Les Qatari Markouic, Stojanouic et Saric célèbrent leur 2e place au Mondial. (Photo : Reuters)
Grâce à sa 2e place lors du Championnat du monde, le Qatar a inscrit son nom en lettres d’or dans le palmarès du handball mondial, en devenant la première équipe non-européenne à décrocher une telle place. Le meilleur exploit arabe était celui de l’Egypte et de la Tunisie qui avaient décroché la 4e place en 2001 et 2005 respectivement. L’équipe nationale qatari a réussi à franchir le cap des demi-finales, atteignant la finale. Mais cette ascension s’est arrêtée en finale, face à une équipe française qui a remporté le match 25-22, décrochant ainsi son 5e titre de championne du monde. Hôte de la compétition, le Qatar a fait parler de lui dès le premier tour. Placé dans le groupe A, le Qatar a remporté le match d’ouverture de la compétition contre le Brésil 28-23, poursuivant avec deux victoires contre le Chili et la Slovénie 27-20 et 31-29. Sa seule défaite lors du premier tour a été contre le tenant du titre, l’Espagne, 25-28. L’équipe du Qatar avait fini le premier tour en beauté avec une victoire contre la Biélorussie 26-22, lui garantissant une place au second tour en tant que deuxième du groupe, derrière l’Espagne. Aux 8es de finale, le Qatar avait battu l’Autriche, puis la sélection allemande 26-24. La demi-finale fut assez difficile pour l’équipe nationale qatari qui a dû se mesurer à la sélection polonaise, l’une des plus puissantes équipes dans la compétition. Mais les Qataris, à la hauteur de leur mission, ont remporté la rencontre 31-29 dans un match dont l’arbitrage a été fortement critiqué par les Polonais, qui ont applaudi ironiquement les arbitres après leur défaite. Cette victoire a ainsi permis à cette petite nation du Golfe d’être la première équipe non-européenne à accéder à la finale d’un Mondial de handball. Une question persiste : comment le Qatar a-t-il réussi un tel exploit ?
De sévères critiques
La réponse est toute simple et elle passe par la naturalisation des membres de son équipe. En effet, le Qatar a déjà par le passé utilisé de ce stratagème, notamment en athlétisme et en haltérophilie. Ces athlètes ont réussi à mettre le Qatar sur le devant de la scène sportive mondiale, à l’image du Kenyan Stephen Cherono, spécialiste du 3000 m steeple, devenu Qatari. Cette fois-ci c’est en handball. Sur les 16 joueurs qui forment l’effectif du Qatar, seulement 5 sont d’origine qatari, à savoir Kamalaldin Mallash, Abdulla Al-Karbi, Hamad Madadi, Hadi Hamdoon et Ameen Zakkar. Les onze autres viennent des quatre coins du monde (Bosnie, Monténégro, Egypte, Tunisie, Espagne, Cuba, Iran, Syrie et France). Le gardien Danijel Saric, d’origine bosniaque, est parmi les meilleurs gardiens du monde, et Goran Stojanovic est un ex-Monténégrin. Ces joueurs ont profité du règlement de la Fédération internationale de handball qui permet à n’importe quel joueur de changer de sélection, s’il reste trois ans sans porter le maillot de son pays d’origine. Ces stars recrutées aux 4 coins du monde ont été dirigées par le célèbre sélectionneur espagnol Valero Rivera, qui a remporté le championnat du monde en 2013 avec l’Espagne. Le sujet de la naturalisation fait débat dans le monde du sport. Certains pensent que le Qatar achète le succès, tandis que d’autres estiment que ce pays a le droit de naturaliser les joueurs, puisque le règlement n’interdit pas la naturalisation. « Je ne suis pas admiratif du Qatar, car ce n’est pas l’image d’une équipe nationale. C’est une équipe assez bizarre », explique Claude Onesta, directeur technique de la sélection française. « Ce n’est pas leur problème, c’est le problème du règlement de la Fédération internationale, et ils ont profité de la souplesse de ce règlement », ajoute-t-il. Quant à Hassan Moustapha, président de la Fédération internationale de handball, il a expliqué que c’est l’assemblée de la Fédération internationale qui décide de son règlement et qui possède aussi le droit de les annuler. « A mon avis, le Qatar n’a commis aucune faute. Il a utilisé le règlement, et l’équipe a le droit de prendre toutes les mesures pour fortifier son effectif », déclare Hassan Moustapha. « Je comprends qu’une équipe naturalise un joueur, mais dix joueurs, c’est vraiment bizarre. Mais je répète: ce n’est pas leur faute, c’est la faute de la Fédération internationale », indique Onesta. En revanche, le directeur du comité organisateur de la compétition, Gowaan Bin Hamad, a défendu son pays en indiquant que 4 joueurs seulement avaient été naturalisés avant le Mondial, alors que les autres joueurs ont la nationalité qatari depuis leur adolescence.
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