Samedi, 18 janvier 2025
Al-Ahram Hebdo > Arts >

Les pros reviennent en force

Yasser Moheb , Mercredi, 01 janvier 2025

Le film Al-Harrifa 2 (les pros 2) est à la hauteur des attentes, après le succès incontesté du premier volet, projeté il y a un an. Porté par un casting impressionnant de jeunes interprètes, il explore des thèmes sociaux et psychologiques qui résonnent en nous.

Les pros reviennent en force
Des personnages complexes portés par un casting impressionnant.

Si le premier volet du film Al-Harrifa (les pros), sorti au début de l’année 2024, avait déjà marqué les esprits, le deuxième parvient à renouveler l’intérêt, tout en conservant l’essence de ce qui a fait son succès.

Al-Harrifa 2, actuellement dans les salles égyptiennes, poursuit l’histoire des mêmes protagonistes dans un monde de plus en plus complexe. Le film aborde l’évolution de leurs relations et de leurs luttes personnelles, tout en étayant un suspense dramatique constant. La narration est rythmée et riche en rebondissements qui tiennent le spectateur le plus souvent en haleine. Elle offre une vision nuancée des personnages et des situations, en créant une tension dramatique.

Ce film n’est pas une simple histoire, mais une exploration de certaines zones d’ombre qui habitent l’âme des jeunes générations en Egypte comme partout dans le monde. L’intrigue d’Al-Harrifa 2 reprend là où le premier film s’était arrêté, mais cette fois-ci, les enjeux sont plus grands.

On suit le personnage principal Magued — joué par Nour Al-Nabawi — qui n’arrive pas à réaliser son rêve de jouer au Portugal à cause d’un problème de santé. Alors, il retourne en Egypte pour réaliser un rêve commun de son groupe d’amis, Les Pros. Le film nous plonge ainsi dans un monde où les maux des jeunes et la quête de justice sont au coeur des préoccupations des personnages.

Dès les premières scènes, la quête de la rédemption semble être un but inabordable. L’intrigue est nourrie par les luttes internes de chacun, mais aussi par le contexte social qui les façonne. L’histoire suit un chemin arrondi où les obstacles, et parfois la corruption et l’injustice, sont omniprésents. Les tentatives de recouvrement sont constamment remises en question par les choix difficiles imposés par la réalité sociale.

Le film ne se contente pas de livrer une intrigue centrée sur la recherche de réussite ou de justice, mais se penche sur le coût psychologique de ces choix. La narration — faite par Al-Nabawi lui-même — nous montre à quel point l’autoréalisation et l’autosatisfaction peuvent être inaccessibles dans une société où les jeunes sont déséquilibrés et les individus souvent laissés à leur propre sort.

Le scénario, signé Iyad Saleh, s’avère bien ficelé et les twists narratifs sont peu nombreux mais expressifs, sans pour autant perdre le spectateur dans des détours inutiles. Il parvient à maintenir un équilibre entre le développement riche des personnages et la tension dramatique croissante qui saisit l’attention du spectateur du début jusqu’à la fin.

Alchimie bien réussie

L’une des grandes aubaines d’Al-Harrifa 2 réside dans la qualité des performances de ses héros. Les personnages principaux du film, incarnés par Nour Al-Nabawi, Ahmad Ghozzi, Ahmad Harb dit « Wegz », Nour Ihab, Selim Hani, Abdel-Rahman Mohamad et Nourine Abou-Seeda — tout aux côtés de la présence charismatique d’Asser Yassine, Ahmad Fahmi et Asmaa Galal — sont des êtres multidimensionnels. Ils sont façonnés par leurs expériences, mais également par l’entourage impitoyable dans lequel ils évoluent.

Nour Al-Nabawi, déjà apprécié pour son talent, livre une excellente prestation marquée par l’intensité émotionnelle. Il incarne un personnage complexe qui, tout en apparaissant plus mature et plus réfléchi, reste tiraillé entre ses désirs personnels et la réalité brutale de son destin et de son environnement. Dans ce volet, il n’est plus simplement l’antihéros cherchant à se racheter, mais un homme qui semble incapable de sortir de son propre labyrinthe intérieur.

Wegz, dans le rôle de Hetta, continue à impressionner, bien au-delà de son image de rappeur. Il incarne un jeune homme perdu dans un monde qui lui échappe, mais qui lutte pour trouver sa place. Il parvient à assembler naturel et profondeur dans son jeu, apportant une énergie nouvelle au film, ce qui fait de son personnage l’un des plus prenants du métrage.

L’interprétation d’Ahmad Ghozzi — dans le rôle de Chechtaoui — permet au spectateur de ressentir la profondeur de ses dilemmes internes. Il oscille constamment entre l’espoir de trouver une issue et la certitude qu’il est irrémédiablement enfermé dans un cycle de violence et de malchance.

Quant à Nour Ihab, elle démontre une fois de plus son talent en incarnant une jeune fille oscillant entre fragilité et force intérieure. Elle apporte une touche émotionnelle forte à l’ensemble du film, réussissant à rendre son personnage touchant et humain.

Il faut le souligner, dans Al-Harrifa 2, il n’existe pas de héros purs ni de méchants absolus. Tous les protagonistes sont pris dans un tourbillon de contradictions et de luttes intérieures qui les rendent aussi humains que détestables. Chaque scène de confrontation entre eux, qu’elle soit verbale ou physique, est une bataille non seulement pour la survie, mais aussi pour l’affirmation de soi, une tentative désespérée de s’échapper d’un destin tracé à l’avance.

Direction artistique soignée

Karim Saad, qui a succédé à Raouf Al-Sayed, réalisateur du premier volet, maîtrise parfaitement la mise en scène. Il utilise des plans serrés et des mouvements de caméra subtils pour accentuer la tension. La lumière est un autre élément-clé de la narration visuelle. L’utilisation de tons sombres et contrastés dans les scènes importantes par le directeur de la photo, Mohamad Mokhtar, donne une atmosphère lourde et pesante, symbolisant les luttes intérieures des personnages.

Le montage, effectué par le réalisateur Karim Saad, est également un point fort du film, permettant de rythmer l’histoire tout en maintenant une tension constante. Le choix de la bande-son est également pertinent : une musique urbaine et parfois discordante accompagne l’histoire, contribuant à la tension et à la nervosité des personnages. Elle sert à souligner les moments de crise, tout en immergeant le spectateur dans une réalité brute, marquée par le bruit, la pollution et la violence.

Un immense succès populaire

L’énorme succès d’Al-Harrifa 2 au box-office témoigne de l’impact qu’a eu le film sur le public. Cette deuxième partie a réussi à captiver une audience encore plus large que le premier volet, grâce à des facteurs multiples. Tout d’abord, le casting, qui inclut des figures populaires tel Wegz, dont l’image de « rebelle musicalement » et de « voix des jeunes » résonne fortement dans ce contexte. Ce choix d’acteurs jeunes et talentueux a permis au film de toucher une génération friande de récits modernes et authentiques, tout en conservant l’intérêt des spectateurs plus âgés par sa gaieté narrative.

Toutefois, le succès de l’oeuvre peut également être attribué à sa promotion efficace, avec des campagnes sur les réseaux sociaux qui ont généré un grand buzz autour de sa sortie. Les discussions en ligne et le bouche-à-oreille ont joué un rôle essentiel dans l’engouement du public, contribuant à son succès tonnant.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique