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L’accord de cessez-le-feu est parsemé de mines qui pourraient faire exploser la situation plus tard : expert égyptien

Maha Salem , Vendredi, 17 janvier 2025

Saïd Okasha, rédacteur en chef du magazine Mokhtarat Israëliya (sélections israéliennes) revient sur certains points de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, signé mercredi 15 janvier avec la médiation de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis, et qui doit entrer en vigueur dimanche 19 janvier.

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La bande de Gaza a besoin de plus de 15 ans pour être reconstruire, selon les rapports de l'ONU. Photo : AFP

Ahraminfo : Après l’accord de cessez-le-feu, les frontières entre l'Egypte et Gaza seront réouvertes. Comment vous voyez la situation ?


Saïd Okasha : L’Egypte a une position forte et claire contre la présence d’Israël dans le couloir de Philadelphie à sa frontière. Elle insiste sur le retrait total et immédiat de toutes les forces israéliennes, mais pour encourager les deux camps, israélien et palestinien, à conclure l’accord de cessez-le-feu et mettre fin aux souffrances des palestiniens, Le Caire a accepté un retrait israélien graduel qui doit s'achever au terme du 50ème jour de l’entrée en vigueur de l’accord. On n’a pas encore d'informations sûres sur la gestion de ce couloir après cette période. Mais une délégation de l’Union européenne est déjà arrivée au Caire pour discuter de cette question en prenant en considération l’accord signé en 2005 entre l’Egypte et Israël sur la gestion des couloirs, des terminaux et des points de passage. Cette délégation va surveiller la situation. Par ailleurs, un « comité de soutien à Gaza » composé des personnalités publiques palestiniennes approuvées par les Israéliens sera formé et il devra partager la gestion du couloir de Philadelphie et du terminal du Rafah. L’Egypte déploie des efforts pour achever la formation rapide de ce comité. Le Caire tente de rapprocher les points de vue entre les factions palestiniennes.


 
Qu’est ce qui garantit qu’Israël appliquera tous les points de l’accord ?

Israël continuera à mon avis à lancer des attaques dans le sud, en dépit du cessez-le feu. Il ne faut donc pas s'attendre à un engagement israélien total en ce qui concerne l’application de l’accord. Par exemple, l’accord prévoit un arrêt de toute activité aérienne israélienne pendant 10 heures par jour. Rien n’empêchera Israël de frapper pendant les 14 heures restantes. Israël peut utiliser utiliser différents prétextes pour continuer à frapper la bande de Gaza. Il peut par exemple dire que certains bâtiments servent de centres d’entraînement au Hamas. L'armée israélienne doit théoriquement se retirer progressivement de Gaza à l'exception d'un périmètre de sécurité encore non déterminé. Mais qu'est-ce qui empêche les Israéliens de rester et de ne pas se retirer.

Certaines clauses de l’accord ne sont pas claires. Comme par exemple les « garanties américaines » au gouvernement israélien d’extrême droite, qui ne sont pas détaillées. Personne ne parle de ces garanties et on ne sait pas de quoi il s’agit vraiment. Un autre point ambigu : la reconstruction de Gaza ne commencera que lorsque les deux camps se seront mis d’accord sur qui va diriger la bande de Gaza.

Comment vous voyez la gestion de la bande de Gaza après l’accord ?

Qui dirigera la bande de Gaza est une question épineuse. Israël refuse que l’enclave soit gérée par les Palestiniens de la bande, même sous la direction l’autorité palestinienne (qui gère la Cisjordanie occupée), car il craint l’infiltration des combattants palestiniens qui ont participé à la guerre. Israël exige aussi une présence militaire, une sorte de surveillance dans la bande de Gaza. Ces deux demandes ont été refusées par les factions palestiniennes. Ces dernières, Autorité palestinienne inclus, revendiquent une gestion palestinienne de Gaza ce que refuse l’extrême droite israélienne, car une administration palestinienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie serait le point de départ pour l’instauration d’un Etat palestinien et donc de la solution des deux Etats. Certains négociateurs ont suggéré la formation d’un comité sous la direction de la communauté internationale et des pays arabes comme les Emirats Arabes Unis et le Qatar, mais personne ne connait encore le sort de cette proposition.
 

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