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Les pharmaciens accusés de financer les Frères musulmans

Ola Hamdi, Mardi, 04 novembre 2014

Le syndicat des Pharmaciens est mis sous tutelle judiciaire officiellement pour mauvaise gestion des fonds. Certains dénoncent une décision politisée.

Les pharmaciens
Les pharmaciens attendent les élections à une date qui reste à fixer. (Photo : Al-Ahram)

Un nouveau conflit a éclaté le 27 octobre dernier entre le conseil du syndicat des Pharmaciens et l’Etat, suite au verdict d’un tribunal du Caire qui a imposé au syndicat la tutelle judiciaire.

Les pharmaciens craignent l’impact négatif de cette disposition sur le tra­vail syndical. La première réaction du conseil du syndicat a été de tenir une réunion d’urgence pour exprimer son indignation vis-à-vis de ce verdict, ainsi que de discuter des prochaines mesures à prendre. « On ne va pas abandonner notre syndicat au contrôle judiciaire sauf après un ver­dict final. Nous avons interjeté ce jugement devant la Cour d’appel, car nous pensons que ce jugement est sans fondement. La Cour examinera le 25 novembre prochain notre appel », a déclaré le secrétaire du conseil syndical, Mohamad Saoudi. Et d’ajouter: « Les auteurs de cette plainte sont des hommes qui veulent détruire la profession de pharmacien pour des intérêts personnels, car ils ont des liens suspects avec la mafia des médicaments ». Il a appelé égale­ment la Cour constitutionnelle à reconsidérer la disposition qui permet la tutelle judiciaire sur les syndicats professionnels. « Le travail syndical est non lucratif, et les membres payent de leurs propres poches le temps de travail perdu pour leur activité syndi­cale », invoque-t-il.

L’affaire remonte à une plainte déposée par quatre membres deman­dant la mise sous tutelle judiciaire de leur syndicat. Ils accusent le conseil syndical d’utiliser les fonds et les res­sources du syndicat pour financer les activités de la confrérie interdite des Frères musulmans. Dans leur plainte, ils estiment que de telles activités entravent le travail du syndicat et nui­sent aux intérêts des pharmaciens.

Le tribunal, pour sa part, a précisé s’être basé sur des documents présen­tés par les plaignants et qui montrent que certains membres du syndicat sont impliqués dans des affaires sus­ceptibles de compromettre la sécurité nationale et utilisent le syndicat à des fins personnelles.

Le jugement souligne que le conseil syndical a commis des irrégularités financières en utilisant des fonds consacrés au soutien des pharmaciens en difficulté pour financer des membres de la confrérie interdite.

Waël Halal, secrétaire du syndicat pour les affaires financières, réfute totalement les allégations d’utilisa­tions partisanes de l’argent. « La dis­tribution des subventions pour les pharmaciens se fait sans distinction politique, on donne à ceux qui ont besoin d’assistance financière », défend-t-il.

Deux demandes de contrôles avaient déjà été déposées, pour d’autres motifs, contre le syndicat des Pharmaciens en 2009, et au mois d’août dernier. Mais ce troi­sième procès a réussi à imposer la tutelle.

De son côté, Amr Al-Chouri, membre du syndicat, va plus loin en affirmant que cette décision « fait partie d’un processus contre-révo­lutionnaire, mené par des figures de l’ancien régime pour éliminer la société civile à travers un système judiciaire au service du pouvoir exécutif ». Selon lui, il existe d’autres moyens pour traiter les pro­blèmes de gestion des syndicats, notamment à travers leurs assem­blées générales. « Le système judi­ciaire doit respecter les règlements internes des syndicats au lieu de les mettre sous tutelle », appelle-t-il.

En revanche, d’autres membres du syndicat saluent sa mise sous tutelle judiciaire, y voyant une mesure nécessaire pour mettre un terme aux « activités illégales ». Safaa Abdel-Azim, l’une des pharmaciens ayant intenté l’action judiciaire, semble satisfaite du verdict et préfère la tutelle judiciaire à celle des Frères. « Ce verdict va libérer le syndicat de la tutelle des Frères musulmans et des intérêts particuliers. J’ai donné tous les papiers et documents qui soutiennent la position des plai­gnants. Je remercie la justice de cette disposition qui a rétabli les droits des pharmaciens », dit-elle.

Au terme du jugement, un tuteur sera nommé par le tribunal pour la gestion des tâches administratives et financières du syndicat, jusqu’à nouvel ordre. « Le syndicat ne res­tera pas les bras croisés », assure le syndicaliste Gamil Bokter. « Le conseil du syndicat va appeler des élections partielles anticipées », une mesure destinée à minimiser la pos­sibilité de la mise en oeuvre de la tutelle, promet-il.

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