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Un ministre éclairé mais controversé

Dina Kabil, Mardi, 24 juin 2014

Pour la seconde fois, Gaber Asfour a été désigné ministre de la Culture. Les avis sont partagés sur sa nomination.

Gaber Asfour
Gaber Asfour

La nomination de Gaber Asfour au poste de ministre de la Culture est une surprise, bonne pour certains et mauvaise pour d’autres. Les « partisans » du Dr Asfour, comme ils préfèrent l’appeler, font la com­paraison entre lui et une longue liste de ministres technocrates de l’Etat qui ont occupé le même poste depuis une quaran­taine d’années. Il est, à leurs yeux, le pen­seur, l’académicien professeur émérite de critique et de littérature arabe dans nombre de prestigieuses universités, auteur d’ou­vrages sur la Renaissance arabe. Il est surtout celui qui a bien géré le Conseil suprême de la culture (entre 1993 et 2007) et qui a fondé le Centre National de la Traduction (CNT). Donc, c’est l’intellec­tuel qui peut « conduire » la culture pen­dant la période à venir, et « lutter » contre l’extrémisme et le conservatisme ambiants.

Ces partisans continuent à considérer les intellectuels comme un ensemble homo­gène qui peut être placé sous la tutelle de l’Etat. Il suffit à leurs yeux d’être penseur éclairé, auteur d’un tas d’ouvrages contre l’obscurantisme religieux, pour être dans la même lignée de l’Etat qui lutte contre le terrorisme.

Or, une mauvaise langue, parmi les jeunes écrivains, fait remarquer que la méthode de Asfour consiste à réformer de l’intérieur, dans le corps bureaucratique même. Pourtant, selon cet écrivain, le grand nombre de festivals, de colloques, de traductions et de publications qui ont vu le jour pendant sa direction de la culture, sous Farouk Hosni, n’a empêché ni la montée du fanatisme religieux, ni sa supré­matie dans les débats artistiques et litté­raires.

Quant à ses adversaires, ce sont les révo­lutionnaires qui ne peuvent pas « pardon­ner » au docteur qu’il a accepté le poste du ministre dans le gouvernement Chafiq en 2011, quelques jours avant le renversement de Moubarak. Ils ne peuvent pas oublier qu’au moment où il prêtait serment devant Moubarak, le sang des martyrs de la révo­lution était versé à Tahrir. Et même lorsqu’il a démissionné après 10 jours seu­lement, c’était pour des « problèmes de santé » et non pas pour protester contre la situation dramatique qui sévissait dans le pays.

Ces figures rebelles, qui se font nom­breux sur la toile, sont surtout contre la mainmise de certains intellectuels, dont les noms ne cessent de se répéter comme s’ils possédaient eux seuls la vérité, la clé de la connaissance alors que la réalité les a dépassés. Aujourd’hui, des voix qui s’élè­vent contre la mainmise de l’Etat sur la culture. Et il y a surtout des espaces cultu­rels alternatifs et indépendants qui s’épa­nouissent loin du monopole étatique. Sans être optimiste, les jours à venir vont révé­ler si le ministre peut prendre en considé­ration ces nouvelles données .

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