Le conseil de sécurité de l’Onu a adopté à l’unanimité une résolution, visant à asphyxier les groupes djihadistes comme le groupe de l'Etat Islamique (EI) et le Front Al-Nosra. Il rappelle aux Etats l’obligation de s’abstenir de toute transaction pétrolière directe ou indirecte avec l’EI et de geler les avoirs financiers du groupe. Le Conseil leur demande de signaler à l’Onu lorsqu’ils saisissent du pétrole brut ou raffiné, venu des zones tenues par les djihadistes en Syrie et en Iraq. Il étend à la Syrie l’interdiction de faire commerce de biens culturels volés, qui s’appliquait déjà à l’Iraq. Il recommande de mieux contrôler les mouvements des camions et avions dans les zones tenues par l’EI, susceptibles de transporter des marchandises volées (or, produits électroniques, cigarettes).
Or, même si la résolution était attendue depuis longtemps, son application resterait difficile. « La Turquie est le principal pays visé, mais il n’est pas le seul qui aide Daech, il y a aussi Qatar qui les aide, notamment dans le trafic de pétrole. Et plusieurs parties et pays profitent de ces trafics, les stopper sera difficile », explique D Mohamad Gomaa, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
L’initiative de l'Onu s’inscrit dans un contexte de pressions accrues sur les djihadistes, surtout après que plusieurs responsables américains avaient annoncé que l’organisation terroriste était la mieux financée au monde. Selon un rapport de l’Onu, datant de novembre 2014, les djihadistes gagneraient de 850 000 à 1,65 million de dollars par jour, en vendant du pétrole à des intermédiaires privés.
Mais certains experts estiment que ces revenus ont diminué de moitié à la suite des bombardements menés par la coalition et de la baisse du prix du brut sur les marchés. Cette résolution très technique, qui s’applique aussi à d’autres groupes extrémistes, comme le Front Al-Nosra, est placée sous le chapitre 7 de la Charte de l’Onu. Celui-ci prévoit la possibilité de sanctions pour les personnes. La résolution regroupe et détaille, en fait, toutes les mesures prises par le Conseil depuis que l’EI s’est emparé de larges parties de territoire en Syrie et en Iraq. Par ailleurs, un régime de sanctions (gel d’avoirs, embargo sur les armes notamment) s’applique depuis de nombreuses années aux organisations et individus affiliés de près ou de loin à Al-Qaëda. Le Conseil avait aussi adopté, en août 2014, une résolution visant à couper les fonds aux djihadistes en menaçant de sanctionner les pays qui leur achèteraient du pétrole. Mais aucun pays n’a été sanctionné jusqu’à maintenant. Il s’agissait également d’endiguer le flux de combattants étrangers, partis rejoindre l’EI en Iraq et en Syrie, et qui seraient désormais plus de 20 000. La nouvelle résolution va resserrer un peu l’étau et montrer la détermination du Conseil même si son impact à court terme est difficile à évaluer.
Délai de trois ans
Du côté des Etats-Unis, Barack Obama a demandé au Congrès américain d’avaliser la guerre contre le groupe EI en Iraq et en Syrie pour trois ans, tout en promettant que les Etats-Unis n’enverraient pas leurs soldats combattre dans une opération terrestre d’envergure. Le président américain a engagé une offensive politique pour convaincre des élus sceptiques de soutenir sa stratégie pour vaincre les djihadistes de l’EI. « Se débarrasser de ces terroristes va prendre du temps, surtout dans les zones urbaines. Mais notre coalition est à l’offensive. L’EI est sur la défensive et l’EI va perdre », a-t-il lancé. Barack Obama souhaite pouvoir engager les forces spéciales, mais il veut rassurer les Américains qu’aucune nouvelle intervention terrestre d’envergure au Moyen-Orient ne sera lancée, écartant ainsi le spectre d’une nouvelle guerre d’Iraq après celle qui a coûté la vie à près de 4 500 soldats américains entre 2003 et 2011 l
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