Le siège du PND incendié pendant la révolution du 25 janvier. (Photo : AP)
«
On refuse ». C’est le nom du mouvement créé récemment et dont l’objectif est de limiter la percée des anciens membres du PND. Les activistes de ce mouvement suivent les traces des
feloul sur
Facebook et font campagne pour sensibiliser les gens afin qu’ils ne votent pas pour eux. Une campagne similaire avait eu lieu à la veille des législatives de 2012.
Cette année, la campagne des législatives a démarré tôt, notamment dans les gouvernorats. Plusieurs dizaines d’anciens cadres du PND ont annoncé leur intention de se lancer dans la course des législatives ou de donner le flambeau à un membre de leur famille. Dans la capitale, certains ont décidé de se présenter seuls aux élections et d’autres tentent de rejoindre les listes de partis politiques. Leurs démarches se sont accélérées après l’annulation, en juillet dernier, du verdict du tribunal des référés du Caire interdisant la candidature des caciques de l’ancien régime au nouveau Parlement et ce, pour avoir joué, « depuis sa création en 1978, un rôle négatif en nommant des gouvernements corrompus, en promulguant des lois inconstitutionnelles et en n’appliquant pas les verdicts de justice ».
Aymane Abdel-Wahab, rédacteur en chef du magazine Ahwal Masriya, publié par le Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, s’attend à un grand retour des anciens députés du PND au sein du prochain Parlement, puisque les règles du jeu électoral n’ont pas été changées. « Les anciens du PND ont tout pour remporter les élections : les réseaux sociaux, la solidarité tribale dans les zones rurales, l’expérience parlementaire et l’argent nécessaire », estime Abdel-Wahab. Le nouveau scrutin électoral mixte laisse 80% des sièges aux candidatures individuelles et pave davantage le chemin devant le retour du PND.
Pourtant Yousri Al-Azabawy, politologue au CEPS, note que « les grands symboles du PND n’ont aucune chance de se présenter aux législatives et seul le second rang du parti a des chances presque égales avec les autres forces politiques ». Notables et hommes d’affaires, les membres du PND dissous sont des groupes d’intérêts qui avaient adhéré au parti au pouvoir pour être proches du régime. « C’est pourquoi après sa dissolution, ils ont intégré plusieurs partis. Certains parmi eux ont créé même leurs propres partis », dit Al-Azabawy.
Les alliances des feloul
Certaines alliances ne regroupent aujourd’hui que des ex-PND, comme celle dirigée par Magued Al-Cherbini, dernier secrétaire général du PND, dite « l’Alliance des indépendants ». Cette alliance formée des hommes « honnêtes du PND », selon les termes de Cherbini, compte environ 200 ex-députés du PND. La coalition étudie la possibilité de s’allier à la coalition du Front égyptien, qui compte elle aussi un grand nombre de figures du PND. Ce front également qualifié de feloul est formé de 7 partis et 3 entités syndicales et ouvrières. Le parti de La Conférence, le Mouvement national de l’ex-candidat à la présidentielle Ahmad Chafiq, le parti Al-Tagammoe, le parti Al-Guil, Al-Ghad, Misr Al-Hadissa et le groupe Misr Baladi en font partie.
Cette coalition prépare sa liste électorale commune, comme le dévoile à l’Hebdo Amine Radi, secrétaire général du parti La Conférence et ex-président de la commission de la défense au Parlement de 2010. « Les principes du Front égyptien sont basés sur le rejet de l’exclusion de toute faction politique sauf celle impliquée dans des actes de violence, de terrorisme ou de corruption ». Et d’ajouter: « Le report des législatives ne dérange pas la coalition. Nous sommes prêts à n’importe quel moment, mais ce qui nous importe beaucoup maintenant c’est la loi sur la répartition des circonscriptions ». Nagui Al-Chéhabi, président du parti Al-Guil et membre du Front égyptien, pense que certains partis mènent des négociations en secret pour intégrer les anciens cadres du PND, afin de maximiser leurs chances aux élections, car ces derniers ont tous les atouts. Toutefois, Al-Chéhabi assure que les figures du PND ne représenteront pas la majorité sur la liste électorale de la coalition.
Le parti Al-Tagammoe, parti d’opposition de pure forme à l’époque de Moubarak, a adhéré récemment au Front égyptien. Réfaat Al-Saïd, ex-président du parti, indique que le parti en rejoignant cette coalition ne cherche pas seulement à remporter des sièges au Parlement comme certains prétendent, mais cherche plutôt « l’intérêt national ». « Les autres alliances qui se trouvent sur la scène comme celle du Wafd ou du Courant populaire de Hamdine Sabahi ont coopéré un jour avec les Frères musulmans. Par contre, le Front est le plus cohérent et il a une grande présence dans la rue », pense Al-Saïd. Un avis qui n’est pas partagé par le camp des jeunes de ce parti, qui contestent la décision du parti de rejoindre ce front. Ahmad Bilal, membre du bureau politique d’Al-Tagammoe, sur sa page Facebook désavoue cette alliance dominée par « les symboles de la corruption politique du régime de Moubarak ».
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