Le rétablissement de la sécurité est l’un des dossiers les plus chauds qui préoccupe l’opinion publique depuis la révolution du 25 janvier. Les regards des électeurs sont braqués sur cette notion dans les discours des deux candidats.
Le maréchal est perçu par le grand public comme celui qui saura rétablir la sécurité dans le pays, théâtre de violences quasi quotidiennes. Il a affirmé dans une de ses apparitions télévisées que « si je remporte la présidentielle, je vais donner plus de soutien à la police, et l’armée va aider la police si nécessaire. La période à venir devrait voir apparaître des sanctions plus fermes dans le cadre de la restauration de la sécurité et de la stabilité de la rue », car, dit-il, « le ministère de l’Intérieur a connu depuis deux ans une destruction de ses fonds et bâtiments ».
Pour l’expert militaire Talaat Mossallam, Sissi veut montrer l’image d’un président ferme qui ramènera la sécurité : « Même s’il n’approfondit pas sa vision vis-à-vis du secteur sécuritaire, l’expérience de Sissi est sûrement plus grande dans ce secteur que celle de son rival Sabahi qui insiste dans son discours sur la restructuration du ministère de l’Intérieur ».
En effet, la restructuration sécuritaire est vue d’un oeil différent par Sabahi qui insiste sur la nécessité d’une purification de l’appareil sécuritaire. « La doctrine du ministère de l’Intérieur doit être la sécurité du citoyen et non celle du régime. La priorité sera donnée à la loi. C’est dans ce cadre que le ministère de l’Intérieur doit être restructuré. Les droits de l’homme doivent être respectés, et la dignité du citoyen doit être à la base de la relation entre la police et les Egyptiens ».
Pour certains spécialistes, aucun des deux candidats n’a pourtant présenté de mécanisme clair qui refléterait sa vision pour l’avenir sécuritaire de l’Egypte. Pour l’expert sécuritaire Mahmoud Katari, « Sissi et Sabahi se sont contentés de lancer des slogans rassurants pour leurs partisans et aucun n’a présenté de plan précis pour ce dossier épineux de la sécurité. Certains propos du maréchal restent étranges tels que dire que le ministère de l’Intérieur accomplit un travail sans précédent au moment où la police est devenue la cible des terroristes. De plus, dire que l’armée pourra aider la police si nécessaire est une grave erreur dans le plan sécuritaire ».
La lutte contre le terrorisme devra, aux yeux de Sissi, commencer à partir du Sinaï. « Jusque-là, tout se passe bien dans le Sinaï. Les Egyptiens doivent se rassurer puisque l’armée s’en occupe », prétend le candidat militaire. Sabahi, lui, partage le même avis sur la nécessité de lutter contre le terrorisme à partir du Sinaï. Il dresse pourtant un lien fort entre la lutte contre le « terrorisme » et la vision économique et politique. Pour lui, la priorité est au développement de la péninsule : « Ceci aidera à mettre fin au terrorisme ». Pour Katari, « si le dossier sécuritaire n’est pas traité de manière plus pragmatique et sérieuse par les deux candidats, il y a peu de chances que l’Etat puisse se redresser ».
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