Al-Ahram Hebdo : Que faut-il faire des abords du Canal ? Et que pensez-vous des craintes qui pèsent sur ce sujet ?
Namira Negm : Je partage les craintes de certains analystes. Le gouvernement n’a toujours pas présenté d’arguments solides pour défendre ce projet. Le gouvernement doit respecter certaines priorités, surtout vis-à-vis des richesses stratégiques du pays. Quels que soient les bénéfices qu’apportera le projet, les menaces sont sérieuses. Le gouvernement pourrait mettre en place d’autres projets sans toucher au site stratégique du Canal. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que le gouvernement se précipite à mettre en place ce projet sans avoir fait d’étude de faisabilité et sans avoir étudié les aspects juridiques qui y sont liés.
— Mais le gouvernement élabore actuellement un plan d’exécution. Comment faut-il réagir ?
— Aucun détail important concernant ce plan n’a été dévoilé jusqu’à présent. Il s’agit seulement de discussions au niveau présidentiel et gouvernemental. Les experts indépendants sont hors du jeu. Pourtant, certains changements pourraient nous coûter cher. A titre d’exemple, le président Morsi avait promis au gouvernement qatari de régler toutes les difficultés qui entravent leurs travaux en Egypte, sans même être au courant de ces entraves et de leurs possibles répercussions sur l’économie égyptienne. C’est toujours comme ça : le gouvernement prend des engagements qui affaiblissent nos positions lors des négociations.
— Comment garantir la préservation de tous les droits du côté égyptien dans les contrats avec les investisseurs étrangers ?
— Un plan précis sur la distribution des terrains ainsi qu’une transparence totale dans leur allocation sont le seul moyen de faire les choses convenablement. Les investisseurs de toutes nationalités doivent être à égalité en ce qui concerne les terrains qui leur sont alloués. A titre de comparaison, les Etats-Unis sont intervenus pour suspendre certaines transactions de l’entreprise émiratie des ports de Dubaï de peur qu’elle ne contrôle plus de 50 % des ports des Etats-Unis.
De même, en ce qui concerne l’arbitrage international, le gouvernement égyptien doit s’assurer que tout arbitrage se fasse selon les lois égyptiennes. Il faut discuter profondément de la loi qui sera appliquée, des arbitres eux-mêmes et de tous les détails qui pourront surgir. Il faut également inclure des articles assurant la protection de la souveraineté égyptienne. Il ne faut pas se contenter d’obtenir de l’argent en échange de la location de terrains l
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