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Union forcée

Maha Salem avec agences, Lundi, 12 novembre 2012

Sous la pression des ennemis extérieurs de Bachar Al-Assad, les différents groupes de l’opposition se sont unis sans que cela apporte de solution à la paix. Les moyens de la coalition n’ont pas été dévoilés.

Union

Sous les pressions occidentales et arabes, les composantes de l’opposition syrienne ont signé, lundi 11 novembre, un accord pour constituer une coalition forte et unie. L’objectif de cette dernière est de faire tomber le régime de Bachar Al-Assad.
Une fois cet accord signé, une partie de la communauté internationale l’a salué, notamment les Etats-Unis. Ces derniers ont promis de « soutenir la Coalition nationale qui ouvre la voie à la fin du régime sanglant d’Assad et à un avenir de paix, de justice et de démocratie que méritent tous les Syriens », a déclaré le porte-parole adjoint du Département d’Etat, Mark Toner.
Cette coalition a vu le jour après des négociations acharnées qui ont commencé le 8 novembre sous l’égide de la Ligue arabe au Qatar. « Il s’agit d’un pas important sur la voie de la chute du régime », a affirmé Riad Hijab, ancien premier ministre syrien qui a rallié l’opposition en août. L’accord répond aux voeux de certains pays arabes et occidentaux de traiter avec une opposition unie au sein d’une instance exécutive susceptible de canaliser les tentatives tant externes qu’internes de faire chuter Bachar Al-Assad.
Sur la même ligne que les Etats-Unis, la France a déclaré : « Cet accord constitue une étape majeure dans le processus indispensable d’unification de l’opposition syrienne », a affirmé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Et d’ajouter : « La France lui apporte son plein soutien afin que cette coalition puisse constituer une alternative crédible au régime de Bachar Al-Assad ».
Le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé l’engagement de la France à oeuvrer avec ses partenaires, et au sein des Amis du peuple syrien, en faveur de la reconnaissance internationale de cette nouvelle entité comme représentant des aspirations du peuple syrien. « La France est disposée à apporter, en liaison étroite avec cette nouvelle coalition, une assistance accrue au peuple syrien, notamment dans le cadre du soutien qu’elle fournit depuis plusieurs mois aux conseils révolutionnaires civils », a ajouté Laurent Fabius.

Unique candidat
Elu président de cette coalition, le cheikh Moaz Al-Khatib a été aussi le seul candidat. Connu pour ses positions modérées sur le plan religieux, Al-Khatib était jusqu’à l’année dernière l’imam de la célèbre mosquée d’Al-Omeyyade de Damas. Il a été emprisonné à plusieurs reprises pour avoir critiqué le régime de Bachar Al-Assad avant de s’enfuir en Egypte. « Il est de Damas et est très connu là-bas. Je pense que c’est une étape importante (dans la lutte) contre le régime et une étape importante vers la liberté », a estimé le chef du Conseil national syrien, George Sabra.
Pour diversifier la direction de cette coalition, l’ancien député et homme d’affaires Riad Seif, membre influent de l’opposition et l’un des symboles du Printemps de Damas, a été élu vice-président de la coalition aux côtés de la militante Soheir Al-Atassi. L’homme d’affaires Moustapha Sabbagh a été élu secrétaire général et, selon les délégués de l’opposition, un Kurde pourrait être nommé au poste de troisième vice-président dans les prochains jours.
Seif, Al-Atassi et Sabbagh sont connus à l’intérieur de la Syrie qu’à l’étranger. « Ce sont de très bons représentants de ce projet. Ce sont des militants de notre révolution », a déclaré Sabra. Riad Seif est notamment à l’origine de l’initiative d’unification de l’opposition. Il a été emprisonné pendant 8 ans et s’est fait arrêter à deux reprises depuis le début du soulèvement, avant de quitter la Syrie. Quant à Soheir Atassi, elle a quitté la Syrie après 7 mois de vie en clandestinité au cours desquels elle a joué un rôle-clé dans la coordination des structures mises en place par l’opposition.
Les différentes composantes de l’opposition syrienne réunies au Qatar ont conclu dimanche un « accord initial » sur la formation de la nouvelle instance représentative, formée de mouvements en exil et de militants opérant en Syrie.

Echec du CNS
Craignant d’être marginalisé, le CNS, principale formation de l’opposition, a essayé de bloquer l’adoption de cette nouvelle coalition. Il a mené des élections et a changé sa direction pour convaincre la communauté internationale de sa volonté de s’organiser. 400 délégués avaient élu une nouvelle direction de 41 membres se voulant plus représentative, qui a élu à son tour un bureau exécutif de 11 membres. « Le bureau exécutif représente l’ensemble des composantes de la société syrienne en regroupant des représentants des militants animant le soulèvement : des islamistes, des laïcs, des Kurdes, des Assyriens, des chrétiens et, pour la première fois, un représentant des tribus », a déclaré Sabra.
Mais ces tentatives se sont avérées vaines et le CNS a été soumis, samedi dernier, à d’intenses pressions des Emirats arabes unis, des Etats-Unis et du Qatar, pour l’amener à lever ses réserves. « Nous avons été soumis à d’énormes pressions », a reconnu Samir Nachar, membre dirigeant du CNS. Jusqu’à récemment, le CNS était considéré par la communauté internationale comme un interlocuteur légitime, mais son manque de représentativité était de plus en plus critiqué, en particulier par l’administration américaine.
Profitant de ce soutien et de l’adhésion de la principale formation de l’opposition, cheikh Al-Khatib a affirmé dans un discours que le peuple syrien faisait l’objet « d’une extermination systématique », et a appelé la communauté internationale à l’aider pour parvenir à la chute du régime. Partageant le même avis, George Sabra s’est demandé « pourquoi les Syriens avaient le sentiment d’être abandonnés par la communauté internationale. Nous n’avons pas seulement besoin d’argent et de pain, mais aussi d’armes pour nous défendre ».
Aux termes de l’accord, la nouvelle coalition prévoit la formation d’une instance politique unifiée d’une soixantaine de membres représentant les différents groupes de l’opposition. La coalition s’est dit ouverte à toutes les formations qui souhaiteraient y adhérer. Cette instance devra à son tour constituer un gouvernement transitoire de dix membres, un conseil militaire suprême et un organe judiciaire.
Les parties signataires conviennent d’oeuvrer pour la chute non seulement du régime, mais aussi de ses symboles et piliers et pour le démantèlement de ses organes de sécurité, en poursuivant tous ceux qui sont accusés d’être impliqués dans des crimes contre les Syriens. La Coalition s’engage à ne procéder à aucun dialogue ni négociations avec le régime.
Elle se dote par ailleurs d’une commission juridique nationale et de commissions spécialisées. Elle procédera, après avoir obtenu une reconnaissance internationale, à la formation d’un gouvernement provisoire, et convoquera un congrès général national dès la chute du régime. La coalition et le gouvernement provisoire seront dissous, sur décision de la coalition, après la tenue du congrès général national et la mise en place d’un gouvernement de transition.
Selon les analystes, cet accord est susceptible de contribuer à la chute de Bachar Al-Assad. Mais la Russie et la Chine continuent de s’opposer aux tentatives de déstabilisation de la Syrie par l’axe mené par les Etats-Unis, l’Europe et le Qatar. Selon une ONG syrienne, la guerre civile en Syrie a fait 37 000 morts et des milliers de réfugiés.
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