cette mesure qui place riches et pauvres au même niveau d’imposition ?
— Nous savons que le gouvernement vise à encourager les investisseurs. Mais il doit oeuvrer à réaliser un équilibre entre les taxes imposées aux différentes catégories de la société, chacune selon ses capacités.
— Quelles sont les mesures que le gouvernement doit entreprendre pour améliorer le niveau de vie des citoyens ?
— Le gouvernement doit oeuvrer sur plusieurs plans afin de multiplier ses revenus. Premièrement, il doit améliorer le système financier. 10 % seulement des citoyens égyptiens possèdent des comptes bancaires. Un chiffre médiocre qui ne permet pas de fournir des liquidités suffisantes aux banques pour financer des projets. Faciliter l’octroi des terrains est un autre point important. Le gouvernement ne doit pas se contenter de promouvoir les chiffres au niveau macroéconomique sans créer de marché plus flexible pour les investisseurs. Le gouvernement doit choisir, en même temps, la nature des projets qui permettront une relance de l’économie. Il doit donner, par exemple, la priorité aux projets qui nécessitent une forte main-d’oeuvre, et non à ceux qui sont de gros consommateurs d’énergie.
— Le gouvernement a donné son feu vert, en janvier dernier, pour dévaluer la livre dans le but de nuire au marché noir. Mais contrôler l’inflation n’est-il pas un but plus important ?
— Créer un équilibre entre les deux objectifs est très important. Par contre, le gouvernement a choisi le bon moment pour prendre une telle décision. Le gouvernement, de même, vise à travers une telle décision, la multiplication des exportations, et c’est un objectif très important.
— Mais cela n’était-il pas le cas à chaque fois que le gouvernement décidait une dévaluation de la L.E. ?
— Objection. Les exportations ont enregistré une véritable hausse quand le gouvernement a décidé une dévaluation de la L.E. en 2003.
— Est-ce que vous encouragez le gouvernement à entreprendre une autre dévaluation ?
— Le système, lui-même, est plus important que les dévaluations. Il doit être plus flexible en général.
— Y a-t-il des négociations avec le gouvernement à propos du crédit du FMI ?
— Non, le gouvernement n’a pas, jusqu’à maintenant, traité un tel sujet. Mais, nous sommes prêts à fournir à l’Egypte un crédit dans le but d’améliorer la vie des Egyptiens.
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