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Territoires occupés : A l’heure des incertitudes

Abir Taleb , (avec Agences) , Mercredi, 05 février 2025

Alors que Benyamin Netanyahu est à Washington pour une rencontre avec Donald Trump, des doutes s’installent quant à l’application de la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza et plus globalement à l’ensemble de la question palestinienne.

Territoires occupé

C’est une visite forte en symboles. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, arrivé dimanche 2 février à Washington, est le premier responsable de haut niveau à être reçu par le président américain, Donald Trump, deux semaines à peine après son investiture. Cela en dit long sur l’alliance indéfectible entre les deux pays, mais aussi et surtout entre les deux hommes. Une visite au timing tout aussi important : la reprise prévue des discussions pour la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza et les doutes qui l’entourent ; la poursuite de l’offensive de l’armée israélienne en Cisjordanie et les interrogations sur ses portées.

En effet, au moment où Netanyahu s’envolait pour les Etats-Unis, son armée élargissait son offensive en Cisjordanie : à Jénine et le camp de réfugiés de Faraa qui la jouxte, ainsi que dans plusieurs villages, puis qu’à Tulkarem, où un couvre-feu a été imposé. Une offensive d’une grande violence qui semble s’inscrire dans la durée. Et surtout qui interpelle quant à ses velléités alors que de nombreuses voix en Israël appellent ouvertement à l’annexion de la Cisjordanie. La présidence palestinienne a dénoncé, lundi 3 février, le « nettoyage ethnique » commis par Israël de la Cisjordanie occupée et a demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU, alors qu’Israël continue d’avancer comme prétexte la traque des « terroristes ».

En parallèle, après de nouveaux échanges de prisonniers et d’otages, les négociations sur la suite de l’accord de cessez-le-feu doivent reprendre dans les jours à venir par médiateurs interposés. Les discussions à venir porteront notamment sur « la prévention d’un retour à la guerre, le retrait militaire » israélien de Gaza et « les critères » des échanges des derniers otages israéliens et des prisonniers palestiniens, a indiqué lundi à l’AFP un responsable du Hamas.

La deuxième phase est censée permettre la libération des derniers otages retenus dans la bande de Gaza et la fin définitive de la guerre. Mais le sort des pourparlers est inconnu, vu les intentions douteuses d’Israël. En effet, avant de prendre l’avion pour Washington, Netanyahu a déclaré que ses discussions avec Trump qui se sont tenues mardi 4 février (ndlr : leurs résultats n’étaient pas connus au moment de l’impression du journal) seront axées sur « la victoire contre le Hamas, le retour de tous nos otages et la lutte contre l’axe iranien dans toutes ses dimensions ». Or, parler de « la victoire contre le Hamas » signifie tout simplement que la guerre que lui livre Israël n’est pas finie.

Mais au-delà de l’application des phases 2 et 3 du cessez-le-feu, l’inquiétude est de mise quant à l’avenir de la question palestinienne et de la région : le premier ministre israélien a jugé qu’en « travaillant étroitement » avec Donald Trump, il serait possible de « redessiner encore davantage » la carte du Moyen-Orient.

Messages contradictoires

Autre raison qui pousse au scepticisme, les messages contradictoires de Washington. Lundi 3 février, Trump a reconnu n’avoir « aucune garantie » que le cessez-le-feu en cours se prolonge. Son émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui était présent à ses côtés, a ajouté : « Cela tient jusqu’ici et nous avons certainement l’espoir (...) de faire sortir les otages et de sauver des vies et d’arriver, nous l’espérons, à une résolution pacifique de tout cela ». Une déclaration qui en dit long : Witkoff a bien parlé de la libération du reste des otages, mais pas de la fin définitive de la guerre. D’autant plus qu’une partie de la coalition gouvernementale israélienne veut reprendre la guerre contre Gaza dès la fin de la première phase du cessez-le-feu. A défaut, le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, menace de quitter le gouvernement, ce qui priverait Benyamin Netanyahu de la majorité. Le premier ministre israélien joue donc sa survie et, pour de nombreux observateurs, il veut s’assurer de préserver sa relation privilégiée avec Donald Trump tout en gardant les coudées franches pour aller de l’avant dans ses plans.

Mais le plus grave n’est pas là. A un journaliste qui lui demandait s’il était favorable à une annexion de la Cisjordanie occupée par Israël, Donald Trump a répondu : « Je ne vais pas parler de ça », ajoutant toutefois qu’Israël était « un très petit pays en termes de territoire ». C’est tout dire.

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