Malgré le chaos qui règne en Libye, la date des élections législatives a été maintenue pour ce mercredi 25 juin. D’ores et déjà, les Libyens de l’étranger étaient appelés aux urnes les 21 et 22 juin dans 13 pays. Mais la Haute Commission électorale (HNEC) n’a donné aucun chiffre sur ce vote. Aussi, la campagne électorale est-elle passée quasiment inaperçue.
En effet, les législatives libyennes interviennent dans un climat de chaos politique et sécuritaire qui n’augure de rien de bon. Et dans ces conditions, l’on se demande si le futur Parlement sera à même de mener son rôle, alors que le pays est en manque d’Etat. La HNEC, de son côté, fait comme s’il s’agissait d’un scrutin normal dans des conditions normales. Son président, Imad Al-Sayeh, s’est contenté d’affirmer que sa commission gardait ses distances vis-à-vis des tensions et crises secouant le pays.
Or, les tensions sont telles qu’une simple élection est loin de pouvoir ramener le calme. Le général Khalifa Haftar poursuit l’offensive dans l’est du pays. Et le gouvernement de Tripoli nie la moindre autorité au général sans pouvoir se faire obéir. Se positionnant de plus en plus comme le leader de la Libye, Haftar a réclamé dimanche dernier le départ de tous les Turcs et Qatari de l’est de la Libye, accusant les deux pays d’encourager le « terrorisme ». Ni le pouvoir central de Tripoli, ni les deux pays n’ont réagi à cette annonce. Une annonce qui confirme la division du pays: c’est la première fois qu’un groupe paramilitaire non gouvernemental, en l’occurrence l’autoproclamée « armée nationale » de l’ex-général, met autant de moyens contre les djihadistes, alors que le gouvernement n’a pas réussi à les combattre. Cela dit, la bataille de Benghazi n’est pas encore terminée. Les djihadistes résistent et tiennent leurs positions.
On se retrouve donc face à une opération qui n’est pas menée par l’armée régulière et qu’on ne peut, pour le moment du moins, qualifier de réussite. Parallèlement, le pouvoir de Tripoli reste les bras croisés. L’actuel premier ministre de transition ne s’est pas vraiment prononcé sur ce point, mais on peut considérer que Abdallah Al-Thini ne fait pas partie des plus virulents opposants aux frappes de Haftar contre les djihadistes. De plus, pendant que le général lançait son offensive, Al-Thini était occupé à défendre son poste face au 2e premier ministre, Ahmed Miitig, dont l’élection a finalement été invalidée le 9 juin dernier.
Une situation compliquée, face à laquelle la communauté internationale reste silencieuse et impuissante. Vendredi dernier, la Mission d’appui de l’Onu en Libye (Manul) a annoncé une initiative de dialogue politique entre les protagonistes libyens les plus influents visant à mettre fin à leurs désaccords chroniques. Les diverses parties libyennes devaient se rencontrer avant les prochaines élections législatives, pour élaborer une déclaration contraignante de principes. Rien de tel n’a eu lieu, et l’initiative de la Manul est restée lettre morte. La Libye, c’est toujours, et encore pour longtemps, un Etat sans Etat.
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