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L’Iraq, un front complexe

Abir Taleb avec agences, Mardi, 14 octobre 2014

L'EI conforte sa présence en Iraq malgré les frappes de la coalition, alors que les autorités ne font toujours rien pour s'attaquer au fond du problème.

L’attention médiatique portée à la situation à Kobané, et à la guerre contre Daech, dans cette région syrienne, fait presque oublier que la lutte contre l’Etat Islamique (EI) est censée se faire aussi en Iraq. Dimanche dernier, au moins 40 personnes, la plupart des anciens soldats des forces kurdes qui voulaient se réengager, ont péri dimanche à Qara Tapah (nord de l’Iraq) dans trois attaques suicide revendiquées par l’EI. Un triple attentat passé presque inaperçu, malgré le nombre de victimes. Tout comme les combats quasi quotidiens qui opposent les forces gouvernementales aux djihadistes de l’EI, notamment dans la province ethniquement et religieusement mixte de Diyala.

En effet, malgré l’engagement et la ferveur internationale pour la formation de la coalition qui lutte contre l’EI, et malgré la poursuite des raids aériens de la coalition, la situation se dégrade en Iraq et la progression des djihadistes de l’EI se poursuit. Il semble, en effet, que les frappes américaines ne suffisent plus pour freiner l’avancée des djihadistes, qui ont renforcé leur présence dans la province d’Al-Anbar. Selon les autorités iraqiennes, si l’Etat islamique prend le contrôle de cette province, Bagdad pourrait aussi tomber.

Il semble, donc, clair qu’une campagne aérienne sans déploiement de troupes au sol est largement inefficace. Or, dans la guerre terrestre, on compte d’abord sur l’armée iraqienne, qui fait preuve depuis l’apparition de l’EI d’un manque d’efficacité flagrant. C’est pourquoi, le général américain Martin Dempsey a déclaré dimanche dernier sur la chaîne ABC que les conseillers militaires américains seraient probablement amenés à jouer un rôle plus direct sur le terrain en Iraq, une fois que les forces de sécurité du pays seraient prêtes à l’offensive contre l’Etat islamique. Mais les doutes persistent néanmoins sur l’efficacité des soldats iraqiens à passer à l’offensive. On compte aussi sur les Kurdes, armés et soutenus par les Occidentaux. Un jeu risqué.

La situation paraît donc bien compliquée en Iraq, d’autant plus que la campagne contre l’EI ne règle pas les problèmes de fond qui expliquent la montée en puissance de ce groupe dans ce pays. Certes, Washington a usé de son influence pour chasser du pouvoir Nouri Al-Maliki, le premier ministre chiite dont la politique sectaire a radicalisé les sunnites en Iraq. Mais son successeur, Haidar Al-Abadi, n’a pour l’heure rien fait de concret pour réintégrer les sunnites dans le jeu politique.

En effet, depuis l’expansion de Daech et la mise en place de la coalition internationale pour combattre ce mouvement, on semble avoir oublié que la solution à la crise en Iraq doit être politique avant d’être militaire. La balle est donc dans le camp du nouveau pouvoir de Bagdad dont on attend toujours les gestes à même d’apaiser la colère des sunnites, seul espoir pour amortir les tensions politiques et confessionnelles, principal mal de l’Iraq d’après-Saddam.

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