Comme on pouvait s’y attendre, l’Iran et les pays du 5+1 (Russie, Grande-Bretagne, Etats-Unis, France, Chine et Allemagne) ont quitté Vienne (Autriche) après avoir décidé de se donner quatre mois supplémentaires, jusqu’au 24 novembre, pour parvenir à un accord définitif sur le programme nucléaire de Téhéran. Après une série de six rounds de négociations suite à l’accord intérimaire de novembre 2013, les deux parties n’ont rapproché leurs positions que sur certains points, mais pas sur l’essentiel. Elles se sont entendues notamment sur la question du réacteur à eau lourde d’Arak, susceptible de fournir du plutonium pouvant entrer dans la composition de la bombe atomique, ainsi que sur une augmentation des inspections des sites nucléaires iraniens. Mais des différends subsistent sur la question de savoir si l’Iran pouvait conserver la capacité à enrichir de l’uranium, qui sert à alimenter les centrales nucléaires pour la production d’électricité mais aussi — poussé à un niveau élevé — à la fabrication d’une arme atomique.
Le nombre de centrifugeuses (permettant d’enrichir l’uranium) est au coeur des désaccords.
Dès leur début, les négociations de Vienne s’annonçaient difficiles, et les points d’achoppement nombreux. « Bien que nous ayons accompli des progrès tangibles dans certains domaines et que nous ayons travaillé ensemble à un texte, des désaccords significatifs subsistent sur certains sujets-clés », ont expliqué dans un communiqué le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamad Javad Zarif et la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton.
Ainsi, malgré des mois de rudes discussions, les positions restent inconciliables. Pour preuve, aucune date n’a été fixée pour l’instant pour la reprise des négociations. Une rencontre en août au niveau des experts a simplement été évoquée.
A quoi donc servent ces quatre mois supplémentaires ? Pour le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, cette prolongation devrait permettre à Téhéran « de faire enfin les choix indispensables pour parvenir à un accord complet, crédible et durable ». Plus virulent, son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, a averti que « les négociations ne pourraient pas être poursuivies éternellement et que l’Iran devait montrer qu’il est prêt à dissiper tous les doutes ». En effet, nombreux sont ceux qui craignent que ce sursis ne soit uniquement en faveur de Téhéran. C’est notamment l’avis de Dr Ibrahim Abbas, politologue au Centre des Etudes Stratégiques et Politiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. « L’Iran profite de la situation actuelle de la région qui est secouée par plusieurs crises dans plusieurs pays. Profitant de la situation en Iraq notamment et du poids de l’Iran dans ce pays, Téhéran exerce des pressions sur l’Occident : Une intervention iranienne pour trouver une issue à ces crises en échange de davantage de gains », explique Dr Abbas.
Or, il s’agit là d’un jeu risqué. Rares sont les parties qui favorisent une intervention de Téhéran dans les crises régionales, même si le rôle iranien n’est pas négligeable. Tout au plus, une éventuelle intervention iranienne ferait partie d’un marchandage sur la question du nucléaire .
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