Al-Ahram-Hebdo : L’Egypte a été qualifiée pour la première fois de son histoire à la Coupe du monde après avoir remporté une 4e place aux Championnats d’Afrique des Nations (CAN) en RD Congo. Que représente pour vous cette qualification ?
Marwa Abdel Malek : L’Egypte s’est qualifiée pour la première fois de son histoire à la Coupe du monde grâce à sa 4ᵉ place aux Championnats d’Afrique des Nations (CAN) qui se sont déroulés en République démocratique du Congo. Ce tournoi a été extrêmement compétitif, rassemblant les meilleures équipes du continent. Notre qualification est d’autant plus significative que nous avons dû affronter des nations expérimentées, comme l’Angola, le Cameroun et la Tunisie, toutes habituées à ces grandes compétitions. Cette qualification représente bien plus qu’un simple accomplissement, c’est l’aboutissement de deux années de travail, de sacrifices et de détermination, non seulement pour moi, mais aussi pour toute l’équipe. Elle symbolise aussi une immense fierté, car nous avons réussi à écrire une nouvelle page de l’histoire du handball féminin en Egypte.
Cette qualification est encore plus spéciale quand on considère que notre équipe est jeune, créée seulement en 2022. En très peu de temps, nous avons réussi à acquérir un niveau qui nous permet de rivaliser avec de grandes nations africaines plus expérimentées.
— Pouvez-vous nous retracer les étapes majeures qui ont permis d’atteindre cette qualification historique ?
— Dans les premiers tours, l’Egypte a pu se classer 2e dans son groupe qui renferme des équipes africaines très fortes comme le Sénégal, le Congo, l’Algérie et le Kenya. Le match le plus décisif était avec la RD Congo, pays hôte, lors duquel nous avons triomphé 23-22, avec un point d’écart seulement. Cette victoire serrée nous a ouvert les portes des demi-finales du championnat. Le fait d’éliminer le pays hôte dans ce match était un vrai exploit pour nous. La gardienne de l’équipe Mai Gomaa, élue meilleure gardienne de ce match, était le grand protagoniste de cette victoire. Par ses arrêts décisifs et sa constance, elle a su contenir les assauts très forts de l’équipe adverse. En demi-finales, on a affronté la Tunisie, une des équipes africaines les plus fortes. Grâce à une solide défense, la Tunisie a su résister à nos assauts et a pu s’imposer 25-22. Par cette défaite, l’Egypte a terminé à la 4e place et la Tunisie a décroché la médaille de bronze. Nous espérions décrocher une médaille, mais cette performance reste un grand pas en avant pour notre équipe.
— Pouvez-vous nous raconter les débuts de cette jeune équipe créée en 2022 ?
— La dernière apparition de la sélection féminine était en 2012 lors des Championnats d’Afrique du Maroc où elle a occupé une 9e place. Avant cette date, la fédération créait des sélections de plusieurs clubs pour participer aux différentes compétitions africaines. En 2020, un groupe de handballeuses égyptiennes qui évoluent à l’étranger, comme Rehab Gomaa et moi, a milité sur les réseaux sociaux réclamant la création d’une sélection dames de handball. En 2022, après 10 ans d’absence, la Fédération égyptienne de handball a répondu à nos réclamations et a décidé de créer une sélection féminine. En seulement deux ans d’existence, cette jeune équipe a réussi à réaliser l’exploit de se qualifier pour la Coupe du monde pour la première fois de son histoire. L’ancienne équipe nationale, qui existait avant 2012, avait réalisé plusieurs exploits au niveau africain mais n’avait jamais réussi à se qualifier pour une Coupe du monde.
— Vous êtes la première handballeuse égyptienne à évoluer dans un club européen. Pensez-vous que cette expérience à l’international ait contribué à la qualification historique de l’Egypte à la Coupe du monde ?
— Evoluer dans un club européen comme le club français Nice a été une expérience déterminante pour moi. Avant Nice, j’ai évolué pendant 5 ans dans le club français La Rochelle où j’ai beaucoup profité en tant que débutante professionnelle. Cela m’a permis de jouer à un niveau plus élevé, de côtoyer des joueuses expérimentées et d’apprendre des styles de jeu différents. Ces apprentissages ont enrichi ma vision du handball et m’ont permis d’apporter une plus grande valeur à l’équipe nationale. Je pense que cette expérience a effectivement contribué à notre qualification, car j’ai pu partager avec mes coéquipières des stratégies et des méthodes qui nous ont aidées à rivaliser avec des équipes bien plus expérimentées lors des Championnats d’Afrique.
— Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels l’équipe devra faire face lors de la Coupe du monde ?
— Ce ne sera pas une mission facile du tout. La Coupe du monde rassemble les meilleures équipes du monde et le niveau de compétition sera extrêmement élevé. Nous allons affronter des équipes beaucoup plus expérimentées, avec une longue tradition dans le handball féminin. L’un des principaux défis sera de maintenir notre concentration et de gérer la pression de ce niveau mondial. Parmi les principaux défis auxquels nous faisons face, il y a le manque de compétitions internationales. Pour progresser, l’équipe a besoin de jouer contre des équipes plus fortes, ce qui lui permettrait d’acquérir davantage d’expérience et de mieux se préparer pour des tournois d’un tel niveau. Malheureusement, l’équipe se limite pour l’instant à des matchs contre des clubs nationaux, ce qui n’est pas suffisant pour rivaliser avec les grandes nations du handball. Nous demandons donc à la fédération de nous fournir une préparation solide, avec des stages intensifs et des rencontres internationales, afin que nous puissions être à la hauteur de cette compétition mondiale. Malgré toutes ces difficultés, nous sommes déterminées à donner le meilleur de nous-mêmes et à représenter fièrement l’Egypte sur la scène internationale.
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