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Karnak  : Des cultes divers

Doaa Elhami, Lundi, 05 janvier 2015

Des vestiges coptes dans l'Allée des béliers du temple de Karnak (Louqsor) témoignent de l'importance religieuse du site.

Karnak  : Des cultes divers

Quatre vestiges chrétiens sont révélés sur l’Allée des béliers qui relie le temple de Louqsor à celui du Karnak et dont la longueur atteint les 3 km. Une église annexée de deux pressoirs, un nilomètre et un « laqqane » (bassin de baptême). Datés des Ve et VIe siècles, ces débris témoignent de l’utilisation du site pharaonique, après la XXXe dynastie, qui marque la fin de l’ère pharaonique. « La fonction de l’Allée des béliers, qui témoignait des festivités populaires dans l’Egypte Ancienne, est devenue, avec l’expansion du christianisme, un chantier fertile de l’architecture de la nouvelle religion. Il faut prendre en considération que les Ve et VIe siècles sont considérés comme l’âge d’or de la construction des églises et monastères à Louqsor en général », explique l’expert en archéologie copte et islamique Abdel-Gawad Al-Hagagui. Pour lui, les différents secteurs de cette Allée ont vu la construction de plusieurs églises et leurs annexes.

En effet, l’église trouvée dans le 2e secteur de l’Allée des béliers, a été bâtie à l’aide de colonnes surmontées de chapiteaux pharaoniques utilisés auparavant aussi dans la construction des temples gréco-romains dans les alentours. « Les chrétiens en ce temps préféraient utiliser les temples gréco-romains, puisque leurs dimensions étaient plus adéquates que les temples pharaoniques pour édifier les églises. C’est ce qui explique la présence de ces colonnes dans l’église dégagée », explique l’expert. Selon lui, ce n’est pas l’unique élément. Les façades sont aussi surmontées de corniches à l’instar de celles décorant les pylônes pharaoniques.

Cette église est annexée d’un pressoir. Ce dernier est composé de 2 pièces et d’un robinet, habilement fabriqué, pour fournir l’huile. Pour Al-Hagagui, les ermites et les autres membres du clergé s’en servaient afin d’obtenir de l’huile d’olive et de sésame.

Auprès de cette église et son annexe se trouve un nilomètre. Situé au 4e secteur de l’Allée des béliers, le nilomètre est en grès et de forme circulaire. Il comprend un escalier en spirale. Et bien qu’il comprenne des récipients en argile datés de la fin du Nouvel Empire, Al-Hagagui assure que ce nilomètre remonte plutôt à l’âge copte. « Il a été dégagé sur le même niveau du sol de l’église et du pressoir. Sa construction est également assez modeste par rapport aux nilomètres de l’Egypte Ancienne », souligne-t-il. D’ailleurs, l’installation des nilomètres pendant les Ve et VIe siècles était en vogue à tel point que les peintres des pays voisins représentaient l’Egypte par le Nil et le nilomètre. Quant à la quatrième trouvaille du culte chrétien, c’est le « laqqane », une sorte de bassin qui contenait de l’eau bénite et qui était utilisée trois fois seulement par an, lors du baptême, de la Pentecôte et du Jeudi Saint.

Monuments coptes découverts au sein d’un site renommé de l’Egypte Ancienne comme l’Allée des béliers, avec tout près, toujours dans le temple de Louqsor, se dressant la mosquée Aboul-Haggag Al-Oqsori ... De quoi démontrer les multiples facettes et la richesse de la civilisation égyptienne.

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