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Nous voulons aider ces prisonniers qui ont entamé une grève de la faim pour protester contre les interminables périodes de détention provisoire. Ils sont aujourd’hui 66. Certains sont dans un état critique et refusent de s’alimenter depuis plusieurs mois. C’est le cas de Mohamad Sultan qui est en grève de la faim depuis plus de 200 jours », explique Bahou Taha, activiste.
Mohamad Sultan est le fils d’un cadre des Frères musulmans. Il est incarcéré depuis plus d’un an, sans qu’aucune charge exacte ne soit retenue contre lui, et ce, malgré sa double nationalité, américaine et égyptienne. Avec une vingtaine d’autres activistes, Bahou Taha a entamé dimanche dernier une grève de la faim en solidarité avec ces prisonniers d’opinion. Certains des activistes sont jugés et peuvent à tout moment être emprisonnés. D’autres sont des proches ou des amis d’activistes déjà emprisonnés.
Les grévistes sont répartis en deux groupes. Le premier s’est installé au siège du parti Pain et liberté. L’autre groupe, formé de 7 activistes arrêtés dans les événements du Conseil consultatif où ils avaient organisé une manifestation sans obtenir l’autorisation des autorités, s’est cantonné dans le siège du Conseil national des droits de l’homme.
La sécurité du Conseil avait refusé au départ de les autoriser à apporter des couvertures et autre matériel nécessaire, mais Nasser Amin, un membre du Conseil, a affirmé avoir résolu les problèmes. Le nombre de grévistes emprisonnés dans les procès d’opinion augmente quotidiennement.
Un frère et une soeur du blogueur Alaa Abdel-Fattah, emprisonné et condamné à 15 ans de prison pour avoir manifesté sans permis, comptent parmi les grévistes. Alaa a commencé une grève de la faim il y a environ un mois, avant la mort de son père l’avocat Ahmad Seiffel-Islam, puis sa soeur Sanaa, également emprisonnée pour la même raison, a commencé elle aussi une grève de la faim il y a deux semaines. Sanaa vient d’entrer à l’hôpital de la prison de Qanater.
« A 16 heures aujourd’hui, j’ai célébré avec mes collègues mon dernier repas en prison. J’ai décidé, quand j’ai vu mon père lutter contre la mort, enfermé dans un corps qui n’était plus soumis à sa volonté, de commencer une grève de la faim jusqu’à ce que je recouvre ma liberté. Le bien-être de mon corps n’a aucune valeur tant qu’il reste soumis à un pouvoir injuste », a déclaré Alaa Abdel-Fattah avant le début de sa grève de la faim. Son autre soeur, Mona, a commencé elle aussi une grève de la faim jeudi dernier, ainsi que leur mère, Laila Soueif.
Parmi les activistes emprisonnés se trouvent aussi des membres du 6 Avril, comme Ahmad Douma et Mohamad Abdel-Rahmane, connu sous le nom de Noubi. Tous deux sont en soins intensifs. Ils ont cessé de s’alimenter eux aussi dans le cadre de cette campagne intitulée « On en a assez », menée par les détenus. Ils attendent derrière les barreaux un jugement en appel, après avoir été condamnés à 3 ans de prison dans le cadre de la loi qui régit les manifestations.
Mona Ezzat, porte-parole du parti Pain et liberté, explique: « Nous n’avons pas d’autre choix que la grève de la faim. Si nous manifestons pour libérer nos collègues, la police viendra nous arrêter et le nombre de prisonniers d’opinion augmentera encore plus. On ne peut que se servir de nos corps pour forcer le gouvernement à libérer ces prisonniersd’opinion». Mona ajoute que le parti Pain et liberté, commencera une campagne de collecte de signatures avec d’autres partis pour dénoncer la loi contre les manifestations.
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