L’Ukraine a célébré sa fête nationale de l’indépendance avec une grande parade militaire, mais toujours «
sous les bombes». Outre 2000 morts et 400000 réfugiés en 4 mois, une nouvelle catastrophe humanitaire s’est produite, dimanche matin, quand un hôpital a été touché par les tirs d’artillerie des autorités ukrainiennes déterminées à reprendre le contrôle des régions rebelles, alors que 6 civils, dont un enfant, ont succombé, la veille, dans le centre de Donetsk (est), chef-lieu des insurgés pro-russes.
En pleine tension sur terrain, la chancelière allemande, Angela Merkel, s’est rendue samedi à Kiev, lors d’une visite « hautement symbolique », à la veille de l’anniversaire de l’indépendance de cette ex-République soviétique. Mme Merkel est la plus haute dirigeante occidentale à se rendre en Ukraine depuis le début de la crise. Lors de sa rencontre avec le président ukrainien, pro-européen, Petro Porochenko, la chancelière allemande a défendu l’intégrité territoriale de l’Ukraine et n’a pas exclu de nouvelles sanctions contre Moscou en cas de poursuite de l’escalade. Selon les analystes, cette visite envoie un signal à la Russie: l’Occident n’a nulle intention de céder dans son bras de fer avec Moscou sur l’Ukraine.
Moscou défie
A la veille de la visite de Mme Merkel, Moscou a défié Kiev et l’Occident, en décidant, unilatéralement, après une semaine d’attente, d’envoyer dans l’est ukrainien 130 camions, chargés d’aides humanitaires destinées à la population civile « sans inspection complète ». Justifiant son acte, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que tout nouveau retard du convoi aurait été « inacceptable », considérant qu’il y a urgence face à la situation humanitaire dans l’est, ravagé par des combats. Selon les experts, ces bonnes intentions chantées par Moscou ne sont qu’un « faux prétexte » pour renforcer sa mainmise sur l’ex-République soviétique, pour ne pas voir à ses frontières une Kiev pro-européenne. Cet acte russe a vite provoqué un concert de protestations de la part de Kiev et de l’Occident. Qualifiant cet acte d’« invasion », les autorités ukrainiennes ont affirmé que les 34 camions inspectés étaient quasi vides et qu’ils pourraient porter des renforts aux séparatistes. Kiev craint aussi que ce convoi, qui se déplace en territoire rebelle et en proie à des combats intenses, ne fasse l’objet d’une « provocation » qui pourrait servir de prétexte à une intervention militaire russe. Outre la colère de Kiev, l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Otan ont fermement condamné l’acte russe, estimant que Moscou s’était engagée dans une « dangereuse escalade ». Vendredi soir, le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni en urgence, mais s’est contenté, à l’issue de ses consultations, de faire état d’une « vaste inquiétude sur cette action illégale de la Russie ». Cette vague d’inquiétude, que les superpuissances ne cessent de manifester, se traduira-t-elle, un jour, par « un acte positif » susceptible de freiner les bains de sang qui inondent le sol ukrainien ?
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