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Les nouveaux calculs de Washington

Mardi, 02 septembre 2014

En raison des évolutions compliquées au Moyen-Orient, il est logique de se poser deux questions sur l’Administration américaine. La première: Les Etats-Unis ont-ils abandonné leurs projets de renversement des régimes arabes en formant une alliance avec ce qu’il convient d’appeler « l’islam politique », dont les limites ont, selon toute vraisemblance, dépassé la confrérie des Frères musulmans et les organisa­tions takfiries? La seconde est: Est-ce que les Etats-Unis sont prêts à faire partie d’une coali­tion contre le terrorisme ?

Les deux questions représentent un défi aux déclarations attribuées au président américain Barack Obama, faites au lendemain de l’exécu­tion barbare du journaliste américain James Folly et les menaces de récidiver si les raids américaines sur les fiefs de Daech ne s’arrêtent pas. Lorsqu’Obama a appelé les Iraqiens et les Syriens à s’unifier face au « cancer de Daech », il n’a pas évoqué un rôle américain dans l’éradi­cation de ce mal, mais il a fait porter la respon­sabilité aux gouvernements et aux peuples du Moyen-Orient. Ces propos insinuent une pro­bable absence américaine dans la lutte contre le terrorisme, bien que médiatiquement, c’est le contraire qui est véhiculé, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe.

Plusieurs facteurs confirment cette tendance euro-américaine à ne pas s’engager dans cette lutte antiterroriste. Premièrement: les organi­sations extrémistes sont devenues des outils aux mains des Américains pour réaliser les objectifs annoncés il y a quelque temps par James Wales, ex-président des services de ren­seignements américains. Il a dit: « Nous secouerons les régimes arabes par l’intermé­diaire de leurs peuples ». Deuxièmement : l’appel à former une coalition pour lutter contre Daech signifie que les Etats-Unis seront avec la Russie au sein de la même coalition à un moment où le conflit entre eux s’aggrave sur l’Ukraine. Entrer dans une telle coalition amènerait Washington à côtoyer l’Iran et la Syrie, parce qu’il est impossible de former une coalition effective sans l’Iran et la Syrie. Troisièmement: il est impossible de former une coalition internationale et régionale sans compter sur le rôle turc, qui s’avère être le soutien le plus important de Daech. Quatrièmement: Les Etats-Unis seront contraints de se désengager de leur alliance avec les Frères musulmans et les organisations extrémistes, et former un partenariat avec l’Egypte s’ils veulent combattre le terrorisme.

A la lumière de tous ces calculs, il est impos­sible que Washington s’implique dans cette coalition contre Daech.

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