Ahly ne fait plus peur. Une phase qui semblait absurde il y a à peine trois mois semble plus proche de la vérité aujourd’hui. Lors des sept derniers matchs, toutes compétitions confondues, les Rouges n’ont remporté que deux victoires : un large succès face au CR Belouizdad (6-1), en Ligue des champions africaine à domicile, et une victoire en championnat contre Masry (2-0). Cette équipe, qui incarnait la terreur du football égyptien et continental ces dernières années, semble aujourd’hui dépourvue de maîtrise.
Sous la houlette de Marcel Koller, les Rouges pointent à la troisième place du championnat avec 12 points après six journées (trois victoires et trois nuls), signant ainsi l’un de leurs débuts de saison les plus médiocres depuis plus d’une décennie. Vendredi dernier, Ahly a concédé sa première défaite en Ligue des champions africaine depuis trois ans (1-0 contre le CR Belouizdad), mettant fin à une série record de 27 matchs d’invincibilité. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un effondrement à la manière de Manchester City, cette période de doute inquiète à l’approche de la Coupe du monde des clubs cet été. Les raisons sont nombreuses, mais le malaise n’est pas profond.
Blessures en série
L’infirmerie d’Ahly est toujours remplie. Les deux latéraux titulaires, Ali Maaloul et Mohamed Hani, sont absents depuis le début de la saison à cause de blessures graves à la cheville et au genou respectivement. L’attaquant Taher Mohamed Taher, excellent en début de saison, est écarté pour au moins quatre semaines en raison d’une déchirure musculaire. L’ailier marocain Reda Slim, quant à lui, manquera le reste de la saison après une blessure au genou nécessitant une opération. D’autres joueurs-clés, tels que Hussein El Shahat, Marwan Attia, Omar Kamal et Yasser Ibrahim, ont également été indisponibles temporairement.
Bien que Koller (64 ans) ait fait preuve de pragmatisme dans la gestion de l’effectif ces deux dernières saisons, le calendrier chargé, un match tous les quatre jours, a contribué à l’aggravation des problèmes physiques de ses joueurs.
Appels à une réforme
Face à cette situation, la direction du club subit des pressions pour investir massivement sur le marché des transferts en janvier. Alors que le principal problème résidait auparavant dans le manque de réalisme offensif, l’équipe peine aujourd’hui à créer des occasions et souffre d’un déficit de créativité. Wessam Abou Ali, meilleur buteur de la saison passée, ne reçoit plus les services nécessaires pour marquer, tandis que Hussein El Shahat, récent candidat au titre de meilleur joueur interclubs, affiche seulement quatre buts en 15 apparitions toutes compétitions confondues.
Percy Tau, en fin de contrat et annoncé sur le départ cet hiver, ne semble pas avoir la tête avec l’équipe. Le talisman Emam Ashour tarde à retrouver sa meilleure forme. Quant à Mohamed El Shennawy, capitaine et gardien de l’équipe, il traverse une crise de confiance. Ses récentes contre-performances, notamment une erreur fatale contre le CR Belouizdad, ont poussé une partie des supporters à réclamer la titularisation de Mostafa Shobeir, qui fait grande impression à chaque fois qu’il est convoqué dans les cages.
Avec une moyenne d’âge de 27 ans et un onze de départ qui dépasse les 28,7 ans en moyenne, l’équipe manque de renouveau. Les arrivées estivales, comme celles des Marocains Achraf Dari et Yahia Attiat Allah, ou encore du défenseur Youssef Ayman et Omar Al Sayii, n’ont pas eu l’impact escompté. Sayed Abdel-Hafiz, ancien directeur du football du club, a critiqué la stratégie de recrutement : « Ces renforts compensaient des départs majeurs comme ceux de Mohamed Abdelmonem et Aliou Dieng, mais l’équipe n’a pas progressé. Il faut investir davantage ».
Pour tenter de redresser la barre, Ahly a déjà recruté Hamdi Fathi, ancien milieu du club. La priorité reste cependant de trouver un ailier et un attaquant étrangers capables de hausser le niveau de jeu.
Koller mis en question
L’homme qui a écopé 10 trophées lors des deux dernières saisons avec les Rouges ne fait plus l’unanimité maintenant. Sa gestion du groupe est de plus en plus critiquée et certains anciens joueurs et une partie des supporters estiment que le technicien suisse est une partie du problème plutôt qu’une solution. Une gestion hasardeuse de l’effectif, un manque de discipline et une absence d’innovation tactique lui sont reprochés. Le nom de René Weiler, très apprécié lors de son passage en 2020, revient avec insistance pour reprendre les rênes avant le Mondial des clubs.
Cependant, pour la direction du club, il n’y a pas de décisions à prendre ; elle garde confiance en son technicien suisse pour remettre les pendules à l’heure. Il s’agit uniquement d’une mauvaise période, pas encore d’une crise, mais vu que c’est Ahly, la pression est énorme. L’idée maintenant est de trouver les bons éléments, mais surtout de reconstruire l’esprit du groupe et de faire remonter la confiance après une dernière période d’incertitude.
« Oui, nous traversons une mauvaise période, mais nous n’avons pas perdu grand-chose. Je vais travailler à remotiver les joueurs et à relancer notre saison », a déclaré l’entraîneur lors de sa dernière conférence de presse.
Avec sept matchs prévus en 23 jours ce mois-ci, le calendrier ne laisse guère de répit. Pour Ahly, la priorité sera de rétablir la confiance et de reconstruire l’état d’esprit collectif, en espérant que cette mauvaise passe restera une simple alerte.
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