Gaza,
De notre envoyé spécial —
Al-Ahram Hebdo : Que pense le Hamas de l’obtention du statut d’Etat observateur non membre à l’Onu ?
Sami Abou-Zouhri : Bien que nous n’ayons pas été consultés avant que le président Mahmoud Abbas ne prenne cette initiative, nous sommes en faveur de toute avancée et toute réussite politique allant dans le sens de la cause palestinienne. Nous avons soutenu Abbas dans sa démarche à l’Onu et le chef du Hamas, Khaled Mechaal, l’a lui-même appelé pour lui manifester son soutien. Nous soutenons toute initiative prise par Abou-Mazen à condition qu’elle n’aille pas à l’encontre des droits nationaux palestiniens.
— Le Hamas a récemment déclaré qu’il acceptait un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Cela signifie-t-il que vous acceptez une solution à deux Etats et une résistance pacifique ?
— Cela ne signifie pas que la résistance a changé sa position, il s’agit seulement d’accepter l’avis de la majorité. Nous acceptons tout accord qui garantisse les droits historiques des Palestiniens, le droit au retour et la fin de l’occupation israélienne. C’est en fait ce que veut l’ensemble des Palestiniens.
Aujourd’hui, nous devons tirer profit du climat positif né de notre victoire à Gaza pour reprendre les efforts de réconciliation, en vue de parvenir à une unité entre Palestiniens.
— Justement qu’en est-il de la réconciliation interpalestinienne, notamment après le soutien que vous a apporté le président palestinien lors de la récente offensive israélienne contre Gaza ?
— En effet, cette offensive a permis de dissiper les différends et a créé un climat propice à la réconciliation interpalestinienne. Notre position à ce sujet est claire depuis l’accord du Caire de 2011. Nous avons toujours dit, et nous le répétons encore, que nous sommes prêts à la réconciliation. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du Fatah et de Mahmoud Abbas. Maintenant, ce qu’il faut faire, c’est mettre en place un gouvernement d’union nationale et organiser des élections.
— Le Hamas a considéré l’accord de cessez-le-feu conclu avec Israël après l’offensive contre Gaza comme une victoire. Quel genre de victoire est-ce selon vous ?
— C’est en effet une victoire particulière. Nos roquettes ont atteint le coeur de Tel-Aviv et plus de 5 millions d’Israéliens étaient cachés dans les abris. D’ailleurs, la preuve qu’Israël est inquiet est qu’il a rapidement accepté la trêve négociée grâce à l’Egypte. Une autre nouveauté est que le soutien de l’Egypte à la résistance palestinienne a désormais pris une nouvelle forme. Ce n’était pas le cas lors de l’ancien régime. Je peux vous affirmer que cette victoire est un prélude à la libération de la Palestine, et ce, avec des moyens modestes.
— Avec le Printemps arabe et la montée des islamistes, le Hamas se sent davantage en position de force. Cela a-t-il une influence sur votre alliance avec le Hezbollah et le Hamas ?
— Le soutien des pays arabes n’a pas vraiment changé, c’est la position de l’Egypte qui a évolué, notamment avec le récent rappel de l’ambassadeur égyptien en Israël. De même, nous jouissons désormais d’une véritable reconnaissance. Cela s’est vu avec les récentes visites de hauts responsables arabes à Gaza. Nous aspirons à un soutien arabe officiel encore plus clair, ce qui peut introduire un changement de taille dans la résistance. Cela dit, nous ne pouvons pas qualifier notre relation avec le Hezbollah et l’Iran comme étant une alliance. Même s’ils nous procurent des armes.
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