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Nucléaire iranien : L’heure de vérité

Abir Taleb avec agences, Dimanche, 06 juillet 2014

L’Iran et les 5+1 ont entamé un nouveau round de discussions qui devrait durer jusqu’au 15 juillet pour parvenir à un accord définitif. Le défi reste difficilement surmontable.

Nucléaire iranien : L’heure de vérité
Malgré les sourirs, les différents persistent entre l'Iran et le groupe 5+1.

Le calendrier des négociations entre l’Iran et les six puissances mondiales sur le dossier nucléaire fixe au 20 juillet prochain la conclusion d’un accord définitif. A ce jour, la mission semble encore difficile. Présents à Vienne, les représentants iraniens et leurs interlocuteurs américains, britanniques, français, russes, chinois et allemands se retrouvent pour la sixième fois. Objectif : parvenir à un accord garantissant la nature pacifique du programme iranien, après dix ans de tensions internationales, et pérenniser l’accord intérimaire conclu en novembre 2013 à Genève qui a permis un premier allégement des sanctions en échange d’un encadrement du programme iranien d’enrichissement d’uranium, point le plus sensible du dossier.

L’accord espéré garantirait que l’Iran respecte les règles de non-prolifération et ne cherche pas à se doter de la bombe nucléaire. En échange, les sanctions internationales, qui privent chaque semaine ce pays de milliards de dollars de revenus du pétrole, seraient levées.

Or, jusqu’à ce jour, les différends persistent. Et à moins de gros efforts des deux côtés, les négociations risquent de se conclure sur un échec. Les désaccords, notamment sur le nombre de centrifugeuses que Téhéran souhaite conserver, obstacle majeur sur la voie d’un règlement, ont résisté aux précédentes rencontres et rares sont ceux qui croient à un succès avant la date butoir du 20 juillet.

Le ministre français, Laurent Fabius, jugerait acceptable que Téhéran conserve « quelques centaines » de centrifugeuses, les machines qui réalisent l’enrichissement. L’Iran en possède environ 20000 aujourd’hui, dont la moitié sont opérationnelles, selon le décompte de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), l’organe spécialisé de l’Onu.

Un accord acceptable, précisait jeudi soir un haut responsable américain, verrait l’Iran ne conserver qu’« une fraction de ce qu’il possède actuellement ». Côté iranien, on se refusait à tout commentaire sur cette possible évolution. « Ainsi que nous l’avons dit, nous sommes prêts à garantir au monde que nous ne cherchons pas à nous doter de la bombe. Nous avons fait preuve de notre bonne volonté mais nous ne céderons pas à des exigences qui violent nos droits », a dit un représentant iranien.

L’Iran a confirmé, de son côté, être prêt à modifier les plans de son réacteur à eau lourde en construction à Arak, près de Téhéran, en vue de garantir qu’il ne pourra pas produire de plutonium — l’autre combustible possible d’une bombe nucléaire, au côté de l’uranium hautement enrichi.

Téhéran refuse aussi de mettre sur la table son programme de missiles — les vecteurs possibles d’une bombeen arguant que cette capacité balistique est une question de défense nationale, et non de politique nucléaire. Alors que les négociateurs devraient également s’entendre sur le programme balistique iranien — interdit par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies adoptées entre 2006 et 2010, sur la conception du réacteur d’Arak à même de produire du plutonium et sur la durée d’application d’un éventuel accord définitif.

Suspicion

Aussi, les discussions de Vienne ont commencé dans un climat de suspicion avec des déclarations peu conciliantes qui ont fusé de part et d’autre.

La République islamique « n’a rien à cacher » de son programme atomique, « mais nous ne braderons pas nos avancées technologiques », a averti dans Le Monde — quotidien français — le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamad Javad Zarif. Il a également dit que son pays était prêt à prendre des mesures pour assurer le caractère pacifique de son programme nucléaire mais qu’il n’allait pas « s’agenouiller » pour parvenir à un accord avec les grandes puissances.

Moins virulent, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a déclaré à la presse iranienne que la durée prévue pour la dernière session de pourparlers constituait « un signe que les deux parties veulent sérieusement mener les discussions à une conclusion ». « Nous déciderons d’ici la date limite du 20 juillet, en fonction de l’avancement des discussions, de prolonger les discussions, de marquer une pause ou de continuer », a-t-il affirmé.

L’accord de novembre 2013 réserve en effet la possibilité, d’un commun accord, d’une prolongation du dialogue pour six mois. Mais « le temps est compté », a répliqué le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et « les Etats-Unis et leurs partenaires n’accepteront aucune prolongation si c’est pour faire traîner les négociations en longueur ».

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