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Ganzouri, nouveau médiateur pour une alliance électorale

Samar Al-Gamal et Aliaa Al-Korachi, Lundi, 08 septembre 2014

Les partisans du chef de l'Etat cherchent à créer une alliance électorale qui remporterait la majorité au sein du futur Parlement. Après les tentatives avortées de Amr Moussa et de Mourad Mouafi, cette tâche revient désormais à Kamal Al-Ganzouri.

Mouafi : L'homme qui a disparu de vue

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Il surgit subitement sur la scène politique et disparaît aussi subitement. Ex-chef des services de renseignements, successeur du très influent Omar Soliman, il est limogé sous Mohamad Morsi au lendemain du meurtre de soldats égyptiens à Rafah. Il fait son apparition après la destitution de Morsi, affichant son intention de se porter candidat à la présidentielle, mais ne manque pas de revenir sur sa décision après l’annonce de Abdel-Fattah Al-Sissi de briguer la présidence. Les partisans de Sissi l’auraient convaincu de céder la place au chef de l’armée, selon certains. Il disparaît temporairement avant de reparaître de nouveau comme co-médiateur avec l’ancien chef de la diplomatie, Amr Moussa, dans une tentative de former une coalition qui regroupe un bon nombre de partis comme potentielle majorité parlementaire. Alors que ses proches commencent à faire campagne pour qu’il occupe le poste de chef du gouvernement, Mouafi disparaît de nouveau laissant Moussa encore fragilisé. Il justifie son retrait par le fait que « les partis ne pensent qu’à leurs intérêts étroits et non pas à l’intérêt du pays ».

Moussa : L'inlassable médiateur

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Ancien secrétaire général de la Ligue arabe, ancien chef de la diplomatie et ancien candidat à la présidentielle, Amr Moussa a tenté pendant plusieurs mois de convaincre les principaux partis égyptiens de se rassembler dans une coalition en vue des législatives. Encouragé par l’écrivain Mohamad Hassanein Heikal, Moussa tentait de former une assise politique au Parlement pour le président Sissi. Selon certains, tous les trois se seraient réunis pour discuter de l’idée.

« Il a profité de sa bonne gestion du comité des 50 de la rédaction de la Constitution. Il a aussi gardé de très bons contacts avec les différents courants politiques », explique le président du parti Al-Karama, Mohamad Sami. Au début, l’idée était de former une coalition basée sur le Front du salut qui avait servi de fer de lance pour destituer Mohamad Morsi. Dans un premier temps, il a travaillé avec l’ex-chef de renseignements Mourad Mouafi, avant que ce dernier ne se retire subitement de la scène. Puis, il forme ladite « Nation égyptienne » qui s’écroule rapidement, et Moussa se voit obliger de se retirer « partiellement » des médiations en faveur de Kamal Al-Ganzouri, ancien chef du gouvernement sous Moubarak, puis sous le Conseil militaire après la révolution en 2011. « Il ne dirigeait pas les coalitions. Il était présent en tant que partie neutre. Il se consacre désormais à d’autres questions. Cette semaine, par exemple, il sera à Bahreïn », indique Ahmad Kamel, porte-parole de Moussa, qui justifie son retrait des médiations.

Ganzouri :Le mystérieux

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Contrairement à ses prédécesseurs, les va-et-vient de Kamal Al-Ganzouri, qui joue aujourd’hui le rôle de médiateur entre les différents partis et forces politiques afin de les regrouper en une seule alliance, se font loin des projecteurs. En fait, cet ancien premier ministre, nommé sous Moubarak de 1996 à 1999 et sous le Conseil militaire de novembre 2011 jusqu’à juin 2012, avait l’habitude de susciter le suspense autour de ses démarches. Selon un rapport publié par Al-Ahram, Ganzouri a presque finalisé une liste de 120 candidats choisis par une commission qu’il avait formée après des consultations avec les différents partis, pour se présenter aux élections parlementaires. La liste comprend une majorité de noms de l’ancien régime de Moubarak, notamment des anciens-ministres. Elle comprend à titre d’exemple Réfaat Al-Saïd, ancien-président du parti Al-Tagammoe, et Marguerite Azer, ancien-cadre des partis Al-Wafd puis Al-Masréyine Al-Ahrar. Contactés par Al-Ahram Hebdo, ces derniers ont affirmé n’avoir « pas du tout été contactés par cette commission et ne sont pas au courant de l’initiative de Ganzouri ».

Ganzouri ne semble pas avoir plus de chance que les autres médiateurs, Mouafi et Moussa, si la concurrence sur le plus grand nombre de sièges au Parlement domine les discussions des éventuelles alliances.

L’ancien premier ministre octogénaire doit éviter les erreurs de ses prédécesseurs. « Il devrait se contenter d’une alliance plus modeste qui a plus d’influence », indique Aymane Abdel-Wahab, rédacteur en chef de la revue Ahwal Masriya. En effet, contrairement à Amr Moussa qui avait tenté de réunir des partis révolutionnaires comme l’Egyptien démocrate avec la Conférence qui regroupe des anciens de Moubarak aux côtés du Wafd, Ganzouri, lui, s’est aligné sur le parti d’Ahmad Chafiq et sur un groupe d’anciens ministres dirigé par un ancien ministre de l’Intérieur, Ahmad Gamaleddine, et qui avait fait la campagne présidentielle de Sissi.

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