Les partisans de Jérusalem forment une organisation inspirée d’Al-Qaëda, basée dans le Sinaï. Au départ, le groupe était connu pour ses attaques contre des cibles israéliennes. En juillet 2012, il assume la responsabilité de l’explosion d’un pipeline d’exportation de gaz naturel vers Israël. Un mois plus tard, le groupe revendique un tir de roquettes depuis le Sinaï vers la ville israélienne d’Eilat. Mais
après l’évincement du président islamiste Mohamad Morsi, il commence à diriger ses opérations contre l’armée et la police égyptiennes. Ansar Beit Al-Maqdes revendique la responsabilité de l’attentat à la bombe contre le siège de la police au Caire, en janvier 2014, avant de déclarer plus tard que l’explosion est l’oeuvre d’Ajnad Misr, un groupe démantelé en mai dernier, selon la police. Egalement en mai, les autorités, qui mènent une lutte acharnée contre le mouvement, annoncent avoir tué son dirigeant, l’Egyptien Chadi Al-Méneï. Mais le groupe dément et publie le lendemain une photo de lui entre les « moudjahidines », en précisant que les forces de sécurité égyptiennes sont incapables de révéler l’identité de « l’émir du groupe ». Le groupe recrute des bédouins du Sinaï ainsi que des étrangers et est classé organisation terroriste par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Le front Al-Nosra
Le groupe annonce sa création en janvier 2012 contre le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, avec pour objectif d’instaurer un califat islamique. Dans une vidéo annonçant son existence, le groupe confirme qu’il est derrière la plupart des attentats suicides qui secouent la Syrie depuis le soulèvement, commencé en mars 2011. Ses déclarations et vidéos sont généralement émises par son groupe de médias, Al-Manara Al-Baïda (le minaret blanc), et sont régulièrement postées sur les réseaux sociaux.
Mais le chef du groupe, Abou-Mohamad Al-Joulani, n’y apparaît jamais. A la chaîne qatari Al-Jazeera, à qui il a accordé sa seule interview, il demande que son visage soit caché. On connaît d’ailleurs peu de lui et sa nationalité est inconnue. Mais son nom de guerre laisse supposer une origine syrienne : Abou-Mohamad Al-Joulani, (ou Al-Golani), c’est-à-dire du plateau du Golan. Selon des rapports occidentaux, il aurait rejoint le groupe djihadiste, il y a plusieurs années, pour lutter contre les forces américaines en Iraq. Le groupe prête allégeance à Al-Qaëda et refuse de fusionner avec l’EIIL selon les directives d’Ayman Al-Zawahri. Al-Nosra garde aussi secret le nombre de ses combattants en Syrie, mais on estime que cela pourrait se situer entre 5 000 et 20 000 combattants.
Selon ses vidéos, l’objectif de ses membres est de « rétablir le règne de Dieu sur terre et venger l’honneur violé des Syriens et le sang versé ». Al-Nosra mène effectivement de nombreuses attaques de guérilla contre des cibles stratégiques de l’Etat, y compris la base aérienne clé dans le nord. Le groupe a été classé sur la liste noire des organisations terroristes par les Nations-Unies, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite.
Daech ou l’EIIL
Abréviation en arabe de l’« Etat islamique en Iraq et au Levant ». Le groupe naît en 2006 de l’alliance de plusieurs groupes djihadistes et s’appelait à l’origine « L’Etat islamique en Iraq ». En 2013, le « Levant » est rajouté. Il est dirigé par Abou-Bakr Al- Baghdadi, de son nom de guerre, un Iraqien qui serait né à Samarra en 1971. Il émerge comme le leader de l’un des groupes d’Al-Qaëda en Iraq, devenu plus tard Daech. Il est arrêté en 2005 par les forces américaines et détenu dans le camp de Bucca, d’où il est relâché, 4 ans plus tard, pour une raison inexpliquée. En 2010, il se fait connaître au cours de la tentative de fusion avec le front Al-Nosra en Syrie, la filiale d’Al-Qaëda. Mais le groupe est considéré comme plus radical qu’Al-Qaëda. Les experts estiment qu’il dispose de 5 000 à 15 000 combattants.
L’EIIL profite du conflit entre la minorité sunnite et le gouvernement dirigé par les chiites, en prenant le contrôle de la ville de Falloujah. Il prend également le contrôle de la majeure partie de Ramadi, et a une présence dans un certain nombre de villes près des frontières turques et syriennes. Il s’appuie sur sa réputation de groupe brutal et compte sur une coopération d’anciens officiers de l’armée de Saddam Hussein, d’exresponsables du parti dissous Baass et de tribus sunnites furieuses contre le gouvernement. Au début, il s’appuie sur les dons de fortunes des pays du Golfe, qui soutiennent sa lutte contre le président syrien Bachar Al-Assad.
