« Nous organiserons des élections en 2015, car nous ne laisserons pas notre démocratie être prise en otage par la violence. Un budget a été adopté et nous appelons tous les partis à participer », a déclaré, dimanche dernier, le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Atenye. Le président Salva Kiir est «
déterminé à ce que ces élections soient transparentes », a-t-il ajouté. Selon un communiqué publié par le gouvernement, ces scrutins se tiendront entre le 1er mai et juillet 2015. Selon ce même texte, le président Kiir serait en train de «
mettre en place une amnistie pour les personnes qui ont commis des crimes contre le gouvernement du Soudan du Sud ».
Serait-il possible de tenir ces « processus démocratiques » dans une atmosphère de violence et de conflit ? « Très difficile », selon Ayman Shabana, professeur à l’institut des études africaines de l’Université du Caire. « La guerre civile meurtrière au Soudan du Sud ne montre aucun signe d’apaisement et le pays continue de s’enfoncer dans la violence », explique-t-il.
Indépendant depuis le 9 juillet 2011, après des décennies de conflits destructeurs et meurtriers contre le régime de Khartoum, le Soudan du Sud a replongé le 15 décembre 2013 dans la guerre. Le conflit oppose les troupes fidèles au président Salva Kiir, élu peu de temps avant l’accès à l’indépendance, et la rébellion dirigée par son ancien vice-président Riek Machar. Un conflit qui a été émaillé de massacres ethniques et qui laisse le plus jeune Etat du monde en proie à la guerre civile. Au moins 50000 personnes ont péri dans ce conflit, selon l’International Crisis Group (ICG), alors qu’aucun bilan officiel n’est disponible. De son côté, l’Onu fait état de près de deux millions de personnes chassées de chez elles, par la violence et de six millions (soit la moitié des habitants) en besoin d’aide humanitaire. Pour de nombreux observateurs, le pays est désormais dans une situation pire qu’à l’issue du conflit contre Khartoum. « Douze mois après le déclenchement de cette guerre, il est difficile de concevoir que le pire pourrait encore être à venir », s’alarme le prêtre sud-soudanais et militant pour la paix James Ninrew.
Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a souligné que le fondement même de la lutte d’indépendance, menée par le pays, un nouveau départ supposé être basé sur la tolérance, la bonne gouvernance, la responsabilité et l’unité, « disparaît devant nos yeux ». « Les dirigeants du Soudan du Sud ont laissé leurs ambitions personnelles mettre en péril l’avenir de toute une nation », a-t-il accusé la semaine dernière. Les menaces de sanctions internationales contre les responsables sud-soudanais sont, pour l’heure, restées sans effet et rares sont ceux qui envisagent la paix à court terme.
Aucun des cessez-le-feu signés n’a été respecté et Skye Wheeler, de Human Rights Watch, relève une « absence totale de volonté politique » pour mettre fin aux combats ou juger les responsables des atrocités, imputables aux deux camps.
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