« Gaza ». Caricature de Walid Taher dans Al-Shorouk.
« Les responsables arabes n’ont-ils pas honte de s’être réunis à la Ligue arabe 7 jours après l’agression ? Et pour décider quoi ? D’envoyer des bouquets de fleurs à Netanyahu et à son gouvernement pour avoir fait ce que eux n’ont pu faire : à savoir détruire Gaza ?! ». C’est ainsi que le virulent rédacteur en chef du journal Al-Qods vilipende les responsables des pays arabes.
Face à ce discours enflammé, l’éditorialiste Emad Adib affiche pragmatisme et réalisme : « La dernière chose dont a besoin l’Egypte actuellement est d’engager ses troupes armées dans des opérations militaires en dehors de ses frontières. A ceux qui demandent à l’Egypte de mobiliser ses troupes suite à l’agression israélienne contre nos frères à Gaza, nous leur disons que la décision doit être régie par les intérêts et non par les sentiments. Elle doit être soumise à des calculs minutieux. Et si le Hamas attend de l’Egypte qu’elle joue le même rôle qu’elle a joué du temps de Morsi durant la dernière crise, nous disons que cette fois-ci la situation est différente. Durant le conflit militaire passé entre le Hamas et Israël, le rôle de l’Egypte fut bien accueilli de la part de Hamas en raison des relations entre l’organisation du Hamas et l’organisation mère, la confrérie des Frères musulmans. Actuellement, la situation est différente, car l’Egypte après le 30 juin et après le départ des Frères musulmans est devenue l’ennemi existentiel de l’organisation du Hamas ».
Emad Adib fait ensuite le listing de toutes les actions dont le Hamas est accusé : « Les snipers place Tahrir, en janvier 2011, les attaques contre les prisons, le soutien aux émirats islamistes dans le Sinaï, la création du groupe terroriste Beit Al-Maqdes... Ce sont des actes de belligérance contre le régime et le peuple égyptiens ». Il poursuit : « Et de là vient la question : l’organisation du Hamas mérite-t-elle de l’aide après tout cela ? La réponse est non ».
Qu’en est-il de la population civile tuée sous les bombes israéliennes ? « Là, l’intervention égyptienne adéquate est : comment soutenir le peuple, sans donner de crédit au Hamas ? ». L’auteur laisse cette question cruciale sans réponse. Personne n’a apparemment de réponse à cette question épineuse pour l’Egypte.
Dans le quotidien Al-Ahram, l’ex-président du syndicat des Journalistes, Makram Ahmad Makram, souligne que Hamas ne sert en aucun cas la cause palestinienne. « Sans vouloir m’ingérer dans les affaires du Hamas, je souligne que la conséquence finale de cette quatrième confrontation entre Israël et le Hamas n’est qu’un remake des autres confrontations de 2008, 2012 et 2013. Le Hamas doit se poser la question de savoir s’il s’engage dans un suicide courageux ou s’il fait de la résistance armée. Car la résistance armée pour l’autodétermination est sélective, elle choisit le moment opportun pour ses batailles et veille à causer le plus de pertes à son ennemi, de quoi créer des circonstances adéquates pour imposer à ce dernier un règlement équitable. Or, rien de cela n’a lieu dans les batailles du Hamas ». Cela justifie-t-il pour autant les exactions israéliennes contraires à toutes les conventions humanitaires ? L’auteur ne répond pas à cette question.
Gamal Aboul-Hassan y répond dans son éditorial publié dans le quotidien Al-Masry Al-Youm. « Pourquoi les Egyptiens ne semblent-ils pas en colère face à ce qui se passe à Gaza ? Pourquoi une partie non négligeable est-elle plus irritée par les positions du Hamas que par les bombardements israéliens ? Les raisons ont plus trait à la sensibilité générale qu’à l’idéologie ou à la politique. Premièrement, les Egyptiens comprennent que la question de Gaza n’est pas humanitaire mais éminemment politique. Et, il ne faut pas être un génie pour comprendre que la population de Gaza, conduite par le Hamas, a choisi depuis longtemps de gérer le conflit avec Israël en exploitant sa force pour le gêner deux fois : en montrant que, malgré la force, il ne peut contrer les missiles du Hamas et qu’il tue des civils de sang-froid. Le but étant de ne pas vaincre Israël mais de créer un certain équilibre et de jouer sur la fibre humanitaire. Le troisième but est que le Hamas reste au pouvoir ».
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