Seuls les Syriens détenteurs d’une résidence temporaire ont le droit d’entrer en Egypte. La décision, annoncée par l’Autorité de l’aviation civile, est appliquée depuis le 1er janvier. « L’Autorité égyptienne de l’aviation civile souhaite attirer l’attention des compagnies aériennes et des agences opérant en Egypte sur le fait qu’il a été décidé de ne pas autoriser l’accueil de passagers syriens venant de différents pays du monde, à l’exception des détenteurs d’une résidence temporaire non touristique », précise-t-on.
Une procédure qui intervient après la chute du régime de Bachar Al-Assad, suscitant une interrogation. Expliquant cette démarche, le président de l’Autorité de l’aviation civile, Amr Al-Sharkawy, a expliqué à l’Hebdo que ce n’est pas la première fois que les autorités égyptiennes prennent une décision pareille. « De telles mesures sont prises pour les ressortissants de n’importe quelle région de conflit. La décision est déjà appliquée aux Libyens, aux Yéménites, ainsi qu’aux citoyens d’autres pays tels que l’Ukraine, ce n’est donc pas une interdiction absolue de l’entrée de tous les Syriens », explique-t-il.
L’Autorité de l’aviation civile avait auparavant décidé que les Syriens ayant le statut de résident européen, américain ou canadien ne peuvent entrer en Egypte sans obtenir une autorisation sécuritaire, en plus des Syriens titulaires d’un visa Schengen et des Syriens mariés à des Egyptiens. « Des amendes administratives seront imposées aux compagnies aériennes et aux agences opérant en République arabe d’Egypte qui enfreindraient ces instructions », avertit l’Autorité de l’aviation civile.
Une question de sécurité nationale
Les décisions sont très claires et ne prêtent à aucune confusion, commente le général Khaled Okasha, directeur du Centre de la pensée et des études stratégiques, expliquant qu’« il est question de régularisations en raison de la situation instable en Syrie ». Et d’ajouter : « Il s’agit également d’empêcher l’infiltration de personnes recherchées par les agences de sécurité régionales ou internationales, en particulier après l’annonce par le nouveau régime de l’octroi de la nationalité syrienne à certains non-Syriens qui ont collaboré avec lui en signe de récompense et de reconnaissance ». Selon l’expert, qui précise que plusieurs autres pays ont pris des décisions similaires, les autorités sont conscientes des risques potentiels, d’autant plus qu’à l’heure qu’il est, les institutions des affaires civiles et les appareils de sécurité syriens avec lesquels les autorités égyptiennes doivent coordonner sont inexistants.
Toutefois, l’Egypte continue à accueillir un grand nombre de Syriens qui résident en toute sûreté sur ses territoires. « Les Syriens sont de chers invités », vient de déclarer le président Abdel Fattah Al-Sissi. Et, comme l’a dit Okasha, « il est évident que ces procédures exceptionnelles ne dureront pas pour toujours et qu’elles seront levées dès que la situation en Syrie aura été plus stable »
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), environ 1,5 million de Syriens résident actuellement en Egypte, dont 148 000 enregistrés auprès du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) au Caire. La plupart d’entre eux hésitent encore à rentrer au pays, à l’instar de Mohanad, un Syrien de 45 ans résidant au Caire. « La situation en Syrie n’est pas stable et l’avenir reste confus. Raison pour laquelle ma décision est de rester en Egypte et de ne pas en sortir pour le moment, d’autant que les récentes décisions ne citent pas des durées limites pour leur application. Je vis ici depuis des années et j’ai commencé un petit projet en ouvrant un restaurant, je ne veux pas tout perdre », estime-t-il. Après la chute du régime d’Assad, quelques centaines seulement de Syriens ont quitté l’Egypte pour rentrer chez eux. Un nombre limité en comparaison, par exemple, aux 40 000 Syriens qui ont quitté la Turquie depuis le 3 décembre pour rentrer dans leur pays.
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