Au cours d’une recherche archéologique dans le Delta du Nil, à 25 km au sud de la branche de Rachid (Rosette), les vestiges d’une ville romaine complète enfouie sous le limon du Nil dans le gouvernorat de Béheira ont été localisés. C’est dans ce petit village de Kom Al-Ahmar, à 7 km à l’ouest de la ville Mahmoudiya et la branche de Rosette du Nil, que cette découverte spectaculaire a eu lieu. La mission archéologique internationale égypto-italienne opérant sur le site avait commencé ses travaux en septembre 2012. Lors de leur troisième saison, une équipe de géophysiciens s’est rendue dans la région et a effectué un travail intensif de topographie. Ces études ont été un tournant décisif pour la mission.
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Après ces études, on a presque eu la confirmation de l’existence d’une ville complète enfouie », raconte Mohamad Qénaoui, chef de l’équipe égyptienne. D’après le ministre des Antiquités, Mamdouh Al-Damati, «
cette ville était enterrée sous d’épaisses couches de limon. Les travaux de prospection magnétique sur le site ont révélé de nombreux constructions et bâtiments entourant cette ville qui prend la forme rectangulaire et qui étaient probablement utilisés dans des buts administratifs ou religieux ». Les photos aériennes, la cartographie de la région et la topographique montrent le plan de la ville qui est divisée en deux. Le sud est le plus ancien. Il remonte aux premières années de la période hellénistique (voir encadré) alors que le côté nord du site date de la fin de la même période, jusqu’à la période romaine (de l’an 27 av. J.-C. à 476). «
D’autres ruines trouvées montrent la présence de traces datant de la fin de la période romaine, mais cela n’a pas été encore confirmé », reprend Qénaoui. En fait, ce ne sont pas les premières découvertes remontant à cette période qui ont été trouvées dans cette région. Tout près du village de Kom Al-Ahmar se trouvent d’immenses bains romains qui avaient été découverts dans les années 1940. «
Ces bains servaient probablement les citoyens de la ville », ajoute-t-il.
Selon Al-Damati, « la nouvelle découverte a une importance exceptionnelle; elle aiderait à explorer la vie quotidienne des citoyens à cette époque et à dévoiler plus de détails sur leur mode de vie, ainsi que le style de l’architecture de ces villes ». Le plan de travail de la mission au cours des saisons prochaines a pour but de révéler le mode de vie ainsi que les styles d’architecture des bâtiments et les mécanismes de planification urbaine à l’époque hellénistique. Mohamad Qénaoui souligne que les méthodes technologiques utilisées peuvent aboutir à d’excellents résultats dans les prochaines années, pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire égyptienne. « Son emplacement est méconnu, mais il est très probable que le site soit l’ancienne capitale Métélis », conclut-il.
L’époque hellénistique
Le terme « hellénistique » a été créé par l’historien allemand Johann Droysen, à partir du mot « Hellène », nom que se donnaient les anciens Grecs. Ce terme délimite une importante période de l’Antiquité. La civilisation hellénistique commence à la mort d’Alexandre le Grand, en 323 av. J.-C., et se termine 30 ans av. J.-C. par la conquête de l’Egypte par Rome. Cette civilisation s’étend en Asie mineure, Grèce, l’actuelle Turquie, la Syrie, le Liban ou encore en Egypte et en Sicile.
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