Gaber a commencé l'entraînement au Centre olympique de Maadi.
Al-ahram hebdo : Pourquoi avez-vous décidé de retourner à la compétition maintenant ?
Karam Gaber: Dès la fin des derniers Jeux Olympiques (JO) de Londres, j’avais l’intention de disputer les prochains JO. La médaille d’argent que j’ai remportée aux JO de Londres 2012 ne me suffisait pas. Je visais l’or. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de participer aux JO de Rio de Janeiro 2016, afin de remporter une 3e médaille olympique après l’argent de Londres et l’or de Beijing en 2004. Et comme il ne reste que 2 ans avant les JO, il est temps pour que je m’y prépare.
— Pourquoi avez-vous arrêté le jeu depuis la fin des JO 2012 ?
— Il était impossible pour moi d’exercer cette discipline pendant 4 ans. En Egypte, la lutte gréco-romaine est un sport qui ne permet pas de gagner sa vie. Je devais travailler pour subvenir à mes besoins ces dernières années. J’ai travaillé un peu à Dubaï, puis à Charm Al-Cheikh, et enfin au Caire, précisément au Centre des sports de combat. Le plus important c’est la création du centre Karam Gaber pour les sports de combat au Caire. Je me suis concentré plus sur ma vie privée, d’autant que j’avais de grands problèmes avec la Fédération égyptienne de lutte présidée par Hassan Al-Haddad.
— Quels sont ces problèmes ?
— Après les JO de Londres, j’avais une blessure à l’épaule. Mon état nécessitait une opération chirurgicale à l’étranger qui coûtait 120000 euros, mais la Fédération égyptienne de lutte ne m’a accordé que 48000 euros, une somme insuffisante. A l’époque, j’ai senti que la Fédération ne voulait pas payer, alors que j’ai décroché 2 médailles olympiques. J’étais très déçu de la réaction des responsables qui n’ont pas voulu me donner toute la somme alors que je suis un champion. Donc, j’ai pris l’argent mais je n’ai pas fait l’opération. Par conséquent, la Fédération m’a suspendu.
— Avez-vous résolu ces problèmes ?
— Bien sûr. Tous ces problèmes ont été résolus avec Hassan Al-Haddad, président de la Fédération égyptienne. Il a été décidé de restituer l’argent contre la levée de la suspension et le retour à la compétition. J’ai exigé un bon programme de préparation, un cadre technique et un statut professionnel. Ainsi, j’ai repris les entraînements au Centre olympique de Maadi. Au début, j’ai commencé tout seul l’entraînement. J’ai demandé à 3 anciens lutteurs de se joindre à moi au Centre de Maadi, afin de retrouver mon niveau. Ahmad Abdel-Sadeq, Ahmad Al-Achri et Moustapha Al-Nemr ont accepté la proposition. Un peu plus tard, Hassan Al-Haddad m’a fixé un rendez-vous avec le ministre de la Jeunesse et du Sport, Khaled Abdel-Aziz.
— Comment était votre réunion avec le ministre de la Jeunesse et du Sport ?
— Elle était excellente, Khaled Abdel-Aziz est un homme parfait. Nous avons parlé de tous les problèmes et de mes propositions. Après ma rencontre avec lui, j’ai commencé l’entraînement avec plus de sérieux et de concentration. J’ai élaboré un programme de préparation qui s’étend jusqu’aux JO 2016, et qui comporte un grand nombre de stages à l’étranger et des compétitions internationales.
— Après un an et demi loin de la lutte, comment est votre niveau ?
— Malgré cet arrêt, je reste le meilleur lutteur égyptien. J’ai besoin d’un peu de temps et de compétition pour devenir le meilleur lutteur au monde. Je sais que c’est impossible pour un lutteur d’arrêter la compétition pendant une longue période et de retrouver son niveau habituel, mais moi, je peux le faire. La preuve c’est que j’ai remporté une médaille aux JO alors que j’avais arrêté la lutte pendant une longue période. Cette fois-ci, je suis retourné au jeu un peu plus tôt à cause de mon âge. Je ne suis plus vraiment jeune, aujourd’hui, j’ai 36 ans. Mais mon corps est toujours fort et svelte.
— Comment jugez-vous le niveau de la lutte en Egypte ?
— Il est très mauvais malheureusement. L’Egypte ne possède pas beaucoup de lutteurs d’un bon niveau, capables de monter sur le podium olympique. Et cela est à cause du mauvais système qui exclut les meilleurs talents. Les jeunes lutteurs ne s’entraînent pas avec des lutteurs expérimentés et plus âgés qu’eux pour acquérir de l’expérience. Aussi, le niveau des entraîneurs est-il très médiocre. La Fédération ne profite pas de ces anciens lutteurs comme cela se passe dans les autres pays. Aucun de nos anciens lutteurs ne devient entraîneur en Egypte. Par exemple Ahmad Medany est l’entraîneur de la sélection du Maroc, et Mohamad Abdel-Fattah (Bougui) lui aussi est entraîneur à l’étranger. Cela signifie qu’on a peu d’égards envers les grandes figures égyptiennes.
— Quels sont vos objectifs pour l’avenir ?
— Mon premier but est de remporter une médaille aux prochains Championnats du monde en septembre prochain. Il est à noter que malgré mes 2 médailles olympiques, je n’ai jamais remporté de médailles aux Mondiaux seniors, cela reste un rêve à réaliser. Jusqu’en 2016, je vais me concentrer sur l’entraînement, afin d’améliorer mon niveau. Je sais que je suis plus âgé et que j’ai besoin de plus d’entraînement afin d’améliorer mon niveau. Je compte sur l’expérience qui sera mon atout devant la vitesse et la souplesse des jeunes. Mon 2e et principal but est sans doute les Jeux olympiques.
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