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Entre deux feux

Maha Salem avec agences, Mardi, 06 novembre 2012

Alors que les combats s’intensifient entre les rebelles et les forces gouvernementales, la communauté internationale essaie de trouver une issue politique à la crise qui menace l’ensemble de la région.

Syrie
La Syrie est tiraillée entre toutes les parties.(Photo: AP)

De violents combats opposaient lundi rebelles et soldats à Alep et à Damas, principales villes de Syrie. A Alep, la métropole commerçante du Nord, dont rébellion et armée se disputent le contrôle depuis plus de trois mois, les combats ont ravagé le nord-ouest de la ville, détruisant un entrepôt du Croissant-Rouge. Alors que les violences continuent à secouer le pays, la communauté internationale reste impuissante et paralysée par ses divisions.

Les combattants rebelles sur le terrain ont enregistré un nouveau succès dimanche, en s’emparant d’un des premiers champs pétroliers du pays et en abattant l’un des redoutables chasseurs-bombardiers du régime. Des affrontements ont éclaté à proximité de l’aéroport international d’Alep, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins dans les hôpitaux civils et militaires un peu partout dans le pays. A Damas également, bombardements et combats continuent à faire rage, en particulier dans des quartiers sud, d’où de nombreux habitants fuyaient pour se mettre à l’abri dans le camp palestinien voisin de Yarmouk, toujours selon l’OSDH.
Face à cette situation, la communauté internationale est dans une course contre la montre pour trouver une issue pacifique à la crise syrienne qui menace toute la région. Le médiateur international, Lakhdar Brahimi, a appelé les grandes puissances à présenter au Conseil de sécurité des Nations-Unies une résolution sur la base de l’accord dégagé le 30 juin à Genève en faveur d’un gouvernement de transition en Syrie. Cet accord sur les principes d’une transition a été adopté par le Groupe d’action sur la Syrie. Il ne renferme aucun appel au président syrien à renoncer au pouvoir alors que les Occidentaux, certains pays arabes ainsi que l’opposition syrienne exigent son départ. Cette déclaration de Genève a été conclue avec la médiation de Kofi Annan, alors émissaire international. A l’opposé, défendant toujours le régime du président Bachar Al-Assad, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, insiste qu’une résolution est inutile, et reproche à ses partenaires de l’Onu d’entretenir la violence en soutenant les rebelles.
La Russie, partenaire de longue date du régime syrien auquel elle livre des armes malgré les critiques occidentales, a fait barrage à l’Onu à trois reprises, avec le concours de la Chine, aux résolutions occidentales visant à faire pression sur le régime de Bachar Al-Assad. « La déclaration de Genève doit devenir une résolution du Conseil de sécurité, afin de disposer de l’autorité nécessaire à sa transformation en un projet politique applicable », a commenté Lakhdar Brahimi. Le diplomate algérien s’exprimait après sa rencontre avec Serguei Lavrov et le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, au Caire. « J’encourage les membres du Conseil de sécurité à continuer les discussions pour parvenir à cette solution », a renchéri Brahimi.
Avec l’aggravation de la crise, Lavrov a pourtant reconnu que les deux parties en présence en Syrie doivent cesser les combats et s’asseoir à la table des négociations, précisant que son pays soutenait la déclaration de Genève. « Malheureusement, certains pays qui étaient présents à Genève ne dialoguent pas avec le gouvernement, mais seulement avec l’opposition, et l’encouragent à poursuivre la lutte jusqu’à la victoire, et cela a des conséquences négatives. Nous n’avons dans ces conditions sans doute pas besoin d’une résolution », a déclaré Lavrov. Selon ce dernier, une résolution conduirait à plus d’instabilité en Syrie en créant les conditions d’une disparition du gouvernement syrien. « Ce serait la recette idéale pour poursuivre le bain de sang », continuait-il. Le ministre russe a par ailleurs affirmé que son pays soutenait « les nobles aspirations des peuples arabes, mais qu’il ne faut pas permettre que ces aspirations soient exploitées, et que la région se transforme en foyer pour le terrorisme et le trafic d’armes et de drogue ».
A cet égard, Nabil Al-Arabi a affirmé qu’aucun terrain d’entente n’a été trouvé. « Il faut que nous soyons clairs : il n’y a eu accord sur rien », a reconnu M. Arabi, en ajoutant que les divergences entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont le premier obstacle à une solution viable à ce conflit. Pour soutenir l’idée du médiateur onusien, le président François Hollande a plaidé dimanche en Arabie saoudite pour la formation par l’opposition syrienne d’un gouvernement de transition, après avoir exprimé son soutien au Liban. Lors de sa première visite dans le royaume, le président français « a discuté avec le roi Abdallah du processus de paix au Proche-Orient, de la question du nucléaire iranien et de la crise syrienne ainsi que de la coopération entre les deux pays », selon son porte-parole, Romain Nadal. Lors d’une conférence de presse, le président a souligné que la France est très attachée à ce que l’opposition syrienne se constitue en gouvernement, pour acquérir la légitimité nécessaire et donner des gages qu’il s’agit bien d’une transition démocratique en Syrie. Concernant le Liban, affecté par le conflit syrien, le président français a également fait état d’une « position commune » avec le souverain saoudien sur le Liban, menacé de déstabilisation par les retombées de la crise syrienne. « Nous avons encore une fois mis en garde tous ceux qui voudraient déstabiliser ce pays qui a besoin de retrouver de l’unité à travers le dialogue », a-t-il déclaré.
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