« accord incertain », «
Pas de percée décisive », «
Divergences très importantes », «
Fossé énorme » ... Les ministres américain, allemand, français et britannique des Affaires étrangères se sont montrés pessimistes à l’issue de leur rencontre dimanche à Vienne, alors que l’Iran et les 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sont censés parvenir à un accord final sur le nucléaire avant le 20 juillet. De son côté, le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, ultime décisionnaire dans les négociations, estime que le droit de l’Iran à l’énergie nucléaire est inaliénable.
Il semble donc que la date butoir prévue par l’accord intérimaire conclu en novembre 2013 ne sera pas respectée « ne serait-ce que pour des raisons techniques », selon une source proche des négociations citée par l’AFP. Cette source souligne qu’un tel texte, outre la déclaration politique, prévoit quantité d’annexes « très détaillées et très techniques », difficilement rédigées et conclues en quelques jours.
Cela dit, les tentatives se poursuivent jusqu’à la dernière minute. Lundi dernier, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a de nouveau rencontré son homologue iranien Mohamad Javad Zarif à Vienne dans un nouvel effort pour débloquer les discussions. L’objectif de l’étape viennoise de M. Kerry, arrivé dimanche dans la capitale autrichienne après une tournée en Chine et en Afghanistan, est d’« avoir des discussions en profondeur » avec son homologue iranien, a souligné un haut responsable du Département d’Etat. Il s’agit de « déterminer la volonté iranienne de faire les choix cruciaux qui doivent être faits » pour parvenir à un accord historique sur le programme nucléaire iranien après 10 ans d’échec. Par cette déclaration, Washington, et bien sûr ses alliés, lancent la balle dans le camp de Téhéran, le rendant à l’avance responsable d’un report ou même d’un éventuel échec. Et d’ajouter : M. Kerry « prendra le temps nécessaire pour voir si des progrès peuvent être faits ».
La question est donc désormais de savoir quels seront les scénarios possibles après le 20 juillet. Selon l’accord de novembre 2013, une reconduction de six mois des négociations est possible, si les deux parties y consentent. Une extension des négociations pourrait être envisagée, mais « la balle est dans le camp de l’Iran », ont clairement souligné les ministres occidentaux. « Il est difficile d’envisager une extension des discussions sans progrès significatifs sur les points cruciaux », a insisté un haut responsable du Département d’Etat américain.
Réponse iranienne : « Nous espérons qu’il y aura un accord avant le 20 juillet. Si ce n’est pas le cas, on peut prolonger si nécessaire de quelques jours les discussions, mais si on constate que les demandes excessives (des Occidentaux) continuent et qu’un accord est impossible, ce ne sera pas un drame et nous continuerons notre programme », a mis en garde le négociateur iranien Abbas Araghchi.
Pressions
En fait, les Occidentaux font surtout pression sur les Iraniens pour obtenir le maximum. Car aussi bien pour Téhéran que pour les Occidentaux, ne pas reconduire les négociations serait évidemment l’échec de tout ce qui a été accompli jusqu’à présent. On risque alors de se retrouver à la case départ : on impose à nouveau les sanctions (partiellement levées depuis l’accord intérimaire de novembre 2013) et l’Iran reprend son programme partiellement gelé.
Or, un tel scénario n’est voulu par aucune partie. D’ici jusqu’au 20 juillet, chaque partie fera son possible pour obtenir le maximum de gain.
Pour le moment, le principal point d’achoppement de la négociation porte sur la capacité d’enrichissement d’uranium que réclame l’Iran. « Il est vital de s’assurer que l’Iran ne va pas développer l’arme nucléaire, que leur programme est pacifique », a martelé M. Kerry à son arrivée à Vienne. « La confiance doit aller dans les deux sens », a répliqué le chef de la diplomatie iranienne Mohamad Javad Zarif sur son compte Twitter. Assurant que l’Iran faisait « un effort sincère », il a dit « attendre la même chose » des négociateurs du groupe 5+1.
A cela s’ajoutent les pressions internes auxquelles font face, chacun de son côté, Américains et Iraniens. Aux Etats-Unis comme en Iraq, les tenants de la ligne dure sont hostiles à un accord. M. Zarif doit conclure un texte qui lui permet de garder la face vis-à-vis des faucons à Téhéran, tandis que Kerry est sous la pression du Congrès, qui va s’accentuer à l’approche des élections de mi-mandat prévues en novembre.
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