Le rapport du Fonds Monétaire International (FMI) prévoit la stabilité de la croissance mondiale à 3,3 % cette année et l’année prochaine, ce qui correspond globalement à son potentiel, qui s’est considérablement affaibli depuis la période qui a précédé la pandémie. « Même si les perspectives de la croissance mondiale restent globalement inchangées par rapport à octobre dernier, les disparités entre les pays s’accentuent », souligne Pierre-Olivier Gourinchas, conseiller économique et directeur des études du FMI, dans un communiqué de presse publié parallèlement au rapport. Le rapport a signalé la révision à la hausse des perspectives de croissance des Etats-Unis, qui « afficheront des résultats supérieurs aux projections précédentes, portés par une demande intérieure qui reste vigoureuse ». « Nous avons donc relevé notre projection de croissance pour les Etats-Unis cette année de 0,5 % à 2,7 % en 2025 et 2,1 % en 2026 », dit le rapport, qui a en outre révisé à la baisse ses prévisions de croissance dans la zone euro par rapport aux projections d’octobre dernier. « Les tensions géopolitiques continuent de peser sur la confiance plus faible que prévue à la fin de 2024, en particulier dans le secteur manufacturier. L’incertitude explique une révision à la baisse de la croissance de 0,2 % pour atteindre 1 % en 2025 », souligne le rapport. Il explique la persistance d’un choc négatif lié aux prix du gaz en Europe, restant ainsi cinq fois plus élevés qu’aux Etats-Unis alors qu’ils n’étaient que deux fois plus élevés avant la pandémie. Le rapport prévoit la montée de la croissance à 1,4 % en 2026 aidée par une demande intérieure plus forte.
Au Moyen-Orient et en Asie centrale, la croissance devrait s’accélérer, mais moins que prévu en octobre. Cela reflète principalement une révision à la baisse de 1,3 % de la croissance saoudienne en 2025. Selon l’institution internationale, cela revient principalement à la prolongation des réductions de production de l’OPEP+.
La croissance en Afrique subsaharienne devrait s’accélérer en 2025, tandis qu’elle devrait ralentir dans les pays émergents et en développement d’Europe.
Le rapport du FMI prévoit le ralentissement de l’inflation au niveau mondial à 4,2 % cette année et à 3,5 % l’année prochaine. En revanche, le rapport avertit des réorientations stratégiques de la nouvelle Administration américaine qui vont probablement entraîner l’inflation vers le haut à court terme par rapport à son scénario de référence. Certaines actions annoncées, telles que l’assouplissement de la politique budgétaire ou les efforts de déréglementation, stimuleront la demande globale et feront accélérer l’inflation à court terme, car les dépenses et l’investissement augmenteraient instantanément. D’autres mesures, telles que le relèvement des tarifs douaniers ou des restrictions en matière d’immigration, auront l’effet de chocs négatifs sur l’offre en réduisant la production et en accentuant les pressions sur les prix. Pierre-Olivier Gourinchas explique que la conjonction d’une poussée de la demande et d’une contraction de l’offre aurait probablement pour conséquence de réveiller les pressions sur les prix aux Etats-Unis, même si l’effet sur la production économique à court terme serait ambigu. L’accélération de l’inflation empêcherait la Réserve fédérale d’abaisser les taux d’intérêt et elle pourrait même nécessiter des relèvements de taux qui auraient pour effet de renforcer le dollar et de creuser les déficits extérieurs des Etats-Unis. « L’association d’un resserrement de la politique monétaire américaine et d’un dollar plus fort durcirait les conditions financières, en particulier pour les pays émergents et les pays en développement. Les investisseurs anticipent déjà ce scénario, puisque le dollar s’est apprécié d’environ 4 % depuis l’élection de novembre 2024 », explique-t-il.
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