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L’Egypte et la problématique de l’accueil des réfugiés

Rim Darwich , Mercredi, 01 janvier 2025

9 millions de réfugiés se trouvent actuellement en Egypte. Un afflux massif lié à la conjoncture régionale et face auquel l’Etat a pris un certain nombre de mesures. La situation n’est pas près de changer en 2025.

L’Egypte et la problématique de l’accueil des réfugiés

« L’Egypte compte 9 millions de réfugiés qui lui coûtent 10 milliards de dollars par an ». C’est ce qu’a affirmé le premier ministre, Mostafa Madbouly, lors de son allocution devant le Forum Economique Mondial (FEM) organisé à Riyad en avril 2024. En effet, les conflits qui ont frappé les pays voisins de l’Egypte au cours des deux dernières années ont causé un afflux massif de déplacés. Et selon le vice-président de l’Association égyptienne des études des migrations, Khaled Hassan, il ne semble pas que la situation soit différente en 2025. « La guerre se poursuit au Soudan et il n’est pas prévu que les Syriens présents en Egypte rentrent chez eux avant que la situation ne se stabilise en Syrie ».

Or, l’accueil de ces 9 millions de réfugiés représente un lourd fardeau. Pointant le problème, l’expert en démographie et en migration Ayman Zohry explique que « l’afflux des réfugiés et des migrants a coïncidé avec la crise économique ». Et ce, alors que ces réfugiés bénéficient de nombreux avantages : « En Egypte, les réfugiés ont accès au système scolaire public pour les arabophones, alors que l’ouverture d’écoles suivant les ambassades est autorisée pour les autres nationalités. Les enfants des réfugiés sont gratuitement vaccinés tout comme les Egyptiens ; les étrangers ont également le droit de se rendre dans les hôpitaux publics », explique Zohry. « En Egypte, il n’y a même pas un seul camp de réfugiés, les étrangers vivent côte à côte avec les Egyptiens et partagent leur vie », rappelle de son côté Khaled Hassan.

En février 2024, le ministère égyptien de la Jeunesse et des Sports a également élaboré, en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR), un programme pour faciliter l’intégration sociale et professionnelle des jeunes réfugiés en Egypte, alignant sport, éducation et opportunités d’emploi.

Nouvelle loi

Côté législatif, la commission de la défense et de la sécurité nationale de la Chambre des représentants a approuvé, fin octobre, un projet de loi proposé par le gouvernement pour réglementer le statut des réfugiés. Le 17 décembre dernier, le président Abdel Fattah Al-Sissi a ratifié cette loi. La nouvelle loi met en place un « comité permanent pour les affaires des réfugiés », qui sera chargé de collecter des informations et des données statistiques sur la situation des réfugiés dans le pays, du suivi des questions liées aux réfugiés, ainsi que de leur apporter un soutien et une assistance nécessaire. Le comité aura un bureau dans chaque gouvernorat.

Quelques mois auparavant, Mostafa Madbouly avait recommandé de recenser le nombre des réfugiés et de documenter les coûts assumés par l’Etat pour leur fournir les services nécessaires. Aussi, le ministère de l’Intérieur avait appelé tous les étrangers résidant en Egypte à régulariser leur statut de résidence dans un délai précis, pour obtenir une carte d’identité magnétique permettant de faciliter la communication avec eux et de leur fournir les services nécessaires.

« L’Egypte ouvre grand ses portes aux étrangers, mais pour pouvoir poursuivre sa mission, la communauté internationale est appelée à lui accorder un soutien considérable à la lumière des circonstances régionales critiques actuelles », souligne Hassan. En 2022, l’Union européenne avait annoncé la fourniture à l’Egypte d’un soutien financier de 4,7 milliards d’euros pour venir en aide aux réfugiés et aux demandeurs d’asile les plus vulnérables. Un soutien nécessaire qui doit se poursuivre.

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