L’année 2025, que de nombreuses institutions internationales avaient prédite comme marquant un sommet de la pénurie d’eau, débute sans amélioration notable de la situation.
Les chiffres restent alarmants : selon l’Organisation des Nations- Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 1,8 milliard de personnes se retrouveront cette année confrontées à une « pénurie absolue d’eau ». Par ailleurs, la moitié de la population mondiale, soit 4 milliards de personnes, souffrent de pénurie d’eau au moins un mois par an. Deux tiers de la population mondiale, soit environ 2,4 milliards de personnes, devraient être touchés par un « stress hydrique », défini comme une situation où plus de 25 % des ressources renouvelables en eau douce sont utilisées pour répondre aux besoins. Ces projections devraient considérablement augmenter dans les années à venir, selon les analystes.
Face à cette situation critique, un nombre croissant de pays devra adopter des approches innovantes pour gérer, conserver et sécuriser leurs ressources en eau, tout en oeuvrant en harmonie avec la nature.
Alerte rouge
Selon les données du World Resources Institute, 25 pays sont actuellement exposés chaque année à un stress hydrique très élevé, ce qui signifie qu’ils utilisent plus de 80 % de leurs réserves d’eau renouvelables pour l’irrigation, l’élevage, l’industrie et les besoins des ménages. Le Koweït, le Liban, le sultanat d’Oman et le Qatar sont considérés parmi les pays les plus exposés au stress hydrique. En Egypte, le ministre de l’Irrigation a déclaré en octobre dernier que la part d’eau par habitant était tombée à 500 m3 par an. Cette pénurie d’eau douce est due au faible approvisionnement en eau douce par rapport à l’ampleur des besoins, et 83 % de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en souffrent. Les prévisions indiquent qu’un milliard de personnes supplémentaires souffriront d’un stress hydrique très élevé d’ici 2050, selon le World Resources Institute.
La Banque mondiale estime que si les pratiques actuelles en matière d’eau se poursuivent, le monde sera confronté à un déficit de 40 % entre la demande en eau prévue et l’approvisionnement en eau disponible d’ici 2030. Dans le domaine de la gestion de l’eau, les spécialistes affirment que la meilleure solution consiste à réduire les pertes d’eau dans les systèmes agricoles, comme en investissant dans l’irrigation au goutte-à-goutte. « Les décideurs politiques des pays pauvres en eau doivent repenser radicalement leurs politiques de planification de l’eau en y ajoutant des sources d’eau non conventionnelles. Pour que cela se produise rapidement, il est urgent d’obtenir un soutien financier international et des données scientifiques pour guider la durabilité des différentes approches », recommande une étude récente du PNUE.
Moyen-Orient, une mosaïque de défis
En 2025, les facteurs aggravant la pénurie d’eau sont persistants et ne semblent pas près de disparaître. Au Moyen-Orient, malgré le rôle central joué par les voies navigables, la mauvaise gestion de l’eau est considérée comme l’une des causes les plus importantes de la crise de l’eau à laquelle est confrontée la région, qui a conduit à la détérioration des terres de la région et à l’épuisement de ses ressources.
Parmi les défis auxquels la région est confrontée figure également la hausse des températures. Une augmentation de 4°C des températures pourrait entraîner une diminution de 75 % de la disponibilité en eau douce dans la région, et certains pays pourraient même connaître une hausse de température de 5°C d’ici la fin du siècle.
En outre, les conflits transfrontaliers sont liés à la pénurie d’eau. Une étude récente indique que les pays les plus vulnérables au changement climatique sont également ceux touchés par des conflits. Des pays comme la Syrie, le Yémen, l’Iraq, le Liban et la Jordanie sont soit impliqués dans leurs propres conflits, soit touchés par la violence dans les pays voisins. Par conséquent, l’insécurité hydrique expose ces pays à davantage de dangers et pourrait les conduire à davantage de crises à l’extérieur de leurs frontières.
La pénurie d’eau liée au climat devrait également réduire le PIB des pays arabes jusqu’à 14 % d’ici 2050.
Si de nombreux défis pèsent sur la région, de nombreux observateurs s’accordent à dire que la crise de l’eau actuelle au Moyen-Orient trouve ses racines dans les pratiques agricoles intensives mises en place depuis les années 1950, associées à une croissance démographique rapide. Ces choix ont conduit à une surexploitation des ressources en eau.
La Cité industrielle agroalimentaire en progression
Outre l’expansion agricole, l’Etat prête une grande attention à l’industrie agroalimentaire. En décembre, le président de Silo Foods, le général de division Akram Abdel-Galil El-Hefnawy a annoncé le lancement de la troisième phase de la Cité industrielle alimentaire égyptienne. Ce projet, construit sur une superficie de 135 feddans et équipé de lignes de production européennes modernes, est un saut qualitatif dans le domaine des produits alimentaires. Il permet de minimiser les pertes de récoltes agricoles en fournissant une infrastructure intégrée pour transformer les matières premières agricoles en produits alimentaires. Cela englobe la production, l’emballage et la distribution, que ce soit sur le marché local ou pour l’exportation.
Ce secteur joue un rôle essentiel en garantissant la disponibilité de denrées alimentaires de qualité et à des prix abordables, ce qui permet d’assurer la sécurité alimentaire, en plus de la durabilité des approvisionnements alimentaires et de répondre aux besoins d’une population croissante.
Selon les experts, il est important de développer ce secteur en promouvant l’innovation et la technologie, en utilisant des techniques modernes pour augmenter la productivité et en améliorant la qualité des produits alimentaires, en soutenant les petites et moyennes entreprises, ainsi qu’en améliorant l’infrastructure et la logistique pour s’assurer que les produits alimentaires parviennent à toutes les régions.
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