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Burkina Faso : La transition à définir

Sabah Sabet et Gamila Al-Tawila, Mardi, 04 novembre 2014

La situation reste confuse au Burkina Faso. La communauté internationale appelle à une transition civile, après la chute du président Blaise Compaoré.

Burkina Faso
Photo: Reuters

« Un organe de transition sera mis en place avec toutes les composantes qui seront arrêtées par un large consensus, et dont la durée sera précisée ». C’est ce qu’a indi­qué le communiqué publié dimanche soir, et lu par le colonel Auguste Barry, un des adjoints du lieutenant-colonel Isaac Zida, le nouvel homme fort du Burkina Faso. Zida a été porté, samedi dernier, par l’ar­mée à la tête d’un régime de transi­tion après la chute du président Blaise Compaoré. Mais établir un régime de transition, dans la concer­tation et par l’armée burkinaise n’est pas chose facile. Et l’opposi­tion et les manifestants, qui ont assez mal accepté la prise de pou­voir par l’armée, n’y croient pas vraiment. Visiblement hésitante, peut-être divisée et dépassée par le rythme rapide des événements, l’opposition n’avait, initialement, pas exclu une entente avec les mili­taires. Mais son chef, Zéphirin Diabré, n’a fait aucune déclaration à ce sujet.

Dans la rue, les contestataires ont montré leur déception. « Notre lutte maintenant, c’est le départ pur et simple du lieutenant-colonel Zida », a lancé Abdoulaye Traoré, un chô­meur de 33 ans, sur la « place de la Révolution », ainsi que l’a rebapti­sée le peuple, comme dans les années 1980, à l’époque de Thomas Sankara. Cette icône du panafrica­nisme, assassinée le 15 octobre 1987, lors du coup d’Etat ayant porté Blaise Compaoré au pouvoir, est toujours dans la mémoire des Burkinais.

L’ancien chef de l’Etat, arrivé au pouvoir par un putsch en 1987, pen­sait son régime solide après 27 ans de règne. Malgré deux septennats et deux quinquennats, il souhaitait se présenter à la présidentielle de 2015, ce que la Constitution lui interdisait. Sa volonté de faire réviser, coûte que coûte, la loi fondamentale par l’As­semblée nationale, sans tenir compte d’une massive manifestation de pro­testation, a provoqué un embrase­ment du Burkina Faso. A 63 ans, il a été poussé à démissionner, vendredi, après une journée d’émeutes qui a fait une trentaine de morts. Il s’est réfugié avec sa famille en Côte d’Ivoire, à Yamoussoukro. Lors de sa chute, l’armée qui a pris le pouvoir, a dési­gné, le lieutenant-colonel Isaac Zida pour conduire un régime de transi­tion. Alors que la Constitution burki­naise, que les militaires ont suspendu, stipule que l’intérim du pouvoir doit être assuré par le président de l’As­semblée nationale.

Par ailleurs, avec une situation qui risque de s’aggraver, la pression internationale pour une transition civile se poursuit. « Nous voulons éviter, pour le Burkina Faso, la mise en place de sanctions », a annoncé dimanche, Mohamad Ibn Chambas, émissaire de l’Onu pour l’Afrique de l’Ouest lors d’une conférence de presse au nom de la mission de concertation tripartite Onu-Union africaine-Cedeao. La médiation internationale a appelé à la mise en place d’un régime de transition, « conduit par un civil » et « conforme à l’ordre constitutionnel », évoquant sinon la menace de « sanctions ».

De son côté, Washington, allié privilégié du Burkina dans la lutte contre les djihadistes au Sahel, a également condamné « la tentative de l’armée burkinaise d’imposer sa volonté au peuple », et a appelé l’armée à transférer le pouvoir aux autorités civiles. L’Union euro­péenne a, quant à elle, appelé l’ar­mée burkinaise à respecter les droits fondamentaux de la popula­tion, y compris celui de manifester pacifiquement .

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