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Qatar-Turquie : ni gagnants ni perdants

Mardi, 02 septembre 2014

« Le Hamas a refusé l’accord sur demande du Qatar ». « Le Hamas a accepté l’accord sous la pression du Qatar », disait-on tour à tour et parado­xalement, alors que les négociations se déroulaient au Caire pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Le chercheur spécialiste du dossier israélien, Sameh Rached, croit qu’il n’existe pas d’informations fiables qui permettent de soutenir l’une ou l’autre des deux assertions contradictoires. Selon lui, si Mahmoud Abbas s’est rendu à Doha, c’était avant tout pour rencontrer le chef du Hamas, Khaled Mechaal. Pourtant, croit-il, « Doha et Ankara ont tenté de s’attribuer un rôle aux dépens du Caire, profitant d’une position égyptienne interprétée au début du conflit comme plutôt hostile au Hamas». Selon Rached, ces deux pays hostiles au régime égyptien depuis la destitution du président Mohamad Morsi, issu des Frères musulmans, et qui hébergent un bon nombre de membres égyptiens de la confrérie islamiste, ont intérêt à neu­traliser le rôle du Caire.

Selon Rached, « la tension entre l’Egypte et ces deux pays existait bien avant la guerre contre Gaza, et ceci n’a pas changé ».

Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, qui a parlé de relations « hautement tendues » avec le Hamas, a ainsi accusé « l’axe Hamas-Qatar-Turquie de vouloir saboter le rôle de l’Egypte, comme acteur capable d’in­fluencer la position israélienne ». Mohamad Gomaa, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, croit que Doha et Ankara « ont cherché à exploiter le Hamas, non en tant que faction de résis­tance, mais en tant que mouvement issu des Frères musulmans ». Et d’ajouter : « Après leurs pertes encaissées en Syrie, en Iraq et en Egypte, le Qatar et la Turquie veulent que les Frères conti­nuent à jouer un rôle en Palestine, car ceci leur permettrait d’exercer une influence régionale par procuration ».

Pourtant, ni le Qatar, ni la Turquie ne s’étaient officiellement opposés à l’ini­tiative égyptienne. Leurs ministres des Affaires étrangères ont même publié un communiqué commun après la première trêve conclue le 1er août 2014, affirmant « soutenir la décision de l’Autorité palestinienne de se rendre au Caire avec les factions palestiniennes » et « saluant le rôle égyptien ».

Le chef de la diplomatie américaine s’était entretenu au téléphone avec ses homologues qatari, mais sans qu’une médiation qatari, évoquée par la presse israélienne, voie le jour. Les Américains voulaient simplement que Doha ait usé de son influence, pour amener le Hamas à accepter l’accord. « Parce qu’Israël et l’Autorité palestinienne s’étaient oppo­sés à toute autre intervention à part celle du Caire », précise Rached.

Les observateurs s’accordent à dire que le Qatar et la Turquie n’ont pas subi de pertes, mais n’ont pas non plus réalisé de gains. Il s’agit peut-être de gains « potentiels » qui n’ont pas encore été concrétisés.

Lors des négociations, le Hamas vou­lait apparemment inclure le Qatar dans le processus de reconstruction de Gaza, Le Caire aurait proposé l’Arabie saoudite à la place. Pourtant, après la conclusion du cessez-le-feu, Abou-Mazen s’est à nou­veau rendu à Doha pour discuter des projets de reconstruction.

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