Il semble que la communauté internationale a enfin réalisé que la politique du bâton ne fait qu’amplifier la détermination de Téhéran. Après de longs mois de menaces et de sanctions visantà freiner le programme nucléaire iranien, les grandes puissances ont opté pour la diplomatie. Les Occidentaux ont décidé cette semaine de reprendre « dès que possible » — au plus tard début 2013 — les discussions avec Téhéran. « Les 5+1 se sont engagés à avoir un nouveau cycle de discussions avec l’Iran dès que possible », a indiqué dans un communiqué un porteparole de la représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, à l’issue d’une réunion avec des hauts représentants des « 5+1 ». « Les contacts nécessaires seront pris avec l’Iran dans les prochains jours afin de trouver une solution diplomatique à la crise », a précisé Mme Ashton. Mais poursuivre les négociations sur la base de la même offre refusée par Téhéran il y a six mois ne fera pas avancer les pourparlers.
Aussi les Six ont-ils affirmé samedi qu’ils allaient améliorer leur offre. « La plupart des partiesvont se réunir, en réfléchissant sur ce qui est à offrir. Nous avons besoin de trouver un justemilieu. Je pense que tout le monde va venir avec l’esprit ouvert, je pense que le groupe 5+1 va proposer quelque chose de plus créatif », a affirmé un diplomate occidental, ajoutant qu’il faut tout faire pour ramener l’Iran à la table des négociations. L’Iran avait rejeté la proposition des Six en juin, car les puissances occidentales avaient refusé de lever les sanctions internationales qui pèsent sur la République islamique. Les efforts diplomatiques ont été par la suite suspendus, le temps de la campagne électorale américaine. Selon certains experts, les prochaines négociations auraient lieu à Istanbul et les six puissances réfléchiraient à un allégement des sanctions contre l’Iran, à condition que Téhéran accepte une série de concessions. « A un moment, il faudra mettre sur la table l’allégement des sanctions », explique Jon Wolfsthal, ancien conseiller du vice-président américain Joe Biden.
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont jusqu’à maintenant réagi de manière inverse et ont accentué les mesures punitives face à Téhéran, notamment contre ses exportations pétrolières. Suspendre le programme à 20 % Face à cette bonne volonté occidentale, le régime iranien s’est montré ouvert au dialogue,se félicitant de cette nouvelle approche occidentale. Samedi, le porte-parole de la commission des affaires étrangères du Parlement iranien, Hassan Naghavi-Hosseini, a déclaré que l’Iran était prêt à suspendre son programme d’enrichissement à 20 %. « C’est une bonne initiative de la part de l’Iran. Elle constitue également une épreuve pour les Occidentaux afin de leur montrer que nous souhaitons résoudre les problèmes », a précisé ce parlementaire. Parallèlement, l’ambassadeur iranien à Paris, Ali Ahani, a annoncé que Téhéran serait prêt à diminuer le niveau de l’enrichissement de son uranium en dessous de 5 % si l’Occident acceptait de « mettre fin aux sanctions contrel’Iran » et de « livrer les barres de combustible nécessaires au fonctionnement des réacteurs de recherche de Téhéran ». M. Ahani réaffirme les positions iraniennes concernant son programme nucléaire « civil », tout en rejetant les accusations de la communauté internationale selon lesquellesl’Iran tente de se doter d’armes nucléaires. « Il est désormais possible pour le groupe 5+1d’avancer sur les négociations avec Téhéran, s’il reconnaît les capacités nucléaires actuelles de Téhéran », a renchéri le diplomate iranien.
En dépit de ce rapprochement et de cette bonne volonté de part et d’autre, le scénario de négociations directes entre les Etats-Unis et l’Iran demeure lointain et personne ne peutimaginer la possibilité de pourparlers bilatéraux, affirment les experts suite aux rumeurs de prise de contact entre les deux pays ces derniers mois.
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