Israël est dans tous ses états après la décision de l’Autorité palestinienne de demander l’adhésion à la Cour Pénale Internationale (CPI). Le procureur de la CPI a ordonné, cette semaine, l’ouverture d’un examen préliminaire, étape préalable à une enquête, sur des crimes de guerre présumés en Palestine. L’examen préliminaire sert à déterminer s’il existe une « base raisonnable » pour ouvrir une enquête. L’adhésion de la Palestine à la CPI autorisera les Palestiniens à y demander des comptes aux dirigeants israéliens pour des opérations militaires futures à Gaza ou pour l’occupation par Israël de la Cisjordanie, notamment. Le procureur pourra ainsi ouvrir des enquêtes dès le 1er avril prochain. En même temps que sa demande d’adhésion, l’Autorité palestinienne avait envoyé à la Cour un document autorisant le procureur à enquêter sur des crimes présumés commis dans les territoires palestiniens occupés depuis le 13 juin 2014.
En réaction, Israël a suspendu le versement d’une centaine de millions d’euros de taxes collectées pour le compte de l’Autorité palestinienne. Cette somme équivaut à environ 60 % des salaires des 160 000 fonctionnaires et policiers palestiniens. En bloquant ces fonds, le gouvernement israélien veut ainsi punir l’Autorité palestinienne pour son adhésion à la CPI. Celle-ci ne pourra plus payer ses employés si la situation continue, d’où le risque d’un effondrement de l’Autorité palestinienne. Mais ce risque est-il réel ? A plusieurs reprises par le passé, notamment en 2006, 2011 et 2012, Israël avait suspendu le versement de ces taxes à l’Autorité palestinienne, mais était revenu sur sa décision quelques mois après. La raison en est qu’un éventuel effondrement de l’Autorité palestinienne n’est pas dans l’intérêt d’Israël. En effet, la fin de l’Autorité palestinienne signifierait la prolifération de groupes extrémistes armés dans les territoires palestiniens et donc le chaos. Une telle situation aurait de graves conséquences sur le plan sécuritaire. Car Israël serait amené alors à gérer lui-même la Cisjordanie, un véritable casse-tête. La présence de l’EI en Syrie et en Iraq est déjà un sujet de préoccupation majeur pour les Israéliens. Dans de telles conditions, Tel-Aviv préfère maintenir le statu quo actuel. Mais ce n’est pas tout. Le gouvernement israélien coopère avec l’Autorité palestinienne dans certains domaines, notamment celui de la sécurité. D’où l’importance pour les Israéliens que l’Autorité palestinienne reste en place et ne s’effondre pas. Comme le souligne un responsable palestinien : « Israël serait stupide s’il provoquait l’effondrement de l’Autorité palestinienne ». Les fonds suspendus par Tel-Aviv devraient donc revenir sous peu aux Palestiniens.
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