Le groupe connaît un succès militaire considérable, en mars 2013, lorsqu’il reprend la ville syrienne de Raqqa. Ayman Al-Zawahri, chef d’Al-Qaëda, exhorte alors l’EIIL à se concentrer sur l’Iraq et de quitter la Syrie, mais Baghdadi et ses combattants refusent. Des groupuscules de Daech font apparition en Arabie saoudite, au Yémen et en Jordanie.
Ansar Al-Charia
Sous l’étendard des partisans de la charia, plusieurs groupes djihadistes surgissent quasi simultanément dans plusieurs pays dans la région. Les plus renommés d’entre eux se trouvent en Libye, en Tunisie et au Yémen, tandis que d’autres, moins connus, apparaissent en Egypte et au Maroc. Si ces groupes partagent les mêmes noms et les mêmes idéologies, puisque tous se battent dans leur pays pour « instaurer un Etat islamique », sur le plan opérationnel, il n’y a pas de preuves qu’ils aient une structure de commandement central, comme Al-Qaëda. Tous nient des liens ou une quelconque coordination les uns avec les autres. En fait, les analystes divergent autour de la nature de ces groupes. Certains pensent qu’ils représentent une nouvelle tendance du djihad apparue après les révolutions arabes, tandis que d’autres, se basant sur les documents découverts après la mort de Bin Laden, y voient simplement une autre face d’Al-Qaëda.
Le nom d’Ansar Al-Charia attire l’attention du monde pour la première fois le lendemain des attentats de Benghazi qui conduisent à l’incendie du consulat des Etats-Unis et à l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye. Apparaissant pour la première fois comme une brigade révolutionnaire pendant la révolution libyenne de 2011 à Benghazi, ce groupe profite ensuite du vide sécuritaire dans le pays pour élargir ses centres d’opérations dans d’autres villes comme Derna et Syrte. Son chef est Mohamad Al-Zahawi, 46 ans, originaire de l’est de la Libye, qui était prisonnier à l’époque de Kadhafi. L’ASL est considéré aujourd’hui comme un centre d’assistance pour les djihadistes régionaux en leur fournissant armes ou refuge sur le territoire libyen. La sécurité tunisienne vient de dévoiler des liens opérationnels, financiers et logistiques entre le groupe Ansar Al-Charia de Libye (ASL) et celui de Tunisie (AST).
En Tunisie, l’AST, le groupe salafiste fondé en avril 2011 par Abou-Iyad, un prisonnier politique libéré après la chute de Bin Ali, compte environ 100 000 partisans. En août 2013, le gouvernement tunisien classe le groupe dans sa liste noire du terrorisme, en l’accusant de la planification de l’assassinat de deux opposants de gauche Chokri Belaïd et Mohamad Brahmi, de l’attaque de plusieurs postes de police et militaires, ainsi que de liens avec Al-Qaëda au Maghreb islamique. Le dernier attentat, pour lequel le groupe est inculpé, date du 17 juillet dernier, et est considéré comme le pire dans l’histoire de l’armée tunisienne, avec 14 soldats tunisiens assassinés près de la frontière algérienne.
Mais c’est au Yémen que le mouvement Ansar Al-Charia (ASY) gagne le plus de popularité. Sa première apparition se situe dans le gouvernorat d’Abyan, dans le sud du Yémen, en mai 2011. La plupart de ses membres sont d’anciens djihadistes qui ont combattu en Afghanistan. Le lien entre Al-Qaëda dans la péninsule arabique et ce nouveau groupe reste incertain. Il conquiert des territoires dans les gouvernorats d’Abyan et de Shabwa, pour y fonder un émirat islamique. Cependant, il est obligé d’abandonner ces territoires, en juin 2012, à la suite d’une contre-offensive de l’armée yéménite soutenue par des milices locales et par des attaques aériennes américaines.
Contrairement aux groupes du Yémen, de Tunisie et de Libye, Ansar Al-Charia en Egypte (ASE) et au Maroc (ASM) n’annoncent pas leur création en tant que groupes organisés sur le terrain. En Egypte, l’ASE annonce le 5 juillet 2013 sur Internet qu’il va commencer à rassembler des armes et à entraîner ses membres en vue d’imposer la charia. Ce groupe est lié au cheikh Ahmad Achouch, emprisonné en 1990 pour son adhésion au mouvement djihadiste. Il est libéré après la chute de Moubarak. Le 19 mars 2014, un groupe se référant comme Kataëb Ansar Al- Charia fi Ard Al-Kinanah (brigades d’Ansar Al-Charia en Egypte) revendique la responsabilité des attaques contre la police à Charqiya, Béni-Soueif et Guiza, au cours desquelles 28 officiers sont tués.
Au Maroc, l’ASM se fait connaître le 17 septembre 2012 sur Facebook, et en publiant sa doctrine sur plusieurs forums djihadistes. Le groupe n’a pas le temps de se développer. Deux mois après son apparition, le Maroc déclare avoir démantelé la cellule terroriste et capturé Hassan Younsi, fondateur du groupe, ainsi que 8 autres membres.
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