Plusieurs tables rondes ont été organisées cette semaine afin d’échanger avec toutes les parties concernées sur les détails du nouveau système de baccalauréat proposé par le ministre de l’Education et de l’Enseignement technique, Mohamed Abdellatif. Ce système, destiné à remplacer l’actuel programme de la Thanawiya Amma, a déclenché de vifs débats depuis son annonce. Face aux nombreuses interrogations, le ministre a initié ce dialogue communautaire pour répondre aux préoccupations, identifier les faiblesses du projet et les corriger.
L’objectif principal de cette réforme est de simplifier le parcours scolaire en réduisant le nombre de matières étudiées, tout en proposant une orientation diversifiée et adaptée aux aspirations des élèves. Par ailleurs, il vise à améliorer les conditions d’apprentissage et à alléger la pression sur les étudiants et leurs familles.
Le gouvernement prévoit d’analyser les retours issus des consultations pour finaliser et déployer cette réforme. « Le nouveau système de baccalauréat se divise en deux phases : une phase préparatoire (première année secondaire) et une phase finale regroupant la deuxième et la troisième année secondaire. Les élèves auront la possibilité de repasser leurs examens de deuxième et de troisième années pour un coût de 500 L.E. par examen supplémentaire », a expliqué le ministre de l’Education, en précisant que les élèves issus de familles défavorisées seront exemptés de ces frais. « Avec ce nouveau système, les élèves étudieront 7 matières en deux ans au lieu de 15 et passeront 4 examens au lieu de 2, comme c’était le cas dans l’ancien système », a ajouté le ministre, affirmant que cette réforme offrirait davantage de flexibilité et allégerait la charge des étudiants.
Structure du nouveau système
Lors de la phase préparatoire (première année secondaire), les matières essentielles incluent l’éducation religieuse, la langue arabe, l’histoire, les mathématiques, les sciences intégrées, la philosophie, la logique et une langue étrangère au choix. Certaines matières, comme la deuxième langue étrangère et l’informatique, ne seront pas incluses dans le calcul du total des notes.
En deuxième année secondaire, pour la filière scientifique, les matières essentielles comprennent la langue arabe, l’histoire de l’Egypte et une première langue étrangère, en plus de matières de spécialisation comme médecine et sciences de la vie, mathématiques et physique, ingénierie et informatique, chimie et programmation, comptabilité et gestion, arts et littérature, psychologie et deuxième langue étrangère.
En troisième année secondaire, les matières principales incluront l’éducation religieuse. Les élèves pourront ensuite choisir une spécialisation, par exemple en sciences, avec des options comme la biologie, la chimie, l’ingénierie, les mathématiques ou la physique, en fonction de leurs aspirations et des exigences de l’enseignement supérieur.
Critiques
Le projet a suscité des critiques. L’ex-ministre de l’Education, Reda Hegazy, a dénoncé la précipitation dans la mise en oeuvre de ce système, soulignant que des aspects essentiels demeurent non résolus. Il a également mis en garde contre l’exclusion de matières fondamentales comme l’arabe et l’anglais, affirmant que cela pourrait nuire aux performances universitaires des élèves. Selon lui, il serait préférable d’introduire la réforme progressivement, en commençant par les classes préparatoires. « Des tentatives similaires par le passé ont échoué, car elles imposaient un fardeau excessif aux familles », a-t-il rappelé. Maha Abdel-Nasser, membre du comité de l’enseignement au Parlement, partage cet avis. Elle a critiqué l’exclusion de certaines matières, notamment la deuxième langue étrangère, du calcul des résultats finaux, arguant qu’elles sont cruciales pour l’apprentissage universitaire.
Cependant, d’autres experts adoptent une approche plus favorable. Mohamed Kamal, professeur à l’Université du Caire, soutient que la réforme est nécessaire pour moderniser le système éducatif égyptien et l’aligner sur les standards internationaux. « Le système actuel ne répond pas aux exigences du marché du travail. Le gouvernement cherche à s’inspirer de modèles internationaux qui ont fait leurs preuves », a-t-il déclaré.
Le projet de réforme du baccalauréat divise, mais il marque une tentative ambitieuse de moderniser l’éducation en Egypte. Reste à savoir si le gouvernement saura relever le défi de son application tout en répondant aux attentes des différentes parties concernées.
Lien court: