Mercredi, 19 février 2025
Al-Ahram Hebdo > L'invité >

Mohamad Qahtan : Ou on avance vers le dialogue national, ou vers des choix opposés.

Ahmad Eleiba, Mardi, 25 novembre 2014

Mohamad Qahtan, membre de la haute instance du Rassemblement Yéménite pour la Réforme (Frères musulmans), pense que la solution des cinq régions sera satisfaisante pour tout le monde.

Mohamad Qahtan,

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la situation actuelle au Yémen ?

Mohamad Qahtan: Le Yémen passe par des circonstances très difficiles et le pays est à un croisement de chemins qui sont tous dangereux. Il se trouve un seul chemin que nous avons pris: l’application de « l’initiative du Golfe » et le dernier accord, « l’accord de la paix et du partenariat national », pour avoir un espoir que le pays sorte de la situation actuelle hautement risquée.

— Mais ne pensez-vous pas que l’accord de la paix et le partenariat a ainsi dépassé l’initiative du Golfe ?

— Il l’a dépassée dans certains aspects et est resté dans son cadre dans d’autres. Par exemple, en ce qui concerne le remaniement du gouvernement, il a proposé une autre vision que celle de l’initiative du Golfe. Mais il a en même temps conservé le fait qu’il faut travailler pour achever la Constitution et la soumettre au référendum, pour tenir des élections, et maintenir la présidence, comme le réclame l’initiative du Golfe.

— Mais l’accord a, en même temps, permis la présence d’un nouvel acteur dans l’équation politique, soit les Houthis ?

On ne peut pas dire qu’il a permis sa présence, mais on peut dire qu’il a légitimé la présence des Houthis. Ils ont lancé l’assaut contre Sanaa, l’ont contrôlée et ont poursuivi leur avancée. Ainsi, l’accord a pris place sous les tirs des armes dans un état de fait accompli. Et jusqu’au moment avant la signature, la situation allait en faveur des Houthis.

— Et vous avez consenti à cette réalité sans résistance ?

— Nous sommes un parti politique civil. Nous étions prêts, en tant que partie du peuple, à soutenir le gouvernement dans n’importe quelle position, parce que quand les régimes et les gouvernements font face à une crise, c’est dans la nature des populations de les soutenir. C’était notre position et quand nous avons vu que le pouvoir a décidé de ne pas entrer en conflit, avec les Houthis, nous avons adopté la même position.

— Vous avez une expérience différente des Frères en Egypte et en Tunisie, mais les Houthis pensent que vous avez été touchés par la chute des Frères là-bas ?

— Il se peut qu’on ait une ressemblance limitée avec la situation des Frère musulmans en Tunisie. Mais en Egypte, la situation est complètement différente. Avant de nous proclamer comme parti de Tagammoe, pendant la période du travail secret vers la fin des années 1960, nous avions participé au premier conseil patriotique qui a été fondé dans la République arabe yéménite dans la région du nord. Aussi, nous avons participé au premier conseil élu. Nous étions impliqués dans la vie politique. Et depuis l’union patriotique, je pense que nous nous n’étions absents d’aucun conseil élu, que ce soit au niveau des localités ou au niveau des conseils dans leur totalité. Et même dans le sud, la première institution de l’organisation avait aussi de bonnes relations avec le président populaire Qahtan Al-Chabi; nous ne nous écartons pas de la société et nous ne prenons pas de position belligérante envers le gouvernement. Et quand le multipartisme a été adopté après la guerre de 1994 et l’affaiblissement du parti socialiste, et sa sortie à l’opposition, nous étions sortis du pouvoir avec les élections de 1997, et nous avons rejoint le bloc de l’opposition et fondé le Bloc commun. Pratiquement, nous sommes différents des Frères de l’Egypte, que ce soit dans la nature, le travail ou le chemin pris, non pas parce que nous sommes mieux, mais parce que l’environnement social yéménite est un environnement favorable, qui n’accepte pas l’extrémisme religieux en général. Il est difficile qu’un parti prétende sa distinction par l’islam et l’arabisme au Yémen.

— Le président précédent Ali Abdallah Saleh, et son parti actuel, sont maintenant partenaires dans le gouvernement aussi… A-t-il encore du pouvoir et de l’influence sur la scène politique ?

— Oui… Il conserve un pouvoir dans la Garde républicaine. En effet, à l’exception de son fils Ahmad et un ou deux des dirigeants, le reste des dirigeants qu’il avait nommés sont encore dans leur position, ceci s’est accompagné par le fait que le ministère de la Défense et le chef d’Etat-Major n’ont pas pu donner une bonne image de l’armée en tant qu’institution. Et ils sont restés lors de la période transitoire avec ces mêmes politiques, et c’était une erreur de laisser ceux qui étaient présents sous Ali Abdallah Saleh à leurs postes.

— Qu’en est-il de la situation du sud et l’appel à la séparation ?

— Quand la conférence du dialogue national a approuvé un nombre de mesures dans l’intérêt du pays, les attentats de la part des extrémistes dans le sud cherchant à enflammer la rue ont échoué. Mais quand les Houthis sont sortis de Sadaa et ont dominé Aden, ils ont donné un message négatif. Et maintenant Ali Abdallah Saleh a aussi envoyé des signes pareils laissant entendre que l’affaire du sud allait être reconsidérée. En fait, je pense que la solution de cinq régions est logique et a engendré un soulagement lors du dialogue national chez les habitants du sud. Et si les habitants du sud sentent qu’ils seront des partenaires principaux dans l’équation, tout le monde sera satisfait. En bref, ou bien on avance dans la direction du dialogue national, ou bien les choses se précipiteront vers des choix opposés.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique