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Mauritanie : La course de la présidentielle commence

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 09 juin 2014

La campagne électorale pour la présidentielle mauritanienne du 21 juin a débuté cette semaine. Cinq candidats sont en lice pour ce scrutin boycotté par plusieurs partis de l'opposition, et dont le grand favori est le président sortant Mahomad Ould Abdel-Aziz.

Meetings, soirées sous des tentes traditionnelles et interventions télévisées... Les candidats à la présidentielle mauritanienne ont, dès le 6 juin, date du commencement de la campagne, quatorze jours et quinze nuits pour se présenter aux électeurs. Cette année, chacun bénéficiera d’une heure et demie d’antenne gratuite sur la télévision publique et de deux heures et demie sur Radio Mauritanie. Il faudra aussi compter avec la couverture des nouveaux médias privés qui ont vu le jour depuis la dernière présidentielle de 2009. Outre le président sortant Mahomad Ould Abdel-Aziz, quatre candidats se présentent au scrutin. Mint Moulaye Idriss, une femme de 57 ans, et Biram Ould Dah Ould Abeid, un militant réputé de la lutte contre l’esclavage et président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie) et se présente comme « l’unique candidat sorti des couches défavorisées du peuple ». Les deux autres candidats sont Boidiel Ould Houmeid du parti El-Wiam, et Ibrahima Moctar Sarr de l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation (AJD/MR), deux formations politiques de l’opposition dite « modérée ».

Le financement fera la première différence lors de cette campagne. Si les hommes d’affaires subventionnent parfois plusieurs candidats, ils soignent en priorité celui qui est le mieux placé pour l’emporter. L’équipe de campagne du candidat Biram Ould Dah Ould Abeid a d’ores et déjà dû revoir ses ambitions faute d’avoir les soutiens espérés. En outre, certains estiment que tous les ingrédients d’une campagne déséquilibrée sont là. Le président sortant est donc perçu comme le grand favori. « Nous participons pour profiter d’un espace d’expression mais on sait qu’il n’y aura pas de changement », confie un des candidats en lice, avant d’ajouter : « Contrairement à nous, le président aura tous les moyens de l’Etat pour faire entendre sa voix ».

Quand au chef de l’Etat, il a lancé sa campagne dans le sud du pays, à Kaédi, en affirmant que depuis qu’il est au pouvoir, la Mauritanie a accompli des « pas de géant » dans les domaines de la sécurité et de l’économie.

Lorsqu’il a pris le pouvoir par un coup d’Etat en août 2008, Aziz, un ex-général qui s’est fait élire pour un premier mandat de cinq ans en 2009, Al-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi) était active en Mauritanie où elle commettait attentats et enlèvements. Sept ans plus tard, la Mauritanie apparaît comme un havre de paix dans la bande sahélo-saharienne, grâce, selon le chef de l’Etat, à « la réorganisation des capacités de l’armée et des forces de sécurité ». En 2010 et 2011, l’armée mauritanienne a mené avec succès des raids « préventifs » contre des bases et des unités combattantes d’Aqmi dans le nord du Mali, d’où la branche maghrébine d’Al-Qaëda préparait et lançait ses actions en territoire mauritanien.

Arracher un cessez-le-feu

Selon Mohamad Fall Ould Oumeire, analyste politique et directeur du journal La Tribune, « le premier point sur lequel le succès de Aziz est indéniable est bien celui de la sécurité et la stabilité du pays ». Le chef de l’Etat, président en exercice de l’Union africaine (UA), reste très impliqué dans la résolution du conflit au Mali où, le 23 mai, il a réussi à arracher un cessez-le-feu entre la rébellion touareg et l’armée après une brusque reprise des hostilités à Kidal, dans le nord-est du Mali.Dans le domaine économique, la Mauritanie, vaste pays désertique de 3,8 millions d’habitants, bordant l’océan Atlantique, riche en minerais de fer, aux eaux poissonneuses et qui exploite le pétrole depuis 2006, a enregistré en 2013 un taux de croissance de 6%. Le président Aziz se targue en outre d’avoir fait baisser l’inflation à moins de 5%. Mais, ces succès n’impressionnent pas ses principaux opposants qui dénoncent la caractère « autoritaire » de son régime et ont appelé à boycotter le scrutin. Selon eux, c’est « une mascarade électorale », organisée de manière « unilatérale ».

Des milliers de sympathisants du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU, opposition radicale) ont manifesté mercredi dernier à Nouakchott contre la tenue de l’élection et pour dénoncer « le pouvoir militaire » de l’ex-général Aziz. Le FNDU, qui mise sur un fort taux d’abstention, regroupe les dix partis de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) et le parti islamiste Tewassoul.

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