La russie a livré 5 avions de combat Sukhoi aux forces iraqiennes et les Etats-Unis ont envoyé des experts militaires chargés de conseiller les soldats, et des drones pour survoler Bagdad. Des efforts intensifiés pour aider les forces iraqiennes à reprendre du terrain après leur déroute aux premiers jours de l’offensive djihadiste lancée le 9 juin par l’Etat Islamique en Iraq et au Levant (EIIL).
Bagdad réclame depuis plusieurs semaines des frappes aériennes américaines contre les insurgés, mais les Etats-Unis se sont pour l’instant contentés d’envoyer 300 conseillers militaires et d’annoncer un plan de 500 millions de dollars pour armer et entraîner des rebelles modérés en Syrie voisine, afin qu’ils participent à la lutte en Iraq contre l’EIIL.
En effet, si la communauté internationale se dit aux côtés de Bagdad pour combattre les djihadistes de l’EIIL, elle reste très prudente quant à la démarche à prendre. Soutenir sans s’impliquer directement, tel est le choix que Washington a fait, pour le moment du moins.
Parallèlement, des pressions sont menées contre le premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki, pour trouver une issue politique à la crise. Car à l’origine de la montée fulgurante de l’EIIL, se trouvent le conflit sunnites/chiites et la marginalisation des sunnites depuis la chute du régime de Saddam Hussein et la montée en puissance des chiites. Alors que les appels en Iraq et à l’étranger en faveur d’un gouvernement d’union se sont multipliés, Nouri Al-Maliki a semblé finalement se rallier à cette idée, et le Parlement doit déclencher le processus de réconciliation.
Un processus qui risque de traîner en longueur tant la situation est compliquée en Iraq. En effet, l’avancée de l’EIIL et la guerre confessionnelle qui risque de s’ensuivre va de pair avec la montée des Kurdes d’Iraq.
Depuis le lancement le 9 juin d’une offensive menée par les djihadistes de l’EIIL, les autorités de la région autonome du Kurdistan iraqien ont autorisé le déploiement d’un nombre sans précédent de peshmergas, leurs forces de sécurité. Le président de la région, Massoud Barzani, a même appelé les combattants à la retraite à reprendre du service. Le vide laissé par l’armée a permis aux Peshmergas de prendre le contrôle de Kirkouk, une ville longuement revendiquée par les Kurdes, ce que Bagdad refusait catégoriquement. Les autorités kurdes ont dit qu’elles n’ont aucunement l’intention de la rendre un jour. La dispute entre Bagdad et Erbil « maintenant, c’est fini », a ainsi déclaré Massoud Barzani. Outre Kirkouk, les peshmergas se sont déployés sur des territoires qui ne faisaient pas partie de la région. Mais désormais, affirme Yawar, il n’est pas question de bouger cette ligne, ni pour revenir sur les anciennes frontières, ni pour prendre de nouveaux territoires aux insurgés : « Notre stratégie, pour l’instant, c’est juste de défendre cette ligne pour empêcher tout terroriste d’entrer dans la région ».
La stratégie à long terme, elle, risque d’être différente. Pour les Kurdes, les récents développements en Iraq constituent l’occasion ou jamais de prendre leur indépendance. Selon les analystes, la rupture entre les Kurdes et les chiites est bel et bien consommée, et pas question pour les Kurdes de participer à un gouvernement d’union nationale, comme l’a demandé le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Certains experts vont encore plus loin en estimant qu’une éventuelle chute de Bagdad arrangerait le Kurdistan.
Et le gouvernement du dirigeant kurde Massoud Barzani entend tirer son épingle du jeu de cette désintégration de l’Etat dont, officiellement, il dépend. Massoud Barzani a d’ailleurs récemment affirmé sur CNN que « le temps était venu pour le peuple kurde de déterminer son futur ».
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