L’egypte a condamné avec vigueur l’attentat terroriste contre l’hebdomadaire satirique français
Charlie Hebdo qui a fait 12 morts, dont 4 dessinateurs. Dans un entretien téléphonique avec son homologue français, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a affirmé le soutien de l’Egypte à la France face au terrorisme qui nécessite «
un effort international conjoint pour l’éradiquer ». L’institution sunnite d’Al-Azhar a aussi condamné une «
attaque criminelle », soulignant que l’islam «
s’oppose à l’usage de la violence ». Plusieurs partis politiques ont également condamné l’attentat et rejeté le «
terrorisme commis au nom de la défense de l’islam ».
Le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a participé à la marche républicaine organisée par les autorités françaises, dimanche, à Paris, qui a regroupé des leaders du monde entier. Parallèlement, des journalistes égyptiens se sont rassemblés également dimanche devant leur syndicat, hissant les stylos et les caméras, outils par lesquels on défend les idées. Dans un communiqué, le syndicat a présenté ses condoléances aux familles des journalistes assassinés de Charlie Hebdo. « Les auteurs de ce crime atroce n’appartiennent à aucune religion, encore moins à l’islam, cette religion qui prône la tolérance », affirme le communiqué.
Deux hommes armés avaient pris d’assaut, mercredi, les locaux de l’hebdomadaire Charlie Hebdo et ouvert le feu en pleine réunion de rédaction, tuant 12 journalistes. Les deux assaillants ont été tués avec un autre complice, suite à une course poursuite et deux prises d’otages, ayant fait en tout 4 morts.
L’hebdomadaire Charlie Hebdo avait été critiqué en France pour sa provocation et son « islamophobie ». Il avait à plusieurs reprises publié des caricatures controversées du prophète Mohamad, soulevant la colère des musulmans comme en 2006, avec la publication, au Danemark, de caricatures sur le prophète qui avaient enflammé le monde musulman. L’attentat de Charlie Hebdo relance le débat en Egypte sur les limites de la liberté d’expression. L’écrivaine Farida Al-Naqqach regrette que les musulmans soient de très mauvais défenseurs de leur image. Elle trouve aussi que cette attaque peut être plus nuisible à l’islam que les caricatures du prophète publiées par le journal. « Ce sont les musulmans résidant en Occident qui payeront la facture de cet acte criminel irresponsable. La meilleure réponse à la provocation et à l’islamophobie était de répandre une image positive de l’islam. Mais ce genre de réactions violentes est exactement ce que recherchent les détracteurs de l’islam à savoir, pousser les musulmans à l’extrémisme et à commettre des actes irresponsables », affirme Al-Naqqach. Elle propose aux jeunes d’adopter et de multiplier les initiatives visant à faire connaître le visage tolérant de l’islam, à travers la production de films et de pièces de théâtre sur les enseignements du prophète.
Position partagée par Karem Mahmoud, secrétaire général du syndicat des Journalistes. « Le syndicat ne défend ni l’outrage au prophète ni les atteintes à la religion, mais rejette la violence et appelle à une liberté d’expression responsable », dit-il. Et d’ajouter: « Il faut confronter les idées par les idées, accepter les divergences et ne pas s’enfermer dans une autarcie culturelle. Insulter le prophète Mohamad est une ligne rouge qu’aucun musulman n’admet. Mais aussi s’engager dans des violences insensées, c’est souiller encore plus son héritage », trouve Mahmoud. La philosophie de Charlie Hebdo est basée sur le fait qu’il n’y a pas de chose sacrée et que tout peut être critiqué. Mais pour Mohamad Abdel-Qoddous, membre du conseil du syndicat des Journalistes, de tendance islamiste, même si la liberté est un principe fondamental de l’islam, elle n’a jamais été sans plafond. Selon lui, c’est l’absence en Occident de limites entre liberté d’expression et anarchie intellectuelle qui est à l’origine de ces crises répétitives. « Nous condamnons cette attaque mais en même temps nous rejetons les insultes faites au prophète Mohamad. L’incitation à la haine raciale ou au dénigrement ne sont ni de l’expression de la liberté ni de la démocratie. La liberté a toujours eu une limite et elle est conditionnée par le recours à la raison et le respect des doctrines religieuses. Et là, il ne s’agit pas d’une méprise de la liberté d’expression mais d’un appel au respect de l’autre », affirme Abdel-Qoddous. Il réclame que l’atteinte aux religions soit incriminée. « Il faut établir des dispositions constitutionnelles et institutionnelles garantissant la sécurité et la liberté d’expression ainsi que le respect mutuel entre les peuples », conclut-il.
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