Cartes pour les étoiles ou chemins vers la mort.
Nous sommes à Hollywood, temple des stars, ville de la célébrité et des rêves où se télescopent les étoiles mais aussi presque tous les vices humains. D’un côté, on suit l’histoire de Benjie, qui est devenu star à 13 ans, et de son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach de célébrités. D’un autre côté, on suit sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice, et Agatha, cette jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et la bien-aimée du séduisant chauffeur de limousine, Jérôme Fontana, qui aspire lui aussi à la célébrité. Plusieurs caractères, donc, et plusieurs histoires où côtés humains et artificiels se mêlent cruellement pour donner à ce film son point caractéristique et sa rudesse tant conceptuelle qu’esthétique.
Peu aidé par un scénario moyen et sans grande spécificité artistique, le Canadien David Cronenberg mise sur son talent de metteur en scène et sur la fusion de ses sujets itératifs.
Maps to the Stars appartient bel et bien au genre assez ancien de la satire hollywoodienne. Une satire chicanière mais assez plaisante, qui met à nu ce monde de grandes stars. Les personnages sont hantés par des fantômes, ils rompent, manigancent avec l’inceste et manoeuvrent les compliments en faux-semblants.
Un moyen par lequel Cronenberg dénonce ce star-system hollywoodien assez ridicule, tout en misant sur le second degré des acteurs pour s’en moquer. C’est de ce point de vue que le scénario attrape, par sa grossièreté et ses accessibilités.
Julianne Moore fait tout pour attirer en star démodée, genre Hollywood has-been, jalouse et capricieuse. Elle en fait des tonnes dans le genre actrice fêlée. Mais ces tonnes sont à la fois très drôles et conformes à une certaine vérité de l’hystérie contemporaine où les stars apparaissent comme des rivaux professionnels et intimes en puissance. Un rôle qui lui a offert le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes.
Maps to the Stars, dans sa vision de Hollywood, est sans doute plus une métaphore du monde contemporain qu’un documentaire sur la cité du cinéma et de la télévision. La cité du cinéma y est décrite comme le paradis des adolescents chanceux, des charlatans et des vedettes rusées.
Tant de personnes décalées psychologiquement, vivant au sein d’un monde de dépravés rendus fous par l’argent et le succès. D’où le titre même, Maps to the Stars, où la carte permet de se rendre jusqu’aux étoiles. Ainsi elle peut faire référence au chemin de la célébrité, ou encore à celui de la mort.
Bref, si ce film est loin d’être l’un de ses meilleurs, Cronenberg fait encore preuve d’une belle fermeté dans la mise en scène d’une histoire un peu décevante, quoique intelligente .
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