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Morsi fait un geste d’ouverture

Houda Belabd, Mardi, 06 novembre 2012

Le président de la République a tenu une série de réunions la semaine dernière avec les figures de l’opposition pour trouver une issue au blocage de l’assemblée constituante. Une démarche encourageante mais insuffisante, selon les observateurs.

Morsi
Le président Mohamad Morsi et Hamdin Sabbahi: (Photo: Reuters)

C’est pour faire taire les voix qui le taxent d’individualiste politique que le président Mohamad Morsi a créé la surprise en provoquant, il y a quelques jours, une rencontre, disons spectaculaire, avec de nombreuses figures emblématiques des scènes politique et militaire du pays — dont les ex-candidats à la présidentielle 2012. En cause, la question de l’assemblée constituante et de son travail, et pour garantir sa réussite, Mohamad Morsi se doit d’expérimenter le rôle d’arbitre en écoutant toutes les voix de la société politique de la République.

Partant de ce principe, Hamdine Sabbahi, Abdel-Moneim Aboul-Fotouh et Amr Moussa se sont présentés la semaine dernière au palais présidentiel. Ils n’ont pas hésité à réitérer leurs revendications le temps de la rencontre, en réclamant les droits de rétribution des martyrs de la révolution ainsi que le respect du principe de justice sociale. Mais principalement, tous les intervenants ont souligné la nécessité de construire une assemblée constituante suffisamment solide et légitime pour pouvoir rédiger puis instaurer le texte fondateur de la transition égyptienne. En effet, les libéraux et les forces de gauche s’accordent à accuser les islamistes de dominer l’assemblée constituante qui s’attelle depuis quatre mois à la tâche de rédiger la nouvelle Constitution.
Le président s’est montré compréhensif et a promis aux chefs des partis, libéraux et opposants, de « maintenir un dialogue à la fois solide et fructueux ». Si certains croient dur comme fer en sa bonne intention, d’autres restent sceptiques et se méfient des méandres des négociations à venir. Ayman Nour, chef du parti Ghad Al-Sawra, réaffirme l’absolue nécessité que la Constitution ne procède pas d’une pensée unique et qu’y soient inscrits les droits de la femme et les principes de la démocratie et de la laïcité. « La révolution a eu lieu pour enterrer la dictature à tout jamais et non pour répéter les erreurs de l’ancien régime. Pour contourner ce risque, rien n’est plus judicieux que d’installer un régime solide, démocratique et pluraliste qui émane de la volonté de toutes les composantes de la société civile et politique », ambitionne le militant nassérien, Hamdine Sabbahi, candidat malheureux à la présidentielle. Il ajoute que « la nouvelle Constitution ne pourra prendre place sans satisfaire les représentants des partis de l’opposition. Cependant, la tenue de cette rencontre est de bon augure ».
Pour Wahid Abdel-Méguid, politologue et porte-parole de l’assemblée constituante, « la compatibilité entre les différentes forces politiques égyptiennes est le pilier fondamental de la nouvelle Constitution. Sans pluralité politique, les aspirations du peuple seront opprimées, et par conséquent, ce dernier risque de perdre toute confiance en quelques représentants politiques dont il pourrait entendre parler dans l’avenir ». Sans doute, la série de réunions programmée par la présidence de la République vise à éviter ce risque. Mais selon Abdel-Méguid, cela nécessite de mettre un terme aux nombreux points de discorde sur lesquels les discussions ont été ajournées de manière répétée. « Il est donc grand temps de relancer les questions controversées et de parvenir à des accords, et ce, dans les plus brefs délais », appelle-t-il.
Toutefois, l’ex-candidat à la présidentielle, Khaled Ali, précise que « tenir une réunion pour discuter du sort de la constituante, c’est bien. Que cela puisse conduire à des résultats concrets, ce serait tellement mieux ». D’après Ali, les propositions des membres de l’assemblée doivent, avant tout, obéir à des critères légitimes étant en parfaite symbiose avec la charte universelle des droits de l’homme. « Tout imbroglio avec la justice ou le droit international ne pourra que porter préjudice à l’état d’avancement de l’élaboration de la Constitution », conclut-il.
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