« Alors que le monde brûle, nous devons redéfinir notre relation avec les personnes en situation de crise », a déclaré Tom Fletcher, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence, lors d’une conférence de presse tenue à Genève sur l’Aperçu de la situation humanitaire mondiale pour 2025, publié début décembre 2024 par le Bureau des Nations-Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Selon l’Aperçu, près de 305 millions de personnes dans le monde auront besoin d’une assistance humanitaire au cours de l’année à venir. Mais l’ONU a lancé un appel pour récolter seulement 47 milliards de dollars avec l’objectif de venir en aide à 190 millions de personnes dans le monde en 2025 dans 32 pays et neuf régions. La plupart d’entre eux sont des enfants, des femmes, des personnes en situation de handicap et d’autres vivant dans la pauvreté, qui paient le plus lourd tribut. En novembre 2024, seuls 43 % des 50 milliards de dollars requis pour cette année avaient été reçus. « Le manque de financement sera catastrophique pour toutes les personnes qui affrontent des problèmes comme les conflits armés, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques », a souligné Fletcher.
Les civils, premières victimes
Le rapport montre que l’année 2024 a été l’une des plus brutales de l’histoire récente pour les civils pris dans des conflits et si aucune mesure urgente n’est prise, l’année 2025 pourrait être encore pire. « Environ un enfant sur cinq dans le monde — approximativement 400 millions — vit dans des zones de conflit. Les femmes et les jeunes filles sont trop souvent les plus touchées, avec des soins de santé inadéquats et une épidémie de violence basée sur le genre », a indiqué Fletcher.
Le rapport note que la région de l’Afrique australe et orientale accueille le plus grand nombre de personnes dans le besoin (85 millions), la crise catastrophique au Soudan représentant 35 % des problèmes humanitaires de cette région. Viennent ensuite le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où 59 millions de personnes ont besoin d’assistance et de protection. Les violations graves commises à l’encontre des enfants ont atteint des niveaux sans précédent dans de nombreux conflits, le Soudan enregistrant à lui seul une augmentation de 480 % entre 2022 et 2024. Le nombre de cas de violence sexuelle liée à des conflits et vérifiés par les Nations-Unies a augmenté de 50 % en 2024 par rapport à l’année précédente.
L’insécurité alimentaire et le climat
La faim et l’insécurité alimentaire sont les principaux facteurs de la crise humanitaire. Selon le rapport, la crise mondiale de sécurité alimentaire est stupéfiante, affectant plus de 280 millions de personnes chaque jour, alors que la faim aiguë s’étend et s’intensifie. La violence et les déplacements de population entravent encore davantage la production alimentaire et bloquent l’accès à des marchés vitaux. En ce qui concerne le changement climatique qui réduit les capacités de production alimentaire, tant en termes de quantité que de qualité, le monde se rapproche dangereusement d’un réchauffement de 1,5° C. La crise climatique fait des ravages dans les systèmes alimentaires ; les sécheresses, ayant causé plus de 65 % des dommages économiques agricoles au cours des 15 dernières années, aggravent l’insécurité alimentaire, en particulier dans les régions qui dépendent de petites exploitations agricoles. Les conflits peuvent également contribuer directement au changement climatique, les chercheurs estimant que les émissions occasionnées par les 120 premiers jours du conflit à Gaza dépassent les émissions annuelles de 26 pays et territoires. 363 catastrophes météorologiques ont été enregistrées en 2024, affectant au moins 93,1 millions de personnes et causant des milliers de morts.
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