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Hicham Zaazoue : Les perspectives seront prometteuses, si  ...

Dalia Farouq, Mardi, 13 janvier 2015

Hicham Zaazoue, ministre du Tourisme, parie sur un redressement progressif du secteur. Il compte notamment sur la Russie, les pays arabes et le tourisme interne en parallèle avec un développement de la Côte-Nord.

Hicham Zaazoue
Hicham Zaazoue, ministre du Tourisme.

Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les perspectives pour le tourisme égyptien en 2015 ?

Hicham Zaazoue: Les perspectives sont prometteuses à condition que tout aille bien en Egypte, notamment les législatives. Il faut gagner plus de stabilité et de sécurité. On mise sur environ 12 millions de touristes cette année. Nos bureaux de promotion touristique à l’étranger assurent que l’image de l’Egypte a beaucoup changé au cours des derniers mois. Les recettes positives de la seconde moitié de l’année 2014 témoignent aussi d’un certain rétablissement du secteur. Mais je ne veux pas être trop optimiste, parce qu’on peut être confronté à des obstacles inattendus.

— Quels seront vos outils de promotion pour 2015 ?

— On vient de lancer une nouvelle campagne de promotion « Vivre dans la magie » et qui a eu de bons échos lors de sa diffusion en Europe. Une autre campagne visant le marché arabe s’intitule « L’Egypte est proche ». On subventionne aussi des vols charter pour les destinations qui souffrent d’un déficit ou entreprendre des campagnes de co-marketing avec les grands tour-opérateurs de par le monde.

— Quel est le bilan de 2014 ?

— C’était une année dure. Elle a bien commencé, mais au mois de février, l’attentat terroriste de Taba a inversé la tendance. Deux jours plus tard, l’Allemagne, suivie de presque une vingtaine de pays, a lancé des avertissements à leurs ressortissants concernant les voyages en mer Rouge et dans le Sud-Sinaï. On est donc retombé dans un cercle vicieux. Ce n’est qu’en juin que ces pays ont commencé à revoir leurs avertissements. Depuis septembre, les réservations ont augmenté. On a aussi travaillé pour promouvoir le tourisme des pays arabes, notamment ceux du Golfe, ce qui a été très fructueux, puisqu’on a obtenu des taux de croissance de 300% sur quelques marchés arabes. On a terminé l’année avec des recettes qui ne sont pas trop mauvaises: environ 11 millions de touristes.

— L’acte terroriste qui a eu lieu en France aura-t-il des répercussions sur le tourisme en Egypte ?

— Bien sûr, cet attentat aura des répercussions sur le mouvement touristique non seulement en Egypte, mais aussi dans toute la région. L’islamophobie pourrait bien pousser certains touristes à éviter les pays à majorité musulmane. En février prochain doit se tenir à Louqsor la réunion annuelle du syndicat des Agences de voyages françaises qui regroupe les plus grands tour-opérateurs français. On attendait cette occasion pour pousser le tourisme en provenance de l’Hexagone, qui était parmi les cinq premiers marchés pour l’Egypte. Mais les arrivées touristiques françaises ont chuté de plus de 60 % au cours des dernières années. On ne sait pas jusqu’à présent quel sera le sort de cette réunion.

— La chute du rouble a-t-elle aussi un impact sur le secteur ?

— Certainement. La chute du rouble a déjà affecté le mouvement du tourisme venant de Russie, qui a déjà chuté de 20 à 30%. Il y a plus de 18 millions de touristes qui sortent chaque année de Russie, et l’Egypte est la première destination pour les Russes. On cherche des solutions pour maintenir les arrivées touristiques ce marché.

— Les relations avec les Turcs et les Iraniens sont toujours particulièrement sensibles...

— Parlant tourisme, et pas politique, on n’a pas de problème dans nos relations avec la Turquie. On reçoit des touristes turcs, leurs avions atterrissent dans tous nos aéroports.

Quant au marché iranien, c’est autre chose, parce que c’est une affaire de sécurité nationale. Alors que le terrorisme s’accroît dans le monde, il faut être prudent. C’est l’intérêt suprême du pays qui compte.

— Comment évaluez-vous les programmes et les services touristiques présentés en Egypte à l’heure actuelle ?

— Je ne suis pas satisfait du niveau des services présentés en Egypte. Mais on doit prendre en considération que c’est un secteur en détérioration depuis presque quatre ans, il est surchargé de dettes alors qu’il est obligé en même temps de réduire ses prix pour attirer plus de touristes. On essaie de mettre en place des alternatives pour le financement des infrastructures touristiques, comme la coopération actuelle avec l’organisation allemande GIZ pour la conversion des hôtels de la mer Rouge en des énergies propres et renouvelables. On continue aussi le programme de formation des cadres touristiques en coopération avec l’Union des chambres de tourisme.

— Les prix très bas des séjours en Egypte affectent les recettes. Comment peut-on revenir à des prix convenables ?

— C’est vrai que les prix des offres touristiques en Egypte sont très bas en comparaison avec les services présentés et les atouts des sites touristiques. Mais le tourisme est en fin de compte un business qui est soumis à la loi de l’offre et de la demande. Et tant que la demande n’est pas encore revenue à son cours naturel, on ne pourra pas demander aux professionnels du tourisme de rehausser leurs prix. L’Egypte est aussi en concurrence avec la Turquie, l’Espagne et le Maroc.

— Le tourisme interne a été longtemps négligé. Quels sont vos plans concernant son développement ?

— On accorde désormais beaucoup d’intérêt au tourisme interne qui aide à soulager le secteur. On a lancé l’année dernière la première phase de l’initiative « L’Egypte dans nos coeurs » qui est un bon projet permettant aux Egyptiens de voyager en profitant d’offres spéciales. Ces voyages sont subventionnés par le ministère du Tourisme. Cette année, on a lancé la seconde phase qui a commencé au mois de décembre dernier et qui continuera jusqu’en avril. On a augmenté la subvention du ministère pour atteindre 10 millions de L.E. au lieu des 5 millions de la première phase. Vu le succès de la première initiative, on a lancé des programmes touristiques en train ou en bus pour atténuer les prix, afin qu’ils soient accessibles à une large catégorie de citoyens. En outre, on a lancé des programmes de promenade d’une seule journée, afin d’encourager les Egyptiens à mieux connaître leur pays et ses trésors, et d’instaurer une culture du voyage.

— Qu’en est-il des perspectives des investissements touristiques ?

— L’investissement touristique est aussi prometteur que fructueux. On travaille actuellement avec le ministère du Logement et l’Organisme du développement touristique pour achever le dossier des perspectives sur l’investissement touristique en Egypte, qui sera présenté lors de la conférence économique prévue en mars prochain. Le projet le plus important de ce dossier reste le développement de la Côte-Nord, qui est encore une région autant vierge qu’attirante en matière d’investissements touristiques. Elle se caractérise par sa situation à 230 kilomètres du Caire, à 120 kilomètres d’Alexandrie et à 250 kilomètres du désert occidental environ. Elle se trouve à proximité des quatre aéroports, ce qui signifie une grande facilité d’accès. Un seul projet pilote dans la région pourrait en attirer beaucoup d’autres. On entend augmenter la capacité hôtelière de cette région de 7000 chambres à plus de 15000.

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