Les pharmaciens attendent les élections à une date qui reste à fixer.
(Photo : Al-Ahram)
Un nouveau conflit a éclaté le 27 octobre dernier entre le conseil du syndicat des Pharmaciens et l’Etat, suite au verdict d’un tribunal du Caire qui a imposé au syndicat la tutelle judiciaire.
Les pharmaciens craignent l’impact négatif de cette disposition sur le travail syndical. La première réaction du conseil du syndicat a été de tenir une réunion d’urgence pour exprimer son indignation vis-à-vis de ce verdict, ainsi que de discuter des prochaines mesures à prendre. « On ne va pas abandonner notre syndicat au contrôle judiciaire sauf après un verdict final. Nous avons interjeté ce jugement devant la Cour d’appel, car nous pensons que ce jugement est sans fondement. La Cour examinera le 25 novembre prochain notre appel », a déclaré le secrétaire du conseil syndical, Mohamad Saoudi. Et d’ajouter: « Les auteurs de cette plainte sont des hommes qui veulent détruire la profession de pharmacien pour des intérêts personnels, car ils ont des liens suspects avec la mafia des médicaments ». Il a appelé également la Cour constitutionnelle à reconsidérer la disposition qui permet la tutelle judiciaire sur les syndicats professionnels. « Le travail syndical est non lucratif, et les membres payent de leurs propres poches le temps de travail perdu pour leur activité syndicale », invoque-t-il.
L’affaire remonte à une plainte déposée par quatre membres demandant la mise sous tutelle judiciaire de leur syndicat. Ils accusent le conseil syndical d’utiliser les fonds et les ressources du syndicat pour financer les activités de la confrérie interdite des Frères musulmans. Dans leur plainte, ils estiment que de telles activités entravent le travail du syndicat et nuisent aux intérêts des pharmaciens.
Le tribunal, pour sa part, a précisé s’être basé sur des documents présentés par les plaignants et qui montrent que certains membres du syndicat sont impliqués dans des affaires susceptibles de compromettre la sécurité nationale et utilisent le syndicat à des fins personnelles.
Le jugement souligne que le conseil syndical a commis des irrégularités financières en utilisant des fonds consacrés au soutien des pharmaciens en difficulté pour financer des membres de la confrérie interdite.
Waël Halal, secrétaire du syndicat pour les affaires financières, réfute totalement les allégations d’utilisations partisanes de l’argent. « La distribution des subventions pour les pharmaciens se fait sans distinction politique, on donne à ceux qui ont besoin d’assistance financière », défend-t-il.
Deux demandes de contrôles avaient déjà été déposées, pour d’autres motifs, contre le syndicat des Pharmaciens en 2009, et au mois d’août dernier. Mais ce troisième procès a réussi à imposer la tutelle.
De son côté, Amr Al-Chouri, membre du syndicat, va plus loin en affirmant que cette décision « fait partie d’un processus contre-révolutionnaire, mené par des figures de l’ancien régime pour éliminer la société civile à travers un système judiciaire au service du pouvoir exécutif ». Selon lui, il existe d’autres moyens pour traiter les problèmes de gestion des syndicats, notamment à travers leurs assemblées générales. « Le système judiciaire doit respecter les règlements internes des syndicats au lieu de les mettre sous tutelle », appelle-t-il.
En revanche, d’autres membres du syndicat saluent sa mise sous tutelle judiciaire, y voyant une mesure nécessaire pour mettre un terme aux « activités illégales ». Safaa Abdel-Azim, l’une des pharmaciens ayant intenté l’action judiciaire, semble satisfaite du verdict et préfère la tutelle judiciaire à celle des Frères. « Ce verdict va libérer le syndicat de la tutelle des Frères musulmans et des intérêts particuliers. J’ai donné tous les papiers et documents qui soutiennent la position des plaignants. Je remercie la justice de cette disposition qui a rétabli les droits des pharmaciens », dit-elle.
Au terme du jugement, un tuteur sera nommé par le tribunal pour la gestion des tâches administratives et financières du syndicat, jusqu’à nouvel ordre. « Le syndicat ne restera pas les bras croisés », assure le syndicaliste Gamil Bokter. « Le conseil du syndicat va appeler des élections partielles anticipées », une mesure destinée à minimiser la possibilité de la mise en oeuvre de la tutelle, promet-il.
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