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Enfin unis contre Daech  ?

Maha Salem avec agences, Mardi, 19 août 2014

Après un long silence et des positions ambiguës, la communauté internationale s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de combattre l’Etat islamique. Sur le terrain, les bombardements américains ont eu l’effet escompté.

Daech
(Photo : Reuters)

Soutenues par l’aviation américaine, les forces kurdes ont repris, lundi dernier, le plus grand barrage d’Iraq aux djihadistes de l’Etat Islamique (EI). Les djihadistes sont également sous le feu de l’aviation syrienne de l’autre côté de la frontière.

L’EI doit aussi faire face à une contre-offensive de tribus sunnites dans l’ouest iraqien. « Le barrage de Mossoul a été complètement libéré », a déclaré Ali Awni, un responsable du principal parti kurde iraqien. Un responsable de l’armée a assuré que les combats avaient cessé, précisant que certaines zones restaient inaccessibles en raison de mines laissées par les insurgés.

Les forces kurdes ont lancé, depuis samedi dernier, une offensive pour reprendre le contrôle de ce barrage qui fournit de l’eau et de l’électricité à la majeure partie de la région, et dont s’étaient emparés les djihadistes le 7 août. L’Iraq est plongé dans le chaos depuis le début, le 9 juin, d’une offensive d’insurgés sunnites menés par l’EI au nord de Bagdad, qui s’est étendue début août dans le nord de l’Iraq, poussant à la fuite quelque 200000 personnes.

« C’est un point stratégique et non pas un simple barrage. Il fournit de l’eau et de l’électricité à une grande partie de l’Iraq. Sa reprise est une grande victoire et signe d’un renversement des puissances dans cette guerre acharnée. L’intervention de l’aviation américaine présente le premier pas vers la destruction de djihadistes de l'EI », explique Ayman Abdel-Wahab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Pour aider les forces kurdes dépassées par cette progression rapide, les Etats-Unis mènent, depuis le 8 août, des frappes aériennes. Les forces armées iraqiennes sont interdites d’entrée dans cette zone kurde, selon l’accord signé par l’Iraq et les Etats-Unis lors de l’occupation américaine de l’Iraq, après la chute de Saddam Hussein.

« Pour détruire cet Etat islamique, il faut que la Syrie et l’Iraq s’unissent, s’organisent et commencent leurs combats ensemble, formant ainsi un cercle pour les assiéger. Les armées syrienne et iraqienne sont fatiguées et incapables d’affronter seules les djihadistes », estime Abdel-Wahab.

Résolution onusienne

Alors que les djihadistes étaient perçus par une partie de la communauté internationale comme une force utile combattant Bachar Al-Assad, aujourd’hui l’ensemble des grandes puissances s’accordent à les condamner.

Le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté, vendredi dernier, à l’unanimité une résolution qui vise à empêcher le recrutement et le financement des djihadistes en Syrie et en Iraq. Il a aussi ajouté les noms de 6 extrémistes, parmi lesquels des responsables de l’Etat islamique et du front Al-Nosra originaires d’Arabie saoudite ou du Koweït, sur une liste d’individus soumis à des sanctions internationales pour leurs liens avec Al-Qaëda.

Mais selon les analystes, cette résolution ne changera pas dans l’immédiat la situation en Iraq ou en Syrie, mais elle va fournir un cadre international aux efforts pour contrer l’EI. De plus, la résolution réclame le désarmement et la dissolution immédiats de l’Etat islamique, ainsi que du front Al-Nosra en Syrie et des autres formations liées à Al-Qaëda.

Le Conseil avait jusqu’à présent adopté des déclarations non contraignantes dénonçant les persécutions des minorités en Iraq, notamment yazidis et chrétiennes, par l’EI, et soutenant le gouvernement iraqien dans sa lutte contre les djihadistes. Les 6 nouveaux djihadistes sanctionnés s’ajoutent à une longue liste noire, dressée par l’Onu et régulièrement remise à jour, d’individus ou de groupes liés à Al-Qaëda.

En pratique, cette résolution ne fait que rappeler aux Etats leurs obligations et reprend, en les renforçant, des dispositions déjà adoptées par le Conseil. Celui-ci avait apporté son soutien, fin juillet, à une proposition de la Russie, destinée à interdire toute transaction pétrolière avec l’EI et Al-Nosra.

Depuis le 9 juin, l’Etat islamique s’est emparé de pans entiers du territoire iraqien au nord, à l’ouest et à l’est de Bagdad, et a proclamé un califat à cheval entre Syrie et Iraq, sur les zones qu’il contrôle.

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