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La judaïsation forcée de la Palestine

Maha Salem, Lundi, 01 décembre 2014

Le gouvernement israélien a approuvé la semaine dernière un projet de loi qui renforce le caractère juif de l'Etat d'Israël. Cette loi, dénoncée par les Palestiniens ainsi que par le centre et la gauche israéliens, met en avant la judaïsation de l'Etat.

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Le gouvernement israélien vient d'approuver une loi qui renforce le caractère juif de l'Etat. (Photo : AFP)

La Knesset devrait examiner à partir de ce mercredi le projet de loi, déjà approuvé par le gouver­nement israélien, qui prévoit de ne plus définir Israël dans les lois fondamentales, qui font office de Constitution comme un Etat « juif et démocratique », mais comme « l’Etat national du peuple juif ». Ce projet fait polé­mique au sein de la classe poli­tique israélienne.

Certains pen­sent qu’il va mener à l’institu­tionnalisation d’une discrimina­tion envers la population arabe d’Israël et à l'affaiblissement du caractère démocratique de l’Etat. Les députés et les ministres du centre et de la gauche, menés par les ministres de la Justice, Tzipi Livni, et des Finances, Yair Lapid, ont vivement critiqué ce projet.

« Mettre en avant le caractère juif de l’Etat d’Israël aux dépens de son caractère démocratique remet en question les principes de la Déclaration d’indépendance qui affirmait que juif et démocratique sont des valeurs de la même impor­tance », a estimé Livni. Avis par­tagé par le procureur général Yehouda Weinstein, conseiller juridique du gouvernement, qui critique également ce projet, esti­mant qu’il affaiblira le caractère démocratique d’Israël. Quant aux députés de la minorité arabe israélienne, ils ont qualifié le projet de loi de raciste, notant que l’une des moutures du texte faisait de l’hébreu la seule langue officielle d’Israël, réduisant l’arabe à un « statut particu­lier ».

Ainsi, ces Arabes israé­liens, qui présentent plus de 20 % de la population, ont dénoncé une institutionnalisation de la discrimination. « Cette population se sent déjà traitée comme des citoyens de seconde zone à tous les niveaux de la société », explique Saïd Okacha, spécialiste des affaires israé­liennes au Centre des Etudes Politiques et Stratégique (CEPS) d’Al-Ahram. Pour le politolo­gue, ce projet de loi n’est qu’une tentative de tuer la solution à deux Etats. S’il est voté au Parlement, ajoute-t-il, ce texte mettrait fin au droit au retour des réfugiés palestiniens ayant fui leur terre depuis la création en 1948 de l’Etat d’Israël.

Mahmoud Abbas, dans son discours à la Ligue arabe, a énu­méré une série de projets de loi racistes qu’entend lancer Israël prochainement et qui visent à consacrer l’apartheid. Il en va ainsi d’une loi intitulée « La loi des routes stérilisées ». Cette loi devrait interdire aux Palestiniens d’emprunter certaines routes déterminées par la loi. En outre, « la loi d’allégeance à l’Etat juif d’Israël » qu’entend faire approuver le gouvernement exclura plus encore les membres arabes de la Knesset du proces­sus démocratique.

Cependant, même si les Arabes israéliens ont le droit de recourir à la justice pour demander l’an­nulation de ces lois, « les députés arabes y réfléchiront à deux fois avant d’entreprendre une telle démarche, car ils savent que leurs demandes seront igno­rées », explique Saïd Okacha.

Selon des analystes, Netanyahu cherche à mettre des obstacles à la reprise des négociations du processus de paix. Une fois cette loi ratifiée, les Palestiniens se trouveront obligés de reconnaître « l’Etat juif » pour rester à la table des négociations. Une exi­gence rejetée non seulement par la Palestine, mais aussi par le monde arabe.

« Suite au vote de cette loi, Israël pourra faire pré­valoir sa volonté de reprise du processus de paix en sachant que les Palestiniens refuseront de retourner à la table des négocia­tions », dit Okacha. Le gouver­nement israélien divisé autour de plusieurs autres projets de lois concernant le budget, la santé et la sécurité affecte la popularité de Netanyahu. La dissolution de la Knesset et la tenue d’élections anticipées pourraient se profiler à l’horizon.

De ce fait, le pre­mier ministre israélien s’ac­croche à son poste en satisfai­sant la droite ultranationaliste, notamment avec l’approche des élections de son parti en janvier prochain.

